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Marguerite Montré et Mathilde Dardant
EdC, 10 avril 2010
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Marguerite et Mathilde Dardant étaient deux sœurs dont les parents avaient une ferme dans le Limousin, entre Folles et Fursanne, à dix kilomètres de Saint-Sulpice-Laurière. Marguerite est née le 15 novembre 1908. Plusieurs de ses ancêtres avaient été maires de Folles. Son père Jules et sa mère Amélie étaient de tendance laïque et n'avaient pas fait baptiser leurs enfants. Marguerite arrête ses études après l'obtention du Certificat d'études pour aider ses parents à élever ses trois frères et soeurs. Elle se marie à 23ans avec le fils d'un paysan voisin, militant actif de la CGTU des cheminots en Tunisie, communiste notoire 6.
Marguerite monte à Paris après le décès de son mari en 1935. Elle suit les cours Pigier de sténodactylo et trouve une place de secrétaire au syndicat des travailleurs municipaux de la ville de Paris et adhère au PCF le 1er janvier 1936. Elle est vite intégrée à l'appareil secret du PCF et au Kommintern dont elle suit en 1938 les formations radio à Moscou sous la direction d'Helena Dimitrova, en même temps qu'Angèle Salleyrette qui fut la compagne de Maurice Tréand 1.
Pendant la Guerre d'Espagne, et jusqu'en 1939, Marguerite Montré est la secrétaire de Georges Gosnat, à France-Navigation2. Dans les derniers jours d'Août 39, c'est Marguerite qui est envoyée par Ceretti pour vider les coffres de France-Navigation de ses 28000 actions au porteur, contournant ainsi les réticences le président légal Marcel Fritsch2. Elle assure ensuite des liaisons au sein du parti dissous et plongé, par conséquent, dans la clandestinité 4.
En juin 1940, Marguerite est proche de Benoit Frachon, puisqu'elle est impliquée dans les contacts entre Frachon et le ministre Anatole de Monzie3. Le 12 juin 1940, avant l'arrivée des Allemands à Paris, une partie de la direction du PCF quitte Paris, notamment Benoit Frachon et les deux sœurs Dardant, conduits par un garagiste de Villejuif du nom de Montel. Ils rejoignent la ferme des parents Dardant1 3 . En août 1940, l'appartement de Marguerite, boulevard Davout à Paris, héberge Benoît Frachon. Arthur Dallidet incorpore alors les deux soeurs à l'appareil de direction formé autour de jacques Duclos et Benoît Frachon6. Elle est agent de liaison de Jacques Duclos en 1940 et début 19417. En 1941, toujours agent de liaison, proche d' Arthur Dallidet, semble-t-il, elle assure notamment le contact entre et avec Lise London et les camarades étrangers affectés au TA (Travail Allemand, c'est-à-dire, infiltration des administrations allemandes) 4. Peut-être a-t-elle été également chiffreuse radio après le départ d'Angèle Salleyrette auprès de Maurice Tréand 6.
Arrêtée sous son vrai nom le 19 novembre 1941 6 5, elle est signalée en février 1944, à la forteresse de Breslau en Silésie4. et échoue finalement au camp de Ravensbrück6.
Sa liaison avec Benoit Frachon était de notoriété publique que ce soit dans la famille Dardant ou au sein du Parti8.
Marguerite Montré décède le 31 décembre 1955. Elle avait une très mauvaise santé depuis son retour de déportation5.
Mathilde serait arrivée à Paris en 1933. Elle a travaillé comme "agent de service hospitalier temporaire" dans les hôpitaux de Paris. Entre 1939 et 1942, elle gravite, comme sa soeur dans les cercles de la direction du Parti, et plus particulièrement dans l'entourage de Benoît Frachon5.
Le 6 octobre 1942, elle est exécutée par Marius Bourbon agissant sous les ordres de Raymond Dallidet pour des raisons mal élucidées.
Voir le récit complet du meurtre de Monfort-l'Amaury.
Références
1 Crémieux, Estager, Sur le Parti, 1939-1940, Messidor, 1983, p.267 et 281-282
2 Grisoni, Hertzog, Les Brigades de la Mer, Grasset, 1979 , p.396, 405 et cahier photos.
3 Roger Bourderon, Mai-Août 1940: de Paris à Moscou, les directions du PCF au jour le jour, Les cahiers d'Histoire de l'IRM, n°52-53, 1993, p.72, 77
4 Lise London, La Mégère de la rue Daguerre, Èditions du Seuil, 1995, p.57, 115-117, 120, 128-131, 139, 272
5, Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres, la face cachée du PCF 1941-1943, Robert Laffont, 2007, p. 45-49, 395-397
6. Jean-Pierre Ravery, notice biographique dans le Dictionnaire autobiographique du mouvement ouvrier (Maitron)
7. Jacques Duclos, Mémoires, Tome 3 Fayard, 1970, p.311
8. Ceci n'est écrit nulle part, mais Jean-Marc Berlière en a fait été sur France Culture (La Fabrique de l'Histoire) le 2 juin 2009.