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La création du SOE
En
1940, la Résistance n'existait pas, les peuples ne l'avaient pas encore créée
et les dirigeants politiques comme Churchill ou De Gaulle ne l'avaient pas
imaginée. Dans son célèbre appel du 18 Juin, De Gaulle invite, dans l'ordre,
les officiers et soldats Français, les ingénieurs et ouvriers des industries
d'armement "qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à
s'y trouver", à se mettre en rapport avec lui. Et même si l'appel se
termine par "la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre
et ne s'éteindra pas", il est clair que l'armée qu'il voulait regrouper
pour poursuivre le combat aux cotés des alliés n'avait rien à voir avec l'armée
des ombres qui se confondra quelques années plus tard avec la Résistance.
Pour Churchill, comme pour De Gaulle, la guerre était l'affaire de l'armée,
et l'armée comprenait des soldats en uniformes qui constituaient l'armée régulière
et observaient les lois de la guerre, et des agents en civil, autrement dit des
espions, qui acceptaient d'être fusillés s'ils étaient pris en territoire
ennemi.
Le 6 Juin, au lendemain de la chute de Dunkerque symbolisant la déroute
de l'armée britannique aux cotés de l'armée française, Churchill avait
compris que ses troupes régulières ne pourraient pas reprendre pied sur le
continent avant un bon bout de temps. Seuls des agents pouvaient asticoter les
troupes ennemies à travers l'Europe hitlérienne. "Où en est le
recrutement d'agents au Danemark, en Norvège, en Belgique, en Hollande et sur
la côte Française ?" écrivait-il à son chef d'état-major Ismay. Le 19
Juillet, le SOE, Special Operation
Executive était officiellement créé. Il s'agissait de ce qu'on appelle
dans les services spéciaux français un "service action" pour le
distinguer des services de renseignements. En Anglais, "renseignement"
se dit "intelligence". Le service de renseignement anglais s'appelle
l'Intelligence Service, ou pour être plus précis, le MI6, qui est une partie
du SIS (Secret Intelligence Service) qui comprenait également le MI5 spécialisé
dans le contre-espionnage. Le SIS dépendait du Ministère des affaires étrangères,
le Foreign office,
et recrutait ses agents dans les plus hautes couches de la société.
En 1938, il avait bien été
créé un service action interne au MI6, le service D, de même qu'il existait
un service de renseignement au sein du ministère des armées, le War office, le MI. Aussi, les deux ministères se disputèrent-ils
la tutelle du SOE. Mais Churchill donna finalement raison à un troisième
larron, Sir Hugh Dalton, un travailliste ministre de la guerre économique qui
convainquit le premier ministre que l'action à mener en territoire ennemi
s'apparentait davantage à de la subversion sociale qu'à du renseignement ou à
des opérations militaires. Le SOE eut donc pour ministre de tutelle Hugh
Dalton, au-dessous duquel Churchill plaça un de ses amis d'enfance, un banquier
du nom d'Hambro. Churchill résuma à Hugh Dalton la mission du SOE par ces mots
Set Europe ablaze: Mettre l'Europe à
feu.
Le SOE s'établit dans d'anciens locaux des magasins Marks et Spencer, situés à Baker Street. il était structuré en
sections correspondant aux différents pays d'Europe occupés par les Allemands:
Pologne, Yougoslavie, Norvège, Danemark, Belgique, France, Pays-Bas. La section
française était appellée section F. Grace à l'appui de Churchill, le SOE
comprendra rapidement plus de 10000 permanents.
Churchill avait parlé de mettre l'Europe à feu, mais il était également
clair que la principale mission du SOE était de préparer le débarquement,
donc de faire du renseignement, c'est-à-dire de marcher sur les plate-bandes du
MI6. Or le MI6 n'avait nullement été dissous, il avait certes perdu une
bataille en juillet 40, mais pour son éminence grise, le colonel Dansey, ami
personnel de Churchill, il était clair que le MI6 saurait rester maître du
jeu.
De fait il fut difficile pour le SOE de recruter massivement, tant sur le
sol Britannique que dans les pays occupés,
des cadres et des agents du même niveau professionnel que leurs collègues
du MI6 ou leurs équivalents Allemands de l'Abwehr, le service de renseignement
de la Wehrmacht. De fait, jusqu'en 43, le SOE se retrouva directement confronté
avec l'Abwehr. En 1940, l'Abwehr était beaucoup plus présente dans l'Europe
occupée que le SD (police Allemande) plus connu sous le nom de Gestapo. A
partir de 42, le poids de la Gestapo devint plus important que celui de l'Abwehr
qui fut finalement complètement absorbé en 44.
La triste réalité fut donc que nombre de réseaux du SOE furent d'abord
infiltrés, puis souvent retournés par l'ennemi. Le phénomène fut massif en
Hollande où la totalité des réseaux SOE étaient contrôlés par les
Allemands, mais il fut également important en France.