200 ans d'histoires de familles |
Albert de Chambost et ses fils (de g à dr. Xavier, Gonzague et Henri) à la baignade dans le lac, vers 1930 |
Le Livre |
Les auteurs |
Bonnes feuilles |
Photos |
Lectures |
Pour commander le livre (90p.), s'adresser à l'auteur
Table des Matières 23 avril 2016 ................................................................................. 5 Quand de Chambost vint à Lépin ......................................................7 Amour et patrimoine dans la Savoie du XVIIIe siècle .......................9 Les tribulations de l'émigré Perrin ...............................................15 L'age d'or de la noblesse oisive ..................................................21 Mourir à 22 ans ...........................................................................25 Hippolyte, l'homme qui aimait les femmes ......................................29 Édith et les huit bottines .................................................................37 Splendeurs et décadence des affaires de Tancrède .........................43 Albert, amoureux, fidèle mais obéissant ..........................................51 Albert et la vie de famille ...............................................................65 Perlette et Gonzague ......................................................................73 |
Bonnes feuilles (p.9)
Au XVIIIe siècle, les patentes de noblesse ont été distribuées avec parcimonie si on compare avec le siècle passé, deux fois moins environ, ce qui ne fait que 57 savoyards qui ont reçu, comme Joseph Perrin ses patentes de noblesse1. Pour espérer devenir noble, il valait mieux s'être constitué une base terrienne. Les Perrin, justement, ont acquis des terres à Lépin et ont aménagé un terrain pour y construire un château. En 1740, Joseph Perrin installe une tuilerie à l'emplacement actuel du camping Ferrand2. Le souverain Charles-Emmanuel III érige la seigneurie de Lépin en comté en même temps qu'il octroie les patentes de noblesse. Charles-Emmanuel lui-même a monté en grade, il est roi depuis qu'il a adjoint le royaume de Sardaigne au duché de Piémont-Savoie.
Charles-Antoine fait construire un château à Lépin, certes plus modeste avec un seul étage que celui que nous connaissons, mais tout cela n'est pas donné, tout comme ses patentes de noblesse pour lesquelles il a nécessairement dû se montrer généreux avec le Roi, sans doute un bon investissement, puisque les nobles échappent à l'impôt, mais pour l'heure, il faut bien dire que Charles Antoine est un peu fauché, et il est urgent de renflouer la trésorerie. 1Jean Nicolas, La Savoie au 18e siècle, noblesse et bourgeoisie, Maloine éditeur, 1978, p.774 2Jean Maret et Michel Tissut, l’Aventure des tuiliers, imprimerie Darantière 2008 |
Bonnes feuilles (p.15)
[...] A Paris, comme leurs homologues belges ou suisses, des immigrés savoyards projetaient de rentrer chez eux triomphalement sous le drapeau révolutionnaire. Le 20 avril 1792, sur proposition du roi Louis XVI, l'assemblée législative déclara la guerre à l'Autriche, et se retrouve de fait en conflit avec l'ensemble des monarchies européennes. Victor-Amédée III s'en teint à une position de neutralité. Mais en septembre 1792, les événements se précipitent : deux jours après la bataille de Valmy, l'assemblée législative vote l'abolition de la monarchie. Entre temps, dans la nuit du 21 au 22 septembre, 20000 Français sous le commandement de Montesquiou envahissent la Savoie. Parmi les troupes françaises, une compagnie composée de savoyards, « la légion des Allobroges ». On peut dire, sans craindre l'anachronisme, qu'il s'agit d'une sorte d'une sorte d’Anschluss. L'armée sarde, ne combattit point et se retira sur la crête des Alpes. Une partie des notables et du peuple accueillit avec enthousiasme l'armée de Montesquiou. Un club Jacobin fut créé à Chambéry, la Convention envoie quatre commissaires qui mettent sur pied l'élection d'une Assemblée des Communes. Cette assemblée vota la suppression des droits de la Maison de Savoie et de la noblesse ainsi que la confiscation des biens du Clergé. Le 27 novembre, la Convention proclame l'annexion de la Savoie à la France. La période la plus dure de la Révolution est incarnée par le représentant de la Convention Antoine Louis Albitte qui reste en fonction à Chambéry, chef-lieu du département du Mont-Blanc, de janvier à septembre 1794. Une guillotine est mise en place, mais aucune tête ne tombera. Revenons maintenant à Louis Bonaventure, le fils du sénateur qui traînait la réputation de ladrerie complaisamment répandue par une épouse insatisfaite. Lorsque les troupes françaises de Montesquiou pénètrèrent en Savoie, Louis Bonaventure, âgé de 24 ans était sous-lieutenant au régiment de Maurienne, dans l'armée sarde qui ne se battit que très mollement face à l'invasion française. Frédéric, le frère cadet de Louis était également officier dans l'armée Sarde. Dans ce contexte politique très trouble, Charles, le père des deux jeunes officiers décéda à Chambéry à l'âge de 65 ans le 26 octobre 1792. L'armée sarde était-elle assez bonne fille pour dégager de ses obligations un officier venant de perdre son père et pour lui donner la permission d'aller soutenir sa vieille mère en territoire ennemi ? Toujours est-il que l'on retrouve Louis Bonaventure à Lépin le 21 juin 1793 où il donne procuration générale à son fermier Benoît Burdin. Ensuite, il gagne l'étranger et aurait transité par Lyon dans la famille de sa mère1. [...] 1Les informations concernant cet épisode proviennent de deux sources : Procès de 1812 plaidé contre Benoit Burdin par Louis Perrin au sujet de ses biens vendus nationalement à la Révolution, Fonds Jules Massé,AD73, 5F28 et François Vermale, La vente des biens nationaux dans le district de Chambéry, 1912, p.76-80. |
Bonnes feuilles (p.70)
[...] Édith avait quitté son pensionnat de bonnes sœurs au Puy en juin 1852 pour rejoindre la Savoie, elle prenait goût à la vie et, pour employer un terme anachronique, semblait vraiment s'éclater dans les bals savoyards où, sous influence parisienne, avait déferlé la polkamania, en dépit de la réprobation des bonnes sœurs du Puy pour qui une jeune fille pieuse pouvait s'amuser avec les traditionnelles contredanses sans risquer les troublants contacts de la valse et de la Polka1. La famille savoyarde, probablement la tante Nie, alias Stéphanie d'Aviernoz, qui était pourtant une bien gentille tante a préféré la marier au plus vite, et il n'est pas dit que cette perspective ait déplu à l'orpheline qui pouvait voir dans le mariage le moyen de se construire une vraie famille à elle. De ce point de vue, sa courte vie fut une réussite : mariée à 17 ans, elle eut vite fait de constituer avec un mari plus ou moins dépressif, une famille de sept enfants et s'éteignit à 40 ans2. Les enfants, surtout les garçons arrivés plus tard, connurent donc la condition d'orphelins comme l'avaient été leur père et leur mère, mais dans le cadre plus sécurisant de la petite tribu de Bassens qui comprenait en plus du père, souvent en voyage, et des enfants, la cousine Lucile qui ne pouvait plus vivre chez Jenni, décédée en 1876 et Antoine Laurent, un homme de confiance polyvalent qui était un peu plus qu'un simple domestique. Dans sa corbeille de mariée, l'orpheline avait apporté deux châteaux : le Château Lambert à Bassens, tout près de Chambéry, acheté en 1833 par son père Charles Albert3; l'autre château était celui des Allues, à Saint Pierre d'Albigny, austère demeure de la famille de Lescheraines, tombée dans le patrimoine des Favier du Noyer à la génération du grand-père. Les deux demeures étaient inconfortables, et la grande famille, nous l'avons vu continuait de vivre dans l'appartement de maman Perrin. On ne sait pas quelles étaient les relations entre la belle-grand-mère et la belle-fille. Ça ne devait pas être toujours très facile. [...] 1Lettre de la sœur X à Edith du 20 octobre 1852, classeur Hippolyte. 2Lettre de Jenni Perrin de Lépin à Hippolyte, 1866, classeur Hippolyte. 3En fait, Charles Albert avait acheté le château en indivision avec ses deux frères, mais il avait ensuite racheté leurs parts. Voir Marie-Claude Hancy, la maison forte de Lambert, bulletin municipal de Bassens, vers 1995. |
Bonnes feuilles (p.38)
[...] Assurément le mariage avec Valentine avait été pour Albert un mariage de raison. Ce fut aussi pour lui un mariage heureux, au travers duquel, jusqu'à sa mort en 1932, Albert put exprimer sa rondeur naturelle et élever ses quatre enfants, Louis, son premier fils qu'il avait eu avec Marie, et Henri (1906), Gonzague (1908) et Xavier (1913) issus de son second mariage. Âgé de 20 ans en 1917, Louis n'échappa pas à la Première Guerre mondiale. Au printemps 1918, les Allemands qui venaient de conclure avec les Russes la paix de Brest-Litovsk et disposaient donc de réserves, lancèrent leur dernière grande offensive dans les Flandres, dans le secteur d'Ypres-Armentières. Dans la nuit du 24 avril, ils bombardèrent les hauteurs du Mont Kemmel avec des obus chargés de gaz. Louis fut une des très nombreuses victimes de cette offensive. Ses parents apprirent d'abord qu'il avait été gravement blessé et était tombé aux mains des Allemands1. Après la mort de sa mère quand il n'avait que treize ans, la mort de sa première femme deux ans après leur mariage, c'était le troisième coup dur pour Albert. En dépit de ce chagrin qui toucha beaucoup Albert, mais aussi Valentine qui s'était attachée au "petit Louis", l'entre-deux guerre apparaît à travers les albums de photos comme une période gaie et insouciante avec beaucoup de festivités, bals costumés, parties de campagne avec les nombreux amis etHaut-de Page cousins résidant majoritairement de l'autre coté de la montagne (Bassens où s'établit Henri le frère d'Albert, Beauvoir où réside sa sœur Jeanne), mais aussi dans la région lyonnaise du coté de la famille de Brosse. [...] 1Lettre de Valentine à son beau-frère Henri, papiers Perrin, archives Bernard de Chambost
|
Château de Chambost, avant le rehaussement à 2 étages, en 1882 |
La terrasse du château vers 1905 |
Gare d'Aiguebelette, vers 1920
|
Route du Grand Bois, créée vers 1890 pour relier la gare d'Aiguebelette au Château |