Collection de "La Vie du Parti" (1941-1942)

(dernière mise à jour novembre 2010)

"La Vie du Parti" est le bulletin d'information interne du Parti, destiné aux cadres. Il donne une excellente idée de la ligne politique du Parti, telle qu'elle était communiquée aux militants. Pendant la guerre, il est essentiellement rédigé par Jacques Duclos. En 1997, J'avais retrouvé le numéro de daté Mai 1941 en microfilm à la BDIC de Nanterre et l'avais alors saisi pour mettre en annexe de mon bouquin. Plus récemment, lors de mes recherches sur l'histoire de la CSF sous l'occupation, j'ai retrouvé d'autres numéros aux archives nationales, ce qui en fait une collection à peu près complète pour la période 1941-1942. 

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La vie du Parti Autres textes d'archives

"La Vie du Parti" n°2, Fev 1941 (pdf 3.9 Mo)

"La vie du parti n°3, Mai 41" (html, sur cette page)

"La Vie du Parti" n°3, mai 1941 (pdf  147 Ko)

"La Vie du Parti" n°4, fin 1941 (pdf 4 Mo)

"La Vie du Parti" juillet 1942 (pdf 2.75 Mo)

"La Vie du Parti" août 1942 (pdf 3.13 Mo)

"La Vie du Parti" octobre 1942 (pdf 4.25 Mo)

"La Vie du Parti" novembre 1942 (pdf 2.4 Mo)

L'Appel du 10 Juillet 1940

"histoire du Parti communiste français, manuel" (1964)


1. Note préliminaire à la vie du parti de Mai 1941 (EdC)
Le numéro 3 de l'année 1941 a été rédigé entre le 1er Mai 1941 et le 22 Juin 1941. C'est un fascicule de 32 pages, d'une bonne facture typographique qui contient 4 articles:

 

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2. Extraits de "La Vie du Parti", Mai 41, n°3, 2eme trimestre

 SOMMAIRE

I LA SITUATION POLITIQUE

II METTONS EN ECHEC LES PLANS REPRESSIFS DE L'ENNEMI . ASSURONS L'INVULNERABILITE DU PARTI

        Il faut en finir avec le crétinisme légaliste

        Le "crétinisme légaliste" et l'organisation

        Il faut cloisonner hermétiquement l'organisation du Parti

        Comment doit être organisée une section du Parti

        L'organisation du Parti à l'usine.

        Le choix des cadres

        La lutte contre la répression capitaliste

        Contre les plans bourgeois de démoralisation des prisonniers politiques.

III UNE LETTRE DU COMITE CENTRAL DU PARTI AUX PRISONNIERS POLITIQUES

IV LE TRAVAIL DANS LES SYNDICATS

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La situation politique

                La deuxième guerre impérialiste est devenue une guerre mondiale, et, comme le soulignait dans son discours du 1er Mai le camarade Timochenko, maréchal de l'Union Soviétique et commissaire du peuple à la défense, un milliard et demi d'hommes supportent les lourdes conséquences de la lutte que poursuivent les impérialistes rivaux pour procéder à un nouveau partage du monde.

                Aucun des camps impérialistes ne peut donner aux évènements qui secouent le monde une issue correspondant aux intérêts des masses populaires et de la paix. Ce qu'offrent à l'humanité les impérialistes germano-italiens et les impérialistes anglo-américains, c'est la sombre perspective de l'extension et de l'aggravation de la guerre impérialiste avec son terrible cortège de ruines et de deuils.

                Les masses laborieuses sentent cela et elles commencent à manifester leur colère contre les fauteurs et les profiteurs de guerre. Aussi bien en Angleterre qu'aux États-Unis, les ouvriers luttent pour revendiquer des augmentations de salaires et des couches de plus en plus larges de la population de ces deux pays se dressent contre la guerre impérialiste.

                En Europe, les peuples opprimés sont pleins d'une sourde colère contre leurs oppresseurs, et la Yougoslavie et la Grèce vaincues dans une juste guerre défensive contre leurs agresseurs sont venues accroître la liste des nations martyres qui toutes aspirent à la libération et maudissent les nazis, maîtres provisoires de l'Europe pour le compte des ploutocrates allemands.

                La preuve est faite d'ailleurs, que malgré l'occupation, la lutte des masses laborieuses est possible et peut donner de bons résultats. En France, dans le Nord et le Pas-de-Calais, la présence des occupants n'a pu empêcher des mouvements revendicatifs de mineurs, des manifestations de femmes qui ont contraint les capitalistes de la mine à mieux traiter leurs exploités.

                Malgré la présence sur le sol français des protecteurs de Pétain, Darlan et de Brinon, 3.000 femmes d'une usine de la banlieue de Paris ont fait grève et l'on pourrait citer bien d'autres mouvements revendicatifs qui sont autant de signes annonciateurs de plus grands batailles revendicatives des masses ouvrières.

                Et ce n'est pas seulement en France, que les populations opprimées relèvent la tête contre ceux qui remplissent le rôle de gendarmes de l'Europe et contre les traîtres dont ils se servent dans chaque pays. En Hollande, il y a eu la grève générale d'Amsterdam dont la presse vendue n'a rien dit; en Belgique, il y a eu la grève de 10.000 mineurs du Borinage et des manifestations contre les rexistes du traître Degrelle à Bruxelles et dans le Borinage.

                Les peuples en ont assez de crever de faim au nom du "nouvel ordre européen"; ils en ont assez de l'oppression nationale qu'on leur fait subir de même que dans les colonies les peuples en ont assez de l'esclavage colonial qui leur est imposé. Les peuples ne veulent plus de la guerre impérialiste, pas plus qu'ils ne veulent d'une paix impérialiste qui ferait d'eux de véritables esclaves; ce qu'ils veulent, c'est une paix populaire qui n'assujettirait aucun peuple, qui assurerait à chaque pays sa liberté et son indépendance nationales et qui créeraient les conditions d'une collaboration fraternelle entre les peuples.

                Au surplus, les peuples de tous les pays voient que l'U.R.S.S. de Lénine et de Staline poursuit sa politique indépendante de paix correspondant aux intérêts des peuples de l'Union Soviétique et des peuples de tous les pays. L'U.R.S.S. a servi la cause de la paix et elle a montré combien sa puissance sans cesse grandissante inspire de prudence et de respect en signant le pacte de non-agression et d'amitié soviéto-nippon le 13 avril dernier.

                L'U.R.S.S. a servi la cause de la paix dans des régions extrême-orientales où s'affrontent par ailleurs les impérialistes nippons et leurs congénères anglo-saxons, cependant que le peuple chinois poursuit sa guerre de libération nationale.

                C'est parce que notre Parti est le Parti de l'amitié avec l'U.R.S.S., parce qu'il est le Parti de la liberté et de l'indépendance de la France, parce qu'il est le Parti des intérêts quotidiens des masses laborieuses de France que sa propagande et ses mots d'ordre vont droit au cœur du peuple de notre pays. 

                C'est par peur des masses ouvrières que les gouvernants vichyssois ont fait du 1er mai une fête chômée en interdisant les manifestations ouvrières, en empêchant les prolétaires de dire leurs sentiments, en organisant les grotesques bavardages de quelques ministres de service méprisés par le peuple et en amenant Pétain, de plus en plus gâteux, à bafouiller quelques sottises à Commentry.

                Les travailleurs français sont profondément mécontents et leur mécontentement est partagé par les paysans, ce qui crée des conditions exceptionnellement favorables à la réalisation de l'alliance de combat des masses ouvrières et paysannes.

                A nous donc, communistes, de lutter pour la défense des intérêts quotidiens des masses ouvrières et paysannes, à nous de lutter contre les affameurs du peuple en exigeant que la France achète du blé à l'U.R.S.S. pour sauver notre pays de la famine. 

                A nous de lutter pour préparer le revanche du peuple sur les malfaiteurs que sont les hommes des trusts vendus aux impérialistes allemands. Le journal vendu "Les Nouveaux Temps" sent monter la vague de colère des masses populaires, et c'est pourquoi il faisait dans son numéro du 1er Mai d'intéressants aveux:

                "Sans un règlement profond et urgent de la question sociale, la France peut se trouver un jour devant des mouvements autrement décisifs que ceux de 1936. L'ardeur et la résonance de la propagande communiste doivent être pour nous le plus sûr des avertissements"

             poursuivons notre lutte et disons-nous bien que tout ce que nous ferons dans l'intérêt du peuple aura des répercussions inévitables parmi les travailleurs des pays belligérants où rien ne peut empêcher que s'aggravent les contradictions de classe qui, avec le développement de toutes les autres contradictions accumulées par les impérialistes feront sauter le vieux monde capitaliste de barbarie, de misère et d'oppression.

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Mettons en échec les plans répressifs de l'ennemi

Assurons l'inviolabilité du Parti

 

                Au fur et à mesure que la guerre impérialiste se prolonge et s'amplifie, en même temps que s'aggravent partout les contradictions de classe et la sourde colère des masses populaires contre l'oppression nationale et contre l'esclavage colonial, la peur du communisme devient de plus en plus grande chez les ploutocrates des divers pays capitalistes.

                En 1848, les fondateurs du socialisme scientifique Karl Marx  et Friedrich Engels écrivaient en tête de l'immortel manifeste du Parti communiste; "Un spectre hante l'Europe, le spectre du communisme" et aujourd'hui, en 1941, c'est ce même spectre qui hante les cervelles de Pétain et de Hitler , de Churchill  et de Roosevelt , de Mussolini  et autres représentants du communisme international.

                C'est qu'en effet, de plus en plus, les travailleurs sentent qu'il faut en finir avec le vieil ordre social capitaliste générateur d'oppression, de misère et de guerre et les gouvernants capitalistes opposent partout leur répression bestiale à la volonté d'émancipation et de libération des peuples. Le secrétaire général du Parti communiste allemand, notre cher camarade Ernst Thaëlmann , est emprisonné à Berlin sans le moindre jugement depuis 8 ans; le secrétaire du Parti communiste américain, Earl Browder  est emprisonné pour 4 ans par Roosevelt ; en France, fait sans précédent dans l'histoire, une quarantaine de députés communistes honnêtes et courageux, restés fidèles à la cause du peuple sont emprisonnés depuis un an et demi et ils sont actuellement déportés en Afrique où leur vie est menacée, cependant que certains d'entre eux sont contraints à la vie illégale depuis octobre 1939. Au surplus, avec ces députés communistes dont la fière attitude est connue des travailleurs du monde entier, plus de 100.000 travailleurs français peuplent les camps de concentration, les prisons et les bagnes de France et d'Afrique.

                Les capitalistes ont peur du Parti communiste parce qu'il est aujourd'hui dans chaque pays le grand espoir libérateur des masses opprimées et exploitées. Les classes possédantes savent que partout grandit l'amitié entre les peuples à l'égard du pays du socialisme, à l'égard de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques dont la force s'accroît sans cesse, tandis que s'usent et s'affaiblissent les impérialismes aux prises.

                La guerre s'est étendue aux Balkans. Deux peuples, ceux de Yougoslavie et de Grèce ont été contraints à mener une guerre juste défensive contre les envahisseurs de leur pays, et là-bas, en Extrême-Orient le peuple chinois poursuit sa guerre de libération nationale.

                Les peuples de tous les pays capitalistes veulent la paix, ils en ont assez des ruines et de la misère que leur imposent les brigands impérialistes. Ils tournent de plus en plus leurs regards vers les communistes qui défendent partout le pain, la liberté et la paix et vers l'U.R.S.S., patrie du socialisme, espoir des travailleurs du monde entier.

                Partout grandit le prestige des communistes; partout grandit le prestige de l'U.R.S.S. qui poursuit sa politique indépendante de paix, reste en-dehors de la bataille de gangsters que se livrent les impérialismes rivaux et soutient les peuples qui luttent pour leur indépendance. Le grand pays du socialisme qui a été insulté, traîné dans la boue par les réactionnaires de tout acabit et par les traîtres de la IIeme Internationale donne au monde entier le magnifique exemple de grandioses victoires socialistes et au moment même où dans les pays capitalistes la misère et la famine règnent, l'U.R.S.S. connaît le bien-être et l'abondance.

                La Révolution socialiste d'Octobre 1917 donne des résultats qui montrent à tous les hommes le chemin de la délivrance, le chemin du bonheur et c'est pourquoi la réaction capitaliste essaye, pour durer, de se draper des oripeaux d'un socialisme de contrebande en même temps qu'elle parle de "révolution".

                Mais les nazis qui essayent de jouer aux "socialistes" ne peuvent faire oublier à personne qu'ils sont des agents des ploutocrates allemands et les exécutants d'une politique rétrograde d'exploitation et d'asservissement des masses laborieuses. Quant aux gouvernants de Vichy, ils ont beau parler de "révolution nationale", chacun sait qu'ils sont des traîtres au service de l'étranger et de vulgaires laquais des puissances d'argent.

                Non, les travailleurs français ne croient ni au "socialisme" de M.Krupp von Bohlen ni à celui de ses commis du gouvernement allemand pas plus qu'il ne croient au "révolutionnarisme national" de M.Schneider, du Creusot, ni a celui de ses commis de Vichy.

                Les gouvernants de Vichy et leurs protecteurs allemands qui répètent avec solennité les pires âneries dans l'espoir de tromper les masses savent qu'il leur faut renoncer à combattre victorieusement les communistes dans le domaine des idées et des faits, sur le plan de la doctrine, et alors, devant cette constatation d'impuissance, il ne reste aux représentants de la barbarie moderne qu'un moyen de combattre le communisme: une répression féroce ayant pour objet la destruction physique du Parti communiste afin de priver les masses populaires du guide éclairé qui leur est indispensable pour se libérer.

                Voilà pourquoi, la police française et la Gestapo, agissant de concert, poursuivent une double tâche:

1°imprudences, de tous les bavardages et de tous les défauts d'organisation pour porter des coups à notre Parti, provoquer des arrestations de militants et détruire nos organisations.

2°L'organisation méthodique de la démoralisation et de l'assassinat des dizaines de milliers de militants communistes et de travailleurs qui sont dans les prisons, les camps de concentration et les bagnes.

Le Parti doit voir très nettement ce que recherche l'ennemi de classe et prendre les mesures qui s'imposent pour faire échec aux plans répressifs de la bourgeoisie.

Il faut en finir avec le "crétinisme légaliste"

                Notre parti travaille dans les conditions de l'illégalité. La bourgeoisie n'hésitant pas un instant à violer sa propre légalité fait arrêter par la police, sans l'ombre du moindre prétexte, des personnes soupçonnées de pouvoir être communistes. Cela, chaque communiste le sait et il est donc clair qu'un militant quelque peu connu avant guerre ne peut songer à participer au travail illégal du Parti sans prendre d'indispensables mesures de précaution. La première des choses à faire est de ne plus aller sous aucun prétexte à son domicile connu de la police et sûrement surveillé.

                C'est là une précaution élémentaire que chacun devrait comprendre sans beaucoup d'explications, et pourtant, il n'en n'est rien. Il y a des camarades qui se croient encore dans la période légale d'avant-guerre et qui font preuve de ce que l'on peut appeler un "crétinisme légaliste".

                On a pu voir des militants à qui l'on demandait s'ils avaient bien quitté leur domicile, s'ils prenaient leurs précautions, répondre avec une naïveté désarmante: "Je ne couche pas chez moi, je n'y vais qu'à midi pour déjeuner". Notre Parti a payé de l'arrestation de plusieurs de ses cadres de telles méthodes qui sont empreintes d'un opportunisme intolérable et doivent être condamnées de la façon la plus nette.

                Etre un bon communiste dans les circonstances actuelles, c'est avant tout appliquer scrupuleusement les règles du travail illégal; c'est comprendre que chaque défaillance en ce domaine constitue un danger pour le Parti et un véritable crime contre la classe ouvrière..

                C'est pourquoi, nous voulons rappeler aux membres du Parti des règles fondamentales qu'on ne doit laisser transgresser en aucune manière par qui que ce soit.

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Le "crétinisme légaliste" et l'organisation

                La sous-estimation de la répression capitaliste, le "crétinisme légaliste" dont certains camarades font preuve dans le domaine de l'organisation constituent un péril pour le Parti. L'intérêt de la classe ouvrière, l'intérêt de notre pays que nous voulons libérer de l'exploitation capitaliste, de la misère, de la famine et de l'oppression nationale, l'intérêt du Parti exigent que tous les responsables, quels qu'ils soient, qui se livrent à des bavardages, font preuve de légèreté et d'esprit d'irresponsabilité soient implacablement éliminés de leurs responsabilités.

                "L'ennemi de classe" est aux aguets, il dispose de moyens formidables, et il y a des camarades qui, sans tenir compte de cette réalité, se comportent d'une façon scandaleuse.

                Là, ce sont des militants ayant été un peu connus avant-guerre qui au lieu de conserver l'incognito le plus strict auprès des personnes avec lesquelles ils sont en contact, se font connaître agissant ainsi comme des petits-bourgeois prétentieux et irresponsables.

                Là ce sont des militants qui stupidement établissent des listes de militants susceptibles de tomber entre les mains de la police, alors que l'établissement de listes de ce genre est rigoureusement interdit par le Parti et doit être considéré comme une provocation.

                Ailleurs ce sont d'anciens exclus du Parti qu'on utilise pour de toutes petites tâches et puis on découvre que ces éléments sont "dévoués", on élargit le champ des prétendus services rendus par ces individus à qui on permet de se mettre au courant de beaucoup de choses jusqu'au jour où ces militants livrent tout à la police. Une telle naïveté n'est-elle pas criminelle ?

                Ailleurs encore, ce sont des responsables qui avec une légèreté indigne de communistes confient des tâches importantes à des membres du Parti qui ont mal travaillé et nui à la sécurité du Parti.

                Ce sont des domiciles illégaux de camarades que connaissent un tas de personnes.

                Ce sont des liaisons nombreuses effectuées par la même personne sans aucune coupure, ce qui met en danger tout le système de liaison.

                Ce sont des renégats qui peuvent livrer à la police, s'ils sont arrêtés toute une série de noms qu'ils n'auraient pas du connaître.

                Ce sont des responsables qui avec une légèreté incroyable  organisent des réunions d'une dizaine de militants.

                Ce sont des filatures, des surveillances policières qu'on néglige, faisant preuve ainsi d'une quiétude criminelle, au lieu de combattre l'ennemi avec vigilance, au lieu de tout changer dés qu'on s'est aperçus de la surveillance policière qui ne peut pas ne pas être rapidement observée si chaque militant a sans cesse l'esprit en éveil. On a pu voir des responsables qui avec une cécité incroyable ont laissé la police préparer un grand coup pendant des semaines sans s'apercevoir de quoi que ce soit.

                Ce sont aussi dans de trop nombreux cas des militants qui, oubliant que la police traque notre Parti, vont chez les uns, chez les autres comme si nous étions en période légale et qui un beau jour sont tous pris bêtement sans avoir rendu le moindre service à la classe ouvrière.

                Ce sont des bavards qui par vanité petite-bourgeoise disent ou laissent entendre qu'ils font un travail important sans penser que cela peut aider l'ennemi.

                Et puis, c'est aussi le libéralisme pourri à l'égard des lâches, des traîtres, la tendance à plaindre ou à excuser ceux qui, tombés entre les mains de la police, ont livré leurs camarades alors qu'ils doivent être dénoncés comme traîtres dans leur localité. Cela fera réfléchir ceux qui seraient tentés de les imiter.

                De tout cela se dégage pour notre parti des règles sévères:

                1° Tout membre du Parti qui, soit par négligence, soit par ses bavardages, soit en livrant ce qu'il sait à la police s'il est arrêté aura permis à l'ennemi de classe de découvrir ne serait-ce qu'une petite partie de l'organisation fera l'objet d'une enquête minutieuse et ses agissements nuisibles au Parti seront dénoncés publiquement devant les masses laborieuses.

                2° Tout membre du Parti qui essaiera d'apprendre quoi que ce soit de l'organisation du Parti en-dehors de ce qu'il sait de son propre travail et de sa propre organisation doit être considéré comme suspect et son cas doit être soumis à l'organisme supérieur en vue des mesures et sanctions à prendre.

                3° Toute tentative pour un groupe de base de trois membres d'entrer en contact avec un groupe similaire sera considérée comme suspecte et des sanctions en conséquence seront prises. Les liaisons entre organisations d'un même échelon sont absolument interdites. (Les groupes de base de trois ne doivent pas se connaître entre eux, les cellules ne doivent pas se connaître entre elles; il ne doit pas y avoir de liaisons horizontales).

                4° Aucune réunion de plus de trois camarades ne doit être tenue. Les groupes de trois constituent la base d'organisation de la cellule du Parti et toute tentative de constituer des groupes de plus de trois membres doit être considérée comme une violation de la discipline du Parti.

 

                Sur la base de ces règles d'action correspondant aux exigences de notre travail illégal une lutte implacable doit être menée contre le laisser-aller, le laisser-faire, contre l'esprit de "copinerie", contre le libéralisme pourri à l'égard de ceux qui transgressent les directives du Parti.

                Et c'est dans la mesure où ils seront capables d'appliquer, dans les conditions actuelles, la politique du Parti avec esprit de responsabilité, avec fermeté, avec dévouement et esprit de sacrifice, faisant en toutes circonstances passer le Parti avant tout, que les camarades doivent être appelés aux fonctions responsables.

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Il faut cloisonner hermétiquement l'organisation du Parti

 

[En une quinzaine de lignes, l'auteur de l'article développe la comparaison entre le compartimentage étanche d'un navire de guerre et le cloisonnement nécessaire au sein du parti]

                L'objection souvent formulée pour différer cette décentralisation si nécessaire est le "manque de cadres". Cette objection ne tient pas, au contraire la décentralisation en multipliant les groupes de trois permettra de faire accéder à des responsabilités des dizaines, des centaines de militants qui à la tête d'un groupe de trois feront leurs premières armes de dirigeants politiques.

 

Comment doit être organisée une section du Parti

                Afin de mieux faire comprendre à tous nos membres comment doit être organisé le Parti, nous allons prendre l'exemple d'une section, la section de ...

                A la tête de la section, il y a trois camarades ayant été désignés par l'échelon supérieur.

                La localité est divisée en quatre quartiers.

                A la tête de chaque quartier, il y a une direction de trois camarades désignés et contrôlés par la direction de la section (après vérification).

                Dans chacun des trois premiers quartiers, il y a trois cellules locales et dans le quatrième il n'y en a que deux pour le moment. Il y a en outre deux organisations du Parti dans deux importantes usines de la localité.

                Voyons comment fonctionne cette section. A la direction de la section, la répartition du travail est ainsi établie:

                1° Le responsable politique chargé de l'application de la ligne du Parti par les organisations et la presse du parti. En outre, il s'occupe des questions de la Jeunesse, des Femmes et de la lutte contre la répression capitaliste.

                2° Le responsable de l'organisation chargé de l'organisation du Parti sur la base de l'entreprise et sur la base locale. Il a la charge de l'organisation matérielle de la propagande (impression et diffusion) et s'occupe aussi des divers mouvements de masse: Paysans, classes moyennes, vieux travailleurs, comités populaires locaux.

                3° Le responsable du travail syndical chargé du travail des communistes dans les syndicats, des comités populaires d'entreprises et des chômeurs.

 

                Dans cette direction, comme dans toutes les directions du Parti à tous les échelons, les décisions doivent être prises collectivement, les tâches pour chacun des membres de la direction doivent être fixées et les responsabilités doivent être personnelles.

                La direction de l'organisation du quartier est constituée d'après les mêmes principes de répartition du travail. A la tête de chaque cellule, il y a également une direction de trois camarades et trois groupes de base de trois, soit en tout douze camarades.

                Du fait de cette organisation compartimentée, la direction de la section connaît et est en liaison avec quatre directions de quartier et deux directions d'organisations d'entreprises.

                La direction de quartier, ignorant tout de l'organisation dans les autres quartiers est en liaison avec d'une part, la direction de la section, et d'autre part avec les trois cellules du quartier.

                La direction d'une cellule est en liaison avec la direction du quartier et avec les trois groupes de trois qui la composent.

                Quant au groupe de base de trois, il a à sa tête un responsable qui, seul, est en relation avec la direction de la cellule, ce qui fait que dans le groupe de trois, deux camarades ne connaissent personne en dehors de leur groupe et le responsable connaît un dirigeant de la cellule car les trois dirigeants de la cellule établissent chacun la liaison avec un groupe de base et toujours le même.

                Sur la base des organisations existantes, le territoire de la localité est partagé; la direction du quartier a assigné à chaque cellule le groupe de rues qui constituent son ressort territorial et chaque groupe de trois a aussi un secteur déterminé à travailler, soit un bloc de maisons, soit une ou plusieurs rues...

 

[Quelques paragraphes illustrent les actions possibles des groupes de trois: Obtention de la part de la mairie de secours pour la femme d'un prisonnier de guerre...]

                Ceci nous amène à souligner combien il est indispensable que chaque groupe de base du Parti, c'est-à-dire, chaque groupe de trois puisse polycopier des textes et faire pénétrer notre propagande partout, non seulement en diffusant le matériel de propagande central, régional ou local, mais en intervenant directement dans son petit coin sur le plan des questions qui préoccupent la population (ravitaillement, injustices, passe-droit, etc...) au moyen de tracts, inscriptions, etc... etc...

                Avec des dizaines de milliers de groupes de trois agissant à travers tout le pays, rien ne pourra empêcher l'établissement de contacts étroits entre notre Parti et le peuple de France. D'ailleurs, plus il y a de groupes de trois et plus petite est pour chacun d'eux la portion de territoire à travailler.

                Au surplus, dans un groupe de trois, les camarades se connaissent, le travail de chacun d'eux est facilement et immédiatement contrôlable. Si par exemple, le groupe de trois a décidé de faire des inscriptions tel jour on sait tout de suite si chaque camarade a rempli sa tâche, et pour si peu que l'esprit de vigilance règne dans le groupe, il est impossible à un provocateur de faire sa besogne criminelle sans se faire rapidement repérer, après quoi des mesures appropriées peuvent très rapidement chasser cet ennemi et le mettre hors d'état de nuire. C'est donc dans cette ambiance de confiance mutuelle que peuvent travailler les groupes de trois et ce résultat serait plus difficilement obtenu dans un groupe large où le contrôle de l'activité de chacun des membres serait beaucoup moins commode à effectuer.

 

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L'organisation du Parti à l'usine

 

[Quelques paragraphes développent pour l'usine un schéma d'organisation  par groupes de trois tout à fait semblable à ce qui a été préconisé pour les quartiers]

                Ainsi, pour récapituler les effectifs et les cadres de cette section, nous trouvons:

                Sur le plan local:

Dirigeants de la section, 3;

Dirigeants de quartiers, 12, soit 4 directions de 3 membres.

Dirigeants de cellules, 33, soit 11 directions de 3 membres.

Membres d'un groupe de base, 99, soit 33 gr. De base de 3 membres.

 

Sur le plan de l'usine:

Dirigeants d'usine, 3;

Dirigeants de cellules, 6, soit 3 directions de 3 membres.

Membres de groupes de base, 17, soit 5 groupes de base de 3 membres et 3 groupes de 2;

 

 

Deuxième usine:

Dirigeants de cellule, 3;

Membres de groupes de base, 9, soit 3 groupes de base de 3 membres.

 

                Soit au total:

125

42

12

3

3

membres de groupes de base;

dirigeants de cellules.

dirigeants de quartier.

dirigeants d'usine;

dirigeants de section

185

 

                On remarquera que cette organisation du Parti, fortement décentralisée, en même temps que soumise à une direction unique transmettant les directives du comité central, exige un grand nombre de cadres et c'est pourquoi dans les circonstances actuelles le travail de formation des cadres doit être au premier plan des préoccupation du Parti. Nous pouvons et nous devons former des milliers de cadres capables de diriger le mouvement ouvrier aux différents échelons.

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Le choix et le contrôle des cadres

                Nous avons indiqué plus haut que les cadres doivent être désignés par les échelons supérieurs, après une vérification minutieuse et certains camarades se demandent ce que devient le principe de l'électivité inscrit dans les statuts de notre Parti.

                Il est à peine besoin d'indiquer qu'un Parti vivant et travaillant dans l'illégalité ne peut agir comme il le faisait dans la période légale et à ce sujet, il est bon de rappeler comment sur ces questions Lénine  combattait les mencheviks.

                Lénine  écrivait: "Pourquoi poser le principe de la large démocratie quand la condition essentielle de ce principe est inexécutable pour une organisation clandestine? Ce principe, en l'occurrence, n'est pas plus qu'une phrase sonore, mais vide qui atteste une inintelligence complète de nos tâches immédiates en matière d'organisation... Et voilà que des gens qui se vantent d'avoir le sens des réalités viennent nous prêcher non pas la nécessité d'un secret rigoureux et d'une sélection sévère (partant restreinte) des membres, mais le principe de la large démocratie. Extraordinaire aberration!"

                Et Lénine  d'ajouter "Le seul principe d'organisation pour les militants de notre mouvement doit être: secret rigoureux, triage minutieux des membres, préparation de révolutionnaires professionnels. Avec ces qualités, nous aurons quelque chose de plus que la démocratie: Une confiance fraternelle complète entre révolutionnaires... Et ce serait une erreur considérable de croire que l'impossibilité d'un contrôle vraiment démocratique rend les membres de l'organisation révolutionnaire incontrôlables."

                C'est en tenant compte de ces principes que doivent être choisis et contrôlés les cadres du Parti. Seuls doivent être placés aux postes responsables des militants fermes, éprouvés, dévoués à la cause du communisme, ayant une confiance absolue dans la politique du communisme, ayant une confiance absolue dans la politique du Parti et de l'I.C., dans la politique indépendante de paix de l'U.R.S.S.

                Et il doit être entendu qu'il ne suffit pas d'avoir rendu des services au Parti dans la période légale pour être jugé digne de remplir actuellement telle ou telle fonction dans le Parti. L'action illégale exige des qualités: de la force de caractère, de la prudence, du courage, de la fermeté politique, un esprit révolutionnaire. C'est de tout cela qu'il faut tenir compte dans le choix des militants pour les postes responsables, et à tous les échelons, il faut suivre les militants, veiller à leur développement; chaque direction de chaque cellule doit savoir quels sont les meilleurs dirigeants de groupes de trois susceptibles de "monter"; chaque direction de quartier ou groupe de cellules doit savoir quels sont les meilleurs dirigeants de cellules et ainsi de suite de façon à créer une réserve de cadres dont le Parti a besoin pour ses tâches d'aujourd'hui et ses tâches de demain.

                Et afin de voir comment s'effectue le choix des cadres, la direction de l'échelon supérieur doit savoir sur quelles bases une direction inférieure propose tel ou tel militant pour tel ou tel poste, car seuls le mérite, les capacités et le dévouement au Parti doivent jouer, à l'exclusion de tout esprit de "copinerie".

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La lutte contre la répression capitaliste

                Nous ne reviendrons pas sur les directives d'action revendicative contenues dans le précédent numéro de "La Vie du Parti", directives qui sont toujours valables et dont les organisations du Parti doivent tenir scrupuleusement compte.

                Après avoir indiqué ce qu'il convient de faire pour assurer la sécurité du Parti et contrecarrer les plans de provocation policière de la bourgeoisie, nous voulons attirer l'attention des membres du Parti sur l'action à mener pour combattre la répression capitaliste.

                Le Parti a dans ses mots d'ordre lancés pour le Premier Mai, souligné que la lutte contre la répression pour les communistes français et pour ceux de tous les pays doit se concentrer sur les noms de Thaëlmann, secrétaire général du Parti communiste allemand, de Browder, secrétaire général du Parti communiste des États-Unis, et des députés communistes français ainsi que des 100.000 militants et travailleurs emprisonnés, internés et déportés par la clique de Vichy et la Gestapo.

                Partout, il faut redoubler d'ardeur pour dresser les larges masses populaires contre la répression. Dans chaque circonscription, des députés communistes qui sont soit emprisonnés, soit contraints à la vie illégale, il faut mener une campagne ardente pour la libération de ces hommes en associant au nom de l'élu ceux des autres militants de la circonscription victimes de la répression.

                Partout, il faut mettre en opposition la répression qui frappe les communistes défenseurs du peuple et la tolérance dont bénéficient les voleurs capitalistes, les profiteurs de guerre; partout, il faut mettre en opposition le fait que les travailleurs emprisonnés sont réduits à la famine, tandis que Daladier, Blum, Gamelin, Reynaud, Guy La Chambre et Cie sont nourris comme des princes au château de Bourassol; partout, il faut exalter les figures de nos militants sur qui la répression s'acharne; partout, il faut dénoncer l'hypocrisie de Pétain qui prétend avoir été opposé à la guerre alors qu'il a été un des principaux soutiens des fauteurs de guerre et qu'il emplit les prisons de milliers d'hommes et de femmes qui ont lutté contre la guerre impérialiste; partout, il faut démontrer que dans les pays capitalistes: France, Allemagne, États-Unis, Angleterre, Italie, Espagne, etc... les communistes sont persécutés, parce qu'ils sont les ennemis des ploutocrates, les ennemis des exploiteurs du peuple; partout, il faut dénoncer l'odieux régime qui règne dans les prisons et les camps de concentration aux défenseurs du peuple tandis que le régime politique est accordé à des politiciens comme Dormoy, Auriol et Cie; partout, il faut assurer l'organisation de la solidarité aux familles des victimes de la répression; partout, il faut soulever l'indignation et la colère des populations laborieuses contre la déportation des prisonniers politiques en Afrique du Nord où les bourreaux de notre peuple ont projeté de les assassiner.

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Contre les plans bourgeois de démoralisation des prisonniers politiques

                De concert avec la Gestapo, la police Française a organisé dans les prisons et les camps de concentration tout un système de démoralisation des prisonniers politiques en même temps que les familles de ces prisonniers sont l'objet de nombreuses pressions. 

                Naturellement, c'est la méthode favorite du nazisme, on ne laisse aucune nouvelle de l'extérieur pénétrer dans les prisons et les camps; on fait courir des bruits sur les prochaines libérations, des bruits qui provoquent d'abord l'optimisme et puis ensuite le pessimisme. C'est ainsi que les barbares de Vichy et leurs protecteurs de la Gestapo essaient de semer la démoralisation de leurs victimes.

                Au surplus, ces tortionnaires envoient des "moutons" dont la mission est de provoquer des reniements et des actes d'adhésion à la politique des oppresseurs de la France. C'est ainsi qu'à la prison de Clairvaux, un nommé Parizot, tenancier de café devant la mairie de Bagnolet et agent du policier Gitton, a essayé des reniements parmi les prisonniers  politiques de cette prison; d'autres individus du même genre sont dans d'autres prisons. Partout, ces misérables doivent être dénoncés et flétris comme il convient.

                Mais la pression sur les prisonniers ne suffit pas; on exerce aussi une pression sur leurs familles. Le flic Gitton, un des êtres les plus répugnants que l'on puisse imaginer, a été chargé par la police, de s'occuper de cette dégoûtante besogne. Ce flic a été rencontré à plusieurs reprises dans les couloirs de la police judiciaire où il est chez lui.; il a été vu à Troyes avec le commissaire spécial chargé de la prison de Clairvaux, et nous savons qu'il a essayé à plusieurs reprises de se servir des familles de prisonniers politiques pour influencer les prisonniers eux-mêmes.

                Le rôle du flic Gitton consiste à faire croire aux familles de prisonniers politiques que leurs chers absents seront libérés s'ils consentent à signer une toute petite déclaration désavouant la politique du Parti Communiste. Tout est calculé pour que, la chose présentée sous une forme anodine, la famille du prisonnier ait tendance à penser qu'une telle signature pourrait bien être donnée sans que cela porte à conséquence et ainsi la police espère, en obtenant des désaveux de notre politique, démoraliser la masse des prisonniers.

                Sur tous ces points, il faut parler clair. Si un prisonnier politique quelqu'il soit désavoue la politique du Parti, il sera dénoncé publiquement comme pactisant avec nos ennemis, avec ceux qui affament et oppriment le peuple de France. Cela, les familles de prisonniers politiques, que nous devons entourer de notre solidarité agissante doivent le savoir.

                Ces familles doivent savoir aussi que si elles conseillent aux prisonniers de trahir dans l'espoir d'être libérés, elles risquent de verrouiller un peu plus la porte de la prison où sont les leurs. En effet, à partir du moment où un prisonnier politique a trahi et qu'il est abandonné par le peuple, la police pourra faire de lui tout ce qu'elle voudra et, à partir de ce moment, si ce renégat veut sa liberté, il sera obligé de devenir un auxiliaire du flic Gitton. Encore faut-il ajouter que cela ne jouera que pour un petit nombre de flics envoyés dans les prisons pour moucharder tandis que les hommes sans foi et sans caractère qui auront signé un acte de reniement resteront en prison, perdant, en même temps que leur liberté espérée, leur honneur de communistes, de militants révolutionnaires.

                Voilà pour quoi il est du devoir des communistes de prévenir les familles des prisonniers communistes que la signature d'un désaveu de la politique du Parti ne donnera nullement aux prisonniers la liberté que des flics de service à la Guitton font entrevoir, mais qu'elle leur vaudra tout simplement le mépris public, la honte, le déshonneur et la dénonciation publique de la trahison commise.

                Et en même temps que ces recommandations doivent être faites, il est indispensable d'intensifier la lutte pour la libération des prisonniers politiques et l'action de solidarité envers leurs familles, afin que ces dernières entent autour d'elles la sympathie agissante de tout un peuple fidèle à ses défenseurs et confiant dans sa victoire finale. Cela contribuera grandement à faire échouer toutes les tentatives de démoralisation des prisonniers politiques et de leurs familles, entreprises par la bourgeoisie, entreprises dont il ne faut pas sous-estimer le danger, mais que nous pouvons et devons faire échouer.

                

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Une lettre du Comité Central du Parti aux militants communistes emprisonnés, internés, déportés


A tous les prisonniers politiques victimes des occupants et du gouvernement de Vichy. 

Camarades, Frères,

                Dans les prisons et les camps de concentration, dans le désert brûlant du Sahara, où des gouvernants criminels vous tiennent en otages, vous affament et vous maltraitent, vous pensez aux vôtres, aux êtres chers dont vous êtes séparés et vous pensez aussi à la grande et belle famille qu'est notre Parti communiste, le Parti qui nous a donné des raisons de vivre, de lutter, ainsi que la certitude de notre victoire finale.

                C'est à l'occasion du Premier Mai, journée traditionnelle de lutte des travailleurs du monde entier que nous vous adressons ce message de fraternelle amitié, avec la conviction profonde que nous tous, où que nous soyons, nous vivons en pensée la grandiose manifestation qui, à Moscou, affirmera, le Premier Mai prochain, la puissance invincible de l'Armée Rouge ouvrière et paysanne et l'union des peuples de l'Union soviétique autour du grand Parti de Lénine  et Staline.

                L'odieuse répression dont vous êtes victimes, répression accomplie par Pétain et Darlan, sous la haute direction des autorités allemandes, nous ramène aux sombres périodes du Second Empire qui déportait les défenseurs de la liberté et du progrès à Lambessa et à Cayenne; cette répression barbare, qui a déjà coûté la vie à plusieurs de nos camarades dont le souvenir vivra dans la mémoire du peuple, rappelle aussi l'orgie de brutalités sans nom qui suivit la Commune de Paris et les fusillades du mur des Fédérés.

                Il y a cependant une différence fondamentale entre ces périodes de répression du passé et de la période actuelle. Aussi bien la répression du Second Empire que celle de l'Ordre Moral se produisirent sur le fond de la défaite du prolétariat dans u e période de reflux du mouvement ouvrier révolutionnaire. Dans le premier cas, les classes possédantes se vengeaient de février 1848 et, dans le second, elles se vengeaient de la Commune de Paris; elles se vengeaient d'avoir eu peur, d'avoir vu leurs privilèges menacés.

                Par contre, aujourd'hui, la répression ne suit pas de grands combats de classe; elle les précède; elle se fixe comme objectif de les prévenir; elle traduit la peur panique qu'inspirent aux capitalistes qui se sentent condamnés à mort pas l'Histoire, le sourd mécontentement des peuples opprimés et des masses coloniales asservies et la colère grandissante des prolétaires affamés et privés de tous leurs droits.

                Nous savons que les impérialismes rivaux qui se disputent la domination du monde capitaliste feront encore couler des torrents de larmes et de sang. Nous savons que les tenants du vieil ordre capitaliste, avant de prendre place au cimetière de l'Histoire, accumuleront des ruines et des deuils. Nous savons que dans leurs guerres de rapines, les impérialistes nous donneront encore le spectacle d'un terrible anéantissement de richesses matérielles et spirituelles accumulées au cours des siècles par l'Humanité, mais nous savons aussi que si les capitalistes s'usent réciproquement et s'affaiblissent tous, par contre, un grand pays, le pays du socialisme, accroît chaque jour sa puissance économique, militaire, politique et son influence à travers le monde.

                La guerre étend ses foyers d'incendie; après avoir déferlé sur notre pays, voici un an, elle vient de ravager les Balkans; elle se poursuit en Afrique pour la maîtrise du canal de Suez; la construction du Transsaharien est entreprise en prévision de l'extension du conflit sur le continent africain où l'impérialisme américain convoite Dakar et la maîtrise de l'Atlantique Sud. Au surplus, les gouvernements de Washington et de Londres disputent au gouvernement de Tokyo la maîtrise du Pacifique et la possession des richesses des Indes Néerlandaises.

                Ainsi s'affrontent les rapaces impérialistes cependant que l'U.R.S.S. demeure le pays de la paix en même temps que le pays de l'abondance et du bien-être. D'ailleurs, la puissance de l'U.R.S.S. inspire respect et puissance aux nations capitalistes; en 1939, l'Allemagne hitlérienne préféra la signature d'un pacte de non-agression avec le pays du socialisme au risque d'une guerre anti-soviétique lourde de conséquence; aujourd'hui, le Japon, naguère si insolent et provocant, vient à son tour de solliciter et d'obtenir la signature d'un pacte de non-agression avec l'U.R.S.S. 

*

*    *

                Ah! Chers camarades, comme les évènements nous donnent raison. En nous dressant contre la deuxième guerre impérialiste, qui a déjà tant fait de victimes et qui a coûté si cher à notre pays, nous défendions les véritables intérêts de la France et cela est devenu une évidence telle que le maréchal Pétain n'hésite pas à se présenter, lui aussi, en adversaire de la guerre pour essayer de tromper le peuple de France.

                Ce maréchal disait tout récemment à M.de Brinon que la défaite a fait ambassadeur: "S'il y a des Français emprisonnés pour n'avoir pas voulu la guerre, je devrais l'être moi-même, car j'étais opposé à la guerre." Vous entendez bien, camarades, le maréchal devenu chef de l'État grâce à la défaite, tente de faire croire qu'il était opposé à la guerre, mais il observa un silence prudent et complice à l'heure où il aurait fallu parler.

                Et quelques jours après cette déclaration empreinte de la plus sinistre hypocrisie, Pétain déportait en Afrique les députés communistes qui, eux, s'étaient publiquement prononcés pour la paix, dés 1939, et ces hommes courageux, qui sont la fierté du peuple de France, peuvent dire avec fierté que si on les avait écoutés, notre pays n'aurait connu ni les horreurs de la guerre, ni les misères de la défaite.

                Camarades frères, vous êtes enfermés, vous êtes isolés, vous êtes coupés du monde, mais tout un peuple pense à vous les poings serrés de colère et le coeur plein d'espoir. Hors des frontières de notre pays, on sait ce qui se passe chez nous, on sait que sous la direction des occupants, de Pétain et de Darlan, la France est devenue une terre d'oppression et un sinistre bagne.

                Le peuple de France a un avant-goût du "nouvel ordre européen", dont veulent nous gratifier les maîtres de l'Allemagne et leurs valets français. Ce "nouvel ordre européen" ferait de la France un pays vassal, un pays agricole dont les habitants seraient réduits à la portion congrue et dont la mission consisterait à fournir matières premières et vivres au Grand Reich Allemand, qui serait à l'Europe ce que l'Angleterre est au Commonwealth britannique, une nation de seigneurs dominant une nation d'esclaves.

                A ce programme de vassalisation de la  France, tous les politiciens pourris sont acquis, depuis les royalistes à la Georges Claude jusqu'aux socialistes à la Paul Faure en passant par Bonnet, Déat, le cagoulard Deloncle et autres personnages de même acabit qui vont chercher directives et faveurs à l'ambassade d'Allemagne.

                Mais tandis que les "collaborateurs" bénéficient de toutes sortes d'avantages, les ouvriers français voient que le coût de la vie a augmenté dans des proportions formidables, alors que les salaires n'ont pas été augmentés (dans de nombreux cas, ils ont même été diminués), ce qui n'empêche le gouvernement Pétain-Darlan-Belin, agissant au nom des trusts, d'interdire l'augmentation des salaires et traitements.

                De leur coté, les paysans et petits commerçants sont poussés à la ruine par les trusts insatiables et des millions de vieux sont exclus du droit à la retraite, du droit à cette retraite, oh! combien insuffisante, que le gouvernement va accorder à quelques centaines de milliers de vieux travailleurs, à qui il paiera aussi des allocations de chômage réduites.

                Partout la misère étend ses plaies hideuses, la famine menace... (Il manque ici 3 pages, soit un peu moins que le début de ce paragraphe "A tous les prisonniers..., note EdC)

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Le travail dans les syndicats

                Dans le précédent bulletin La Vie du Parti nous avons indiqué que la base essentielle du rassemblement des ouvriers dans les syndicats était la lutte revendicative et, en premier lieu, l'augmentation des salaires.

                Depuis, cette revendication générale de l'augmentation des salaires a pris une telle ampleur qu'il est devenu impossible à la bourgeoisie et à ses agents réformistes de la passer sous silence. 

                Le gouvernement et les trusts essaient de se tirer d'affaire en accordant quelques augmentations des allocations familiales et de l'allocation de la femme au foyer. Mais malheureusement, ces palliatifs ne règlent rien et le problème des salaires ne cesse de prendre de l'ampleur.

                Dans le discours qu'il a prononcé mi-avril, le domestique Belin a fait l'aveu des raisons de l'opposition du gouvernement à l'augmentation des salaires. Il a parlé des difficultés financières et de la nécessité d'éviter une catastrophe financière en maintenant les salaires à un niveau extrêmement bas.

                Pendant ce temps, les valeurs industrielles ne cessent de monter, la plupart des firmes industrielles ou bancaires continuent à procéder à la distribution gratuite d'actions aux anciens actionnaires, et la hausse des actions se poursuit.

                Malgré les mesures réactionnaires prises pour empêcher l'expression des revendications ouvrières, ces revendications donnent lieu de plus en plus à des actions diverses. Une de ces manifestations les plus caractéristiques de l'exaspération des salariés et de leur volonté d'action est la grève de 3000 femmes à Issy-les-Moulineaux... (2 pages sont manquantes, note EdC)

 

Les communistes doivent rassembler les masses populaires, les organiser et les entraîner à la lutte.

Pour l'augmentation des salaires, traitement et pensions;

Pour l'achat de blé par la France à l'Union Soviétique

Pour la défense des revendications paysannes;

Pour la défense des petits commerçants et artisans.

Pour l'allocation de chômage à 20 francs par jour et 10 francs par personne à charge;

Pour la retraite des vieux à 20 francs par jour pour tous les vieux ouvriers, paysans, petits commerçants, artisans;

Pour la Libération de tous les prisonniers politiques;

Pour le retour des prisonniers de guerre, l'octroi de tickets supplémentaires à leurs familles et le relèvement de l'allocation militaire à 20 francs.

Partout, les communistes doivent organiser la défense du peuple; car la lutte pour le pain quotidien contre les exploiteurs capitalistes est partie de la lutte pour la libération nationale de notre France que nous voulons libre et indépendante.


                Camarades, le Parti a besoin d'argent, Payez vos cotisations, faites des souscriptions parmi vos amis. Donnez des munitions au grand Parti de libération nationale de la France.



[1] On peut consulter un microfilm de ce n°3 de l'année 41 à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC) à Nanterre