Ecole Saint-Joseph en 1956 (extrait du film "Rudes pistes", Armand Clabaut) |
le site EdC
Khmou de Xieng-Khouang De Nam Tieng à Menomblet et autres itinéraires
(Mise à jour 28 juin 2018) |
Vestiges de l'école Saint-Joseph en 2015 (Photo Somsy Phantarasmy) |
Le Livre | Autobiographie de Saykham |
Journal de bord de Pierre Gentil |
Correspondance du père Henri Delcros |
Photos |
Pour commander le livre (152 p.), s'adresser à l'auteur Table des Matières Préface Jean-LouisArchet .......................................................5 Nous sommes tous descendants de Khmou ..................................7 Brève et récente histoire du royaume de Xieng Khouang ..............11 De Xieng Khouang à Paksane dans les années 1930 ....................17 Premier aperçu sur les villages Khmou chrétiens ............................25 La vie quotidienne des Khmou ......................................................31 Mutations techniques et culturelles .................................................37 Missionnaires (1) Léon Gentil ........................................................43 Opium et corvées ..........................................................................49 Missionnaires (2) Jean Subra et Jean Wauthier ...............................53 Le collège Saint-Joseph et la formation d'une élite Khmou ...............61 Retour sur l'histoire du Laos entre 1939 et 1961 .............................69 1961-1963 Xieng Khouang ............................................................85 Géopolitique ...................................................................................95 Errances ........................................................................................103 Le centre de catéchistes de Hong Kha à Vientiane .........................115 Paksane ........................................................................................119 L'arrivée au pouvoir des communistes .............................................125 L'exil en France ..............................................................................131 Album de photos Paris Xieng Khouang Paksane..............................135 Annexes .........................................................................................139 Chronologie de la région de Xieng Khouang ................................139 Remerciements ............................................................................142 Index ...........................................................................................143 Bibliographie ................................................................................147 |
ARRIVEE DE L'ADMINISTRATEUR PROVINCIAL PIERRE GENTIL A XIENG-KHOUANG
[Note EdC: Pierre Gentil est un jeune haut fonctionnaire assez imbu de lui-même, arrivé au Laos en juillet 1946 et nommé en avril 1948 "conseiller provincial de Xieng-Khouang", c'est-à dire qu'il représente la France dans cette province. Il a publié en 1950 un livre, Remous sur le Mékong, qui se présente comme une sorte de journal de bord ] 29 avril 1948 Dans la journée, je prends contact avec le chao-khoueng. Son Excellence Chao Saykham qui descend de la famille des princes du Tranninh, est un petit homme à la figure ronde et à l'aspect sympathique, mais il ne semble pas avoir beaucoup de personnalité [...]
Saykham m'entraine ensuite chez Touby Lifoung; c'est un jeune homme
gras, qui porte sans élégance des vêtements européens. Il est le chef
des Méo, dont l'intervention fut décisive pour la libération de la
ville [...]
"'J'ai été persécuté par les Lao; après le retour des Français, j'avais
été élu tasseng de Sakok, village dépendant de Luang Prabang, npn loin
de la limite de la province de Sam-Neua. Pendant l'occupation, les
Français m'avaient promis que les Phu-Theng auraient des tasseng de
leur race. Nous qui avons aidé les Français quand les Japonais les
recherchaient, nous ne voulions plus être sous les ordres des tasseng
lao qui ont trahi. Mon élection a donc retiré au tasseng lao une
partie de sa population. Il a alors persécuté les Phu-Theng.
Nous avons voulu aller nous plaindre à Luang-Prabang; des partisans lao
nous tendirent une embuscade sur le route, il y a eu des morts et des
blessés. De plus, les Lao ont gardé huit mille piastres que les
français leur avaient donné pour rembourser les dépenses que nous
avions faites pour les aider sous l'occupation.«Ah, nous a dit le
tasseng lao, vous avez été assez bêtes pour aider les Français, eh
bien, pour vous apprendre, je lève quatre mille piastres d'impôts
supplémentaires» ... On a arrêté plus de 10 Phu-Tengs actuellement en
prison à Luang-Prabang ... nous désirerions que justice nous soit
rendue ... Je voudrais que les familles phu-theng de Sakok viennent me
rejoindre, elles le désirent, mais le tasseng lao le leur interdit. " |
[Note
EdC: Henri Delcros est arrivé au Laos, jeune missionnaire oblat en
1951. Après quelques années à Paksane où il se familiarise notamment
avec le lao, il est affecté à Xieng-Khouang pour prendre en charge un
secetur de ceux que l'on appelle encore les Phou-Thengs. La
correspondance avec sa famille représente un corpus de 420 pages
dactylographiées par les soins de sa soeur Marie-Jo ]
LETTRE DU PERE HENRI DELCROS A SA FAMILLE 17 avril 1955 Ici, on se croirait dans le Massif Central ou la Cerdagne déboisée. L'air est frais, léger. Quelle différence avec la lourde chaleur de Vientiane. L'eau coule partout en frais ruisseaux, alors que je viens de passer un mois et demi dans un endroit où les puits sont à sec et où l'on boit de l'eau boueuse. Les maisons ne sont pas sur pilotis mais au ras du sol avec des murs en pierres sèches. Au bungalow de l'aéroport, en attendant la jeep on a bu une bière bien fraîche - 30 piastres1 la boîte. Tout est terriblement cher dans le pays où l'opium est roi et où la marchandise arrive par avion mais je ne m'attendais pas à cela. À mi-chemin entre l'aéroport et ici, nous avons rencontré le père Rancœur. Il était là par hasard, étant le plus souvent à quatre ou cinq heures de marche - dans toutes les directions. À Xieng-Khouang, le père David nous a reçu cordialement, ainsi que le Père Boissel venu du Sud-Ouest (Ban Pha) avec une dizaine de personnes qui vont travailler à la mission : On a reconstruit l'internat pour catéchistes, emporté par le dernier coup de vent. Les pères sont joyeux, plein d'entrain, mais surchargés de travail. les villages catéchumènes augmentent sans cesse. Le père Boissel a une centaine de catéchumènes, les pères Subra et Wautier, plus de cinq cents. La ville de Xieng-Khouang est administrative : bâtiments européens largement alignés sur plus d'un kilomètre. La vallée est encaissée, très étroite, les collines dénudées l'entourent de partout. La plat est inconnu : tout monte ou descend ; les maisons sont à flanc de côteau. Il en est ainsi de toute la province (sauf la plaine des Jarres). Sur la place de la mission ( en pente, elle aussi), des Chinois jouent au basket ; sur la route passent des Méos en noir, avec la large ceinture rouge, la veste qui laisse le ventre à l'air, le collier d'argent et la toque conique bigarrée. Les Vietnamiens sont assidus à l'église où ils prient toujours en chantant. Les Phu-Tengs au parler guttural envahissent la maison, en quête de médicaments ou de vivres (lait américain, surtout). Les Phutengs sont souvent déguenillés ; leur grande misère est habituellement due à ce qu'ils sont opiomanes et dépensent pour la drogue toute une fortune. Il est courant qu'un fumeur consomme pour 200 piastres par jour. Les dix chrétiens qu'accompagnait le père Boissel sont tous fumeurs, sauf un gamin de 14 ans. Un chrétien n'a pas le droit de prendre de l'opium (matière grave), mais le fait d'être opiomane n'est pas un empêchement au baptème… On a le droit de prendre ce qui est de nécessité vitale. Les Laotiens véritables sont uniquement le chef de la province et ses adjoints. Il y a une espèce de roi méo qui est d'une richesse fabuleuse (il a perdu récemment un peu d'opium – quelques kilos de concentré saisis à Hong-Kong – mais ça ne l'a pas beaucoup gêné) Le laotien est la langue officielle et commerciale, celle des écoles et aussi celle de la religion puisque les Phu-Tengs apprennent les prières laotiennes. Le phu-teng de par ici est fortement influencé de laotien : beaucoup de mots (tous les mots savants) sont des mots laotiens. Pourtant, c'est une langue d'origine très différente, avec des sons très spéciaux. Depuis mon arrivée ici (deux jours) j'ai déjà appris une trentaine de mots. 11 piastre = 10 FR, |
Photos |
Xieng-Khouang 1935
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Village Khmu identifié comme Nam Tieng
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Village Khmu identifié comme Nam Lieng
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