HISTOIRE DE LA CSF SOUS L'OCCUPATION, « l'enfance de Thales »

Requis de la SFR pour le travail obligatoire en Allemagne: un dénombrement 


(Création  11 novembre 2012)

 

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L'auteur

Le chapitre 14 du livre traite des requis de la Société française de radioélectricité (SFR) pour le travail forcé en Allemagne. La plupart d'entre eux séjournèrent à Zehlendorf près de Berlin et travaillèrent à l'usine Telefunken. Combien étaient-ils ? L'objet de cette page est de tenter un dénombrement à partir des sources dont nous disposons. 

Pour les requis de la SFR à Zehlendorf, voir aussi la page Bonus

Départs et Retours des requis
 
Quel était l'effectif SFR de Zehlendorf ? On retiendra un ordre de grandeur, « un peu plus de deux cents » qui doit correspondre à peu près à une réalité qui n'est pas simple à appréhender. Le dernier conseil d'administration de la SFR évoquant le personnel SFR requis encore en Allemagne, celui du 26 juillet 1945, fait état de 72 personnes. De qui s'agit-il ? De pauvres bougres errant sur les routes de Saxe ? de French Lovers fidèles à leurs maitresses allemandes ? Ou plus vraisemblablement le résultat d'une soustraction douteuse entre le nombre de présumés requis et le nombre de ceux qui, de retour, ont bien voulu se signaler du service du personnel. Si on met ce chiffre de 72 en regard du nombre maximum de requis trouvé dans les documents de la SFR1, on retiendra ±20% comme incertitude typique des dénombrements de travailleurs requis.

Les sources SFR sont d'ailleurs contradictoires entre elles: En mars 1944, dans une note de la SFR au préfet régional d'Angers, il est question de 259 requis (110 pour Levallois et 149 pour Cholet), chiffre actuel qui ne comprend pas les 20 « réformés » qui sont partis mais qui sont officiellement rentrés. Par contre, les procès-verbaux des conseils de septembre 1943 et d'avril 1944 mentionnent les chiffres respectifs de 335 et 324. Même en supposant que les quelque 40 requis de l'usine de Lyon aient été oubliés dans la note au préfet, on se trouve en présence de données discordantes. Le fat même que ces procès-verbaux de conseils soient muets sur la question entre octobre 1943 et mars 1944, alors que les statistiques avaient été régulièrement fournies depuis septembre 1942, suggère que le secrétaire du CA de la SFR avait de bonnes raisons de ne pas figer dans un registre des chiffres sensibles.

Ces réserves étant formulées sur l'exactitude des chiffres du STO, nous pouvons maintenant considérer la série de chiffres consignés dans le registre du CA de la SFR.

graphique requis STO

Première observation: la brutalité des départs, dés la promulgation de la loi. Lorsque pour la première fois, en novembre 1943, la SFR fait le décompte des requis, on arrive déjà à 60% du maximum. Cette brutalité initiale est confirmée par ce que l'on sait de Cholet où le commissaire de police écrivait le 16 octobre 1942 dans son rapport au sous-préfet:

« A la société Radio-Électrique, où 120 départs sont prévus, les pourparlers pour la désignation des ouvriers sont actuellement en cours. Un certain nombre de femmes doit être désigné, et le départ doit avoir lieu, le samedi 24 octobre 1942. »2

Ces 120 départs du mois d'octobre 1942 représentent déjà l'essentiel des 149 qui seront mentionnés en mars 1944. Finalement, combien de femmes parmi les 120 départs de Cholet ? la seule indication à ce sujet est fournie par l'envoi consécutif aux bombardements de février 1944, six, le nombre de « sous-vêtements complets pour femmes » est sans doute le nombre total de femmes SFR. Je n'ai trouvé aucune information sur leurs conditions d'hébergement.

Les chiffres portés sur le graphique jusqu'en mai 1943 sont sans doute proches du nombre de départs théoriques, sans préjuger du taux de défection, c'est-à-dire des requis présumés partis, mais sortis du système pour une raison ou une autre. Le plateau observé après mai 1943 correspond à un arrêt, au moins momentané des départs. Ensuite, entre juin 1943 et juin 1944, il faut admettre que les chiffres enregistrés ne rendent pas forcément compte d'une réalité dominée par les défections des permissionnaires et les rafles sauvages opérées plus ou moins en représailles de ces défections.

Sur la partie gauche du graphique, deux marches d'escalier sont visibles, celle de la fin 1944 qui correspond à la sortie de la semi-clandestinité où se confinés les réfractaires celle de mai-juin 1945 qui correspond à un vrai retour des requis.

Notes de bas de page

1 Conseil d'administration de mai 1944 XXX

2 Note du commissaire de police au sous-préfet, 16/10/42 (AD49, 95W13)


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