C'était en 2007 L'Affaire Paxton
C'était en 2014 Alain Michel et l'affaire Zemmour

  2020   Laurent Joly, une certaine idée de la science

Décembre 2021  Vichy, Zemmour,Joly, saison 2021
Janvier 2022  Falsification et perversion


En remontant de l'affaire du CVUH (2025) à l'affaire Joly vs Slocombe (2018)

( mars 2025)

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Sommaire
Intro
L'Article de Michèle Riot-Sarcey  (CVUH)12 novembre 2024
  Premiers commentaires sur l'article du CVUH
Pourquoi Brunet ?
La plainte contre Riot-Sarcey et le CVUH
Lorsque le CVUH se pose en victime
L'article de Libération (19 mars 2025)
2018 L'affaire Joly contre Slocombe


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Le 12 novembre 2024, Michèle Riot-Sarcey publiait l’article suivant sur le blog mediapart du CVUH (Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire) dont elle est membre fondatrice. Je rappelle que le CVUH est une association créée en 2005 dans un contexte où un projet de loi visait à imposer aux programmes scolaires de faire une place au rôle positif de la colonisation et où une plainte avait été déposée par un collectif antillais contre l’historien de l’esclavage Olivier Grenouilleau pour négation de crimes contre l’humanité.




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Article de Michèle Riot-Sarcey 12 novembre 2024

https://blogs.mediapart.fr/cvuh/blog/121124/histoire-d-une-falsification-l-artilleur-2023

Histoire d’une falsification (L’Artilleur, 2023)

À propos de J.M. Berlière, E. de Chambost, R. Fiévet, « Histoire d’une falsification ». Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif (L’Artilleur, 2023), le CVUH vous recommande un article de Laurent Joly,« Anatomie d’une falsification historique. Lecture d’un récent pamphlet sur Vichy et la Shoah », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 70-3, 2023/3, p. 151-171).

La manière de lire le passé a toujours pris des formes multiples et nous le savons, l’instrumentalisation de l’histoire sert les causes les plus diverses, y compris les plus abjectes. Le retour vers le conservatisme, la nécessité d’un souverainisme voire le passage par le populisme sont toujours le signe d’un malaise qu’exprime la part de la population attachée à ses privilèges, que d’aucuns aiment à nommer nationaux.

La cause du roman national a toujours trouvé ses serviteurs, Jean-Marc Berlière est de ceux-là, comme en son temps Jean Paul Brunet le fut, ayant bénéficié d’un accès privilégié aux archives de police pour interpréter à sa mesure les massacres (dits « les événements » par euphémisme) d’octobre 1961. Du point de vue de ces historiens révisionnistes, l’autre est l’ennemi, notamment le juif, étranger par définition selon le point de vue des véritables falsificateurs. Les auteurs de l’ouvrage affirment, en effet, que les juifs étrangers furent les seules victimes de l’accord passé le 2 juillet 1942, entre l’occupant allemand et le représentant français de la collaboration René Bousquet, en préparation de la rafle du Vel d’hiv. Les juifs français auraient été protégés de la shoah par le trio Bousquet, Laval, Pétain, comme l’ont affirmé, encore récemment, certains représentants de l’extrême droite française. Avec une mauvaise foi confondante, les trois comparses cherchent, dans cet ouvrage, à minimiser les responsabilités initiales dans la catastrophe du gouvernement de Vichy.

Jean-Marc Berlière et ses co-auteurs, habitués à interpréter les archives de police au service de la cause nationale, prennent le prétexte d’un discours d’Emmanuel Macron – mettant en cause l’antisémitisme du gouvernement de Vichy –, pour réécrire l’histoire à l’aune de leur volonté d’ôter toute responsabilité au gouvernement de la France de Vichy dans la déportation des juifs.

Faisant preuve d’une rigueur sans faille, Laurent Joly réfute chacun de leurs arguments, citant pour chaque événement contesté les historiens dont la quête et l’excellent usage des sources est largement reconnu, de Paxton à Klarsfeld, mis en cause par les auteurs falsificateurs. Il parvient ainsi à démonter l’énormité de leurs acceptions. Joly n’omet aucune référence nécessaire à sa démonstration, y compris juridique. Il pratique ainsi à un retour salutaire sur une factualité rarement située avec une telle précision. En reliant, par exemple, à juste titre, la loi du 4 octobre 1940 à celle de l’été 1942, il redonne à l’idéologie antisémite, qui préside aux décisions des représentants de Vichy, toute sa dimension ; ne serait-ce qu’en soulignant la mauvaise foi propagandiste des serviteurs de Vichy, dont aujourd’hui Éric Zemmour se fait le propagandiste, par la rafle de près de 40 000 enfants juifs, français de par la loi, sous prétexte qu’ils étaient enfants d’étrangers.

Merci à Laurent Joly. Plus que jamais aujourd’hui nous avons besoin de clarté et de lire l’histoire, sans rien omettre, y compris ce qui gêne les contemporains.

Michèle Riot-Sarcey


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1ers commentaires sur l'article du CVUH

Cet article qui fut simultanément mis en ligne sur le blog mediapart du CVUH et sur un autre site du CVUH se voulait donc comme une recension non pas de notre livre que de toute évidence Michèle Riot-Sarcey n’avait pas lu mais comme une recension de la critique pour le moins négative dont Laurent Joly s’était fendu dans la RHMC ( Revue d’histoire moderne et contemporaine). En fait, il n’était même pas sûr que Riot-Sarcey ait lu complètement l’article de Laurent Joly. La densité d’erreurs factuelles dans un texte si court suffisait à mon sens à le déconsidérer aux yeux de n’importe quel historien :

- Jean-Marc Berlière aurait bénéficié d’un accès privilégié aux archives de la police.

- Nous, auteurs de l’ouvrage incriminé, aurions la volonté d’ôter toute responsabilité au gouvernement de la France de Vichy dans la déportation des Juifs.

- Il aurait existé en été 1942 une loi concernant les Juifs.

- Il aurait existé une rafle de près de 40 000 enfants juifs, français de par la loi.

On ne reprochera pas à Michèle Riot-Sarcey qui s’est spécialisée dans l’histoire du féminisme d’avoir des lacunes dans l’histoire de la Shoah en France, mais bien d’écrire des bêtises sur un sujet qu’elle ne connaît pas.

Ce faisant elle ne fait que se déconsidérer elle-même – et le CVUH par la même occasion.

Au-delà de sa médiocrité, Riot-Sarcey va quand même très loin dans la diffamation calomnieuse vis-à-vis de son collègue Berlière et de ses coauteurs et même de Brunet vis-à-vis duquel elle a manifestement des comptes à régler «  Du point de vue de ces historiens révisionnistes, l’autre est l’ennemi, notamment le juif, étranger par définition selon le point de vue des véritables falsificateurs » Prétendre que le Juif est nécessairement un étranger et donc un ennemi relève de l’antisémitisme et de l’incitation à la haine raciale et enfreint donc la loi. Il va de soi que si Berlière est antisémite, ses co-auteurs et donc moi-même le sont aussi. Je suis tout à fait solidaire de mes collègues qui ont porté plaine, mais, je ne les ai pas suivis, cette aventure juridique n’entrait pas dans mes priorités.




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Pourquoi Brunet ?

Un mot sur Jean-Paul Brunet, qui n’est impliqué en aucune façon dans notre ouvrage Histoire d’une falsification. Je ne vais pas reproduire ici sa fiche wikipédia, mais juste rappeler les faits qui ont généré l’acrimonie de sa collègue. Ancien élève de la rue d’Ulm et professeur d’histoire contemporaine dans cette même institution, il apparaissait, en 1997, comme une personnalité intellectuelle et morale au-dessus de tout soupçon lorsqu’à l’occasion du procès Papon le ministre de l’intérieur Chevènement annonça son intention de permettre l’accès aux archives de la police, notamment pour faire la lumière sur ce qu’il deviendra convenu d’appeler le massacre du 17 octobre 1961. Brunet se vit offrir le 26 mai 1998 par le préfet de police de Paris un accès exceptionnel à l’ensemble des archives et te 29 mai 1999, le même Brunet bénéficiait d’une autre dérogation spéciale pour explorer les archives judiciaires, ce qui lui permit de sortir la même année son livre Police contre FLN consacré au 17 octobre 1961 (Voir, par exemple Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961, Les Algériens, la terreur d’État et la mémoire, Taillandier, 2008, pp.25-27). Ce livre contredisait sur un certain nombre de points celui que l’historien amateur Jean-Luc Einaidi avait publié en 1991 (La Bataille de Paris – 17 octobre 1961 , Le Seuil) et qui faisait figure de référence. Einaudi était ainsi parvenu au chiffre de 200 morts algériens en lien avec la manifestation et la répression du 17 octobre, là où Brunet n’en décomptait, archives à l’appui, qu’une trentaine, vraisemblables, cinquante au maximum.

Mais pour convaincre, Brunet souffrait d’avoir bénéficié d’un privilège, et il fut catalogué par beaucoup de militants et par certains de ses confrères historiens, par exemple, Claude Liauzu, « historien patenté » ou « historien officiel ». Vingt-cinq ans après, pour beaucoup d’historiens militants le chiffre d’Einaudi, 200 morts le 17 octobre est devenu en quelque sorte un avantage acquis, et pour eux, Einaudi reste l’historien de référence de ces évènements. Dans les années 2015-2020, j’ai entendu au moins deux fois sur Arrêts sur Images Mathilde Larrère, qui par parenthèse fut membre du CVUH, s’en tenir à Einaudi, rien qu’Einandi pour parler du 17 octobre 1961.

Et Berlière dans tout ça ?

Contrairement à ce que laisse entendre Michèle Riot-Sarcey,, les relations entre Brunet et Berlière n’ont jamais été cordiales, si bien que lorsqu’en décembre 2001 la préfecture de police de Paris ouvrit sans restriction ses archives sur la répression anti-FLN, c’est à Berlière qu’Einaudi s’adressa pour être éclairé sur les archives de la police. Cet épisode 1998-2001 où la question de l’ouverture des archives avait fait l’objet de controverses au sein de la communauté historienne fit l’objet d’un intéressant article de Jean-Marc Berlière dans la RHMC (Revue d’Histoire moderne et contemporaine). Cet article est maintenant en ligne

https://shs.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2001-5-page-57?lang=fr#re7no7

Sans prendre le parti de Brunet dans la polémique qui n’en finira jamais entre Brunet et Einaudi, Berlière notait

« les « archives » de la Préfecture de police ne sont plus « une citadelle imprenable » et celles qui concernent octobre 1961 sont ouvertes. La preuve en est que Jean-Luc Einaudi a pu tout à la fois y accéder depuis fin 2000 et publier dans la foulée un livre  (son quatrième pour l’année 2001) signalé par un bandeau « après l’ouverture des archives » qui montre – le bandeau, pas le livre – qu’enfin on saura tout d’un événement « occulté » (sic) […]
Ces réflexions sont celles d’un « historien universitaire » qui passe depuis bientôt deux décennies ses congés et loisirs dans « une citadelle », à consulter des archives parfois « interdites », mais surtout négligées , dont il n’avait pas conscience de devoir l’accès à une quelconque complaisance ou prudence de sa part. »


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La plainte contre Riot-Sarcey et le CVUH

Après avoir tenté en vain de trouver une solution à l’amiable, à savoir la suppression de la phrase diffamatoire, mes amis René Fievet et Jean-Marc Berlière s’engagèrent donc vers le dépôt d’une plainte. Natacha Coquery, présidente du CVUH et Michèle Riot-Sarcey, auteure de l’article, ont donc été citées à comparaître devant la 14e chambre du tribunal de Bobigny

« sur le fondement de l'article 29 alinéa 1 de la loi du 29 juillet 1881, des faits de diffamation et complicité de diffamation.
[Les plaignants] sollicitent la suppression de l'article litigieux tant sur le site du CVUH que sur le blog du CVUH hébergé par le site Médiapart, ainsi que, le cas échéant, sur toute autre plateforme et sous toute autre forme ou il apparaîtrait.
Ils sollicitent également la publication sur le site du CVUH et sur le blog lui
appartenant hébergé par le site Médiapart du jugement de condamnation à intervenir, ainsi que le versement de dommages et intérêts en réparation du préjudice causé à chacun des demandeurs. […]
Dans le courrier de citation, il est précisé que le motif de la plainte est la phrase ci-dessous qui implique que les auteurs sont antisémites et xénophobes.

« Du point de vue de ces historiens révisionnistes, l'autre est l'ennemi, notamment le juif, étranger par définition selon le point de vue des véritables falsificateurs. »

Il est demandé au tribunal d’ordonner la suppression de l’article litigieux et la publication intégrale du jugement sur le site du CVUH et sur le blog Mediapart. Comme réparation du préjudice subi, il est demandé 5000 € pour Jean-Marc Berlière et 1000 € pour René Fiévet (plus grand préjudice pour Berlière, historien et universitaire reconnu dans son domaine.)

Il est demandé aussi 3000 € pour chacun, pour couvrir les frais de justice.


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Lorsque le CVUH se pose en victime

En fait, le CVUH était devenu une association sinon moribonde, du moins roupillante, si l’on en croit le compte-rendu de l’Assemblée générale de 2024 https://cvuh.hypotheses.org/1415  ou le fil des activités du CVUH.

J’imagine qu’il y a dû y avoir quelques remous au sein de cette fine équipe lorsque la présidente Natacha Coquery - elle avait sans doute accepté ce poste "pour rendre service" - a réalisé que son aînée, fondatrice du comité et historienne du féminisme, avait compromis l’association en mêlant dans un seul billet diffamation et âneries historiques. Mais où va-t-on trouver l’argent pour faire face à ce procès?

Miracle de l’effet Forteresse assiégée, tout ce petit monde, les roupillants de l’association, les anciens, les sympathisants, la nébuleuse des bien-pensants, va se retrouver unie pour dénoncer une « procédure baillon ». Le lancement d’une cagnotte sera une géniale idée pour battre le ban et l’arrière-ban, joignant ainsi l’utile à l’agréable, récolter des sous et se poser en victime d’un nouvel avatar de la bête immonde qui renaît dans les bedaines des trois « historiens révisionnistes ». A vrai dire, cet appel à cagnoter se fit parfois de façon plutôt élégante, par exemple ce courriel que j’ai trouvé dans ma messagerie, envoyé à la liste de l’AFHé (Association française d’histoire économique)


Chères et chers collègues, Chers amis, chères amies,
Nous venons d’apprendre que le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH) a été cité à comparaître devant le Tribunal judiciaire de Bobigny statuant en matière correctionnelle par Jean-Marc Berlière et René Fiévet, deux des trois auteurs d’Histoire d’une falsification. Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif (Paris, L’Artilleur, 2023). La première audience de fixation est prévue le 20 mars prochain à 13h devant la 14ème chambre du tribunal de Bobigny. L’objet de cette procédure pénale est un article publié sur notre site <https://cvuh.hypotheses.org/1549> vantant les qualités argumentatives d’un texte de Laurent Joly paru dans la Revue d’histoire moderne et contemporaine (n° 70-3, 2023/3, p. 151-171), lequel mettait en cause la véracité des allégations contenues dans l’ouvrage de nos accusateurs.Natacha Coquery, en tant que présidente du CVUH, et Michèle Riot-Sarcey, en tant qu’auteure de l’article du CVUH, sont accusées de diffamation pour la phrase suivante : « Du point de vue de ces historiens révisionnistes, l’autre est l’ennemi, notamment le juif, étranger par définition selon le point de vue des véritables falsificateurs. »
Le CVUH existe depuis 20 ans mais ne dispose d’aucune ressource propre et n’est pas en mesure, loin s’en faut, de payer les frais de justice, évalués à 7 500 euros par notre avocat. Nous ouvrons une cagnotte en espérant votre solidarité sous toutes ses formes, lettre de soutien, accompagnement au procès et aide financière.

Cet appel au soutien financier est fait sur un ton assez mesuré, je l’ai d’ailleurs écrit à Natacha Coquery. Mais ce message fit un véritable buzz de copinage militant et certains groupements n’hésitèrent pas à prendre ouvertement le parti du CVUH au nom de la méthode historique !!! Tel fut le cas du groupe H2C (Historiennes et Historiens du contemporain)

Chères et chers collègues,
Le message que nous relayons ci-dessous est l’occasion pour H2C de réaffirmer son attachement aux exigences de la méthode historique qui requiert la mise au jour nette et sûre des faits du passé tout autant que l’honnêteté des interprétations. Ces valeurs partagées par la communauté des chercheurs et universitaires sont la condition de l’avancée des connaissances sur les sociétés passées et le fondement des libertés académiques.
Nous nous plaçons aux côtés du Comité de Vigilance face aux Usages publics de l’Histoire (CVUH) pour les défendre et les promouvoir.

Il est à noter qu’à ce jour, aucun historien contemporain reconnu ne s’est aligné sur Joly pour stigmatiser Berlière.

Dans la rubrique du copinage, il faut citer la LDH pour qui apparemment la diffamation est un droit de l’homme.


Communiqué LDH
« La LDH (Ligue des droits de l’Homme) appuie sans réserve le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH), sa présidente, Natacha Coquery, et Michèle Riot-Sarcey, autrice de l’article publié sur le site du CVUH, et qui font l’objet d’une d’une plainte en diffamation. Le CVUH est une association d’historien-ne-s et d’enseignant-e-s créée contre la loi du 23 février 2005 qui légiférait sur l’enseignement du « rôle positif » de la colonisation. Son objectif est, depuis cette date, d’argumenter et de lutter contre les instrumentalisations du passé dans l’espace public, en facilitant la diffusion de connaissances et débats susceptibles de favoriser une meilleure compréhension du passé.
L’article incriminé souligne les qualités du compte rendu de l’historien Laurent Joly, spécialiste éminent de l’histoire de Vichy, publié dans la Revue d’histoire moderne et contemporaine. De manière rigoureuse et se fondant sur l’administration de la preuve, Laurent Joly conteste la véracité de certaines affirmations de Jean-Marc Berlière, d’Emmanuel de Chambost et de René Fiévet dans leur livre, Histoire d’une falsification. Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif.
Dans cet ouvrage, ces auteurs s’inscrivent dans la continuité d’interprétations visant à minimiser la collaboration de l’Etat français dans la Shoah durant l’Occupation. Ces derniers font ainsi écho aux propos tenus par Eric Zemmour en 2021, affirmant que « Vichy a protégé les juifs français et donné les juifs étrangers ». Aux yeux des auteurs, il s’agirait d’une proposition « irréfutable » sur le plan historique, alors que sa fausseté est scientifiquement documentée par la communauté des historiens.
Ce procès en diffamation à l’encontre de ces chercheurs du CVUH, alors qu’ils se fondent sur les exigences de la méthode historique et l’honnêteté des interprétations, est typique des procédures bâillons, démontrant la nécessité de lutter contre celles-ci, ainsi que vient de le préconiser la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH)1.
Le CVUH exerce une indispensable et même salutaire vigilance dans un contexte marqué par l’expression toujours plus décomplexée des extrêmes droites. Depuis toujours, celles-ci cherchent à crédibiliser des manipulations du passé mettant ainsi l’histoire au service d’un récit politique. En 2025, vingt ans après la loi de 2005, cette constante de leurs discours, doit encore et toujours être combattue. C’est pourquoi, la LDH, au sein de laquelle les historien-ne-s, de Charles Seignobos et Alphonse Aulard à Pierre Vidal-Naquet et Madeleine Rebérioux, ont toujours tenu un rôle essentiel, au temps de l’affaire Dreyfus ou de la guerre d’Algérie comme aujourd’hui, apporte son total soutien au CVUH. »

Le lecteur de ce communiqué ne saura donc pas de quelle diffamation il s’agit. Pas le moindre lien vers l’article incriminé où l’on pourrait constater que Madame Riot-Sarcey a une vision très personnelle de la « méthode historique




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L'article de Libération (19 mars 2025)

Le 17 mars sur internet et le 19 mars dans sa version Papier, le quotidien Libération publie un article de Clémence Mary intitulé « Les historiennes Michèle Riot-Sarcey et Natacha Coquery attaquées en justice après avoir accusé de révisionnisme les auteurs d’un livre sur l’Occupation ».

Pour les lecteurs qui ont un abonnement à Libé l’article se trouve sur ce lien.

Pour les autres, je ne peux malheureusement pas recopier l’intégralité de l’article sans enfreindre le droit d’auteur mais je peux en donner des extraits, tout d’abord l’énoncé du vrai motif de la plainte :

« 
Le motif de la plainte tient en une phrase, écrite par Michèle Riot-Sarcey dans un article paru sur le site de l’association fin 2024 et visant les trois auteurs, par ailleurs membres d’une obscure association, «Pour une histoire scientifique et critique de l’Occupation» : «Du point de vue de ces historiens révisionnistes, l’autre est l’ennemi, notamment le Juif, étranger par définition selon le point de vue des véritables falsificateurs.»
»

Le titre qui indique que le CVUH serait attaqué pour avoir accusé les auteurs de révisionnisme est donc mensonger.

Clémence Mary présente Jean-Marc Berlière comme un « proche de l’extrême-droite … connu pour ses analyses régulièrement taxées de révisionnistes » deux autres mensonges, puisque Jean-Marc Berlière n’a jamais été proche de l’extrême-droite et que ses analyses n’ont été taxées de révisionnistes que par un seul historien, Laurent Joly.

Après le paragraphe où Berlière est présenté comme « extrême-droite », un gros sous-titre saute à la figure : « La thèse : minorer l’antisémitisme de la politique de Vichy » Qu’y a-t-il derrière cette formulation parfaitement crétine ? minorer quelque chose, ce n’est pas une thèse, il faut préciser le niveau de référence que l’on veut abaisser. Vichy étant devenu le mal absolu, on n'a jamais tort de dire qu’il est pire que tout ce que l’on avait dit avant mais toujours tort de vouloir rectifier des erreurs dans l’autre sens.

Au reste, Clémence Mary fait semblant de faire son travail de journaliste en interrogeant les deux parties, Jean-Berlière de qui elle reproduit un propos insignifiant et Michèle Riot-Sarcey et finalement, elle demande à … Laurent Joly de démêler le vrai du faux.

« L’auteur de la Falsification de l’histoire (Grasset, 2022) continue de décrypter dans son dernier livre, le Savoir des victimes (Grasset, février 2025), les rouages de la mécanique de «falsification» de l’histoire de Vichy, qui prétend notamment s’appuyer sur un doute quant à la nationalité française des enfants juifs déportés nés en France. »

Remarque EdC : On retrouve dans toutes ses récentes publication la même rhétorique de Laurent Joly : « Il est faux de dire que Vichy aurait protégé les Juifs français entre juillet 1942 et l’été 1943, car environ 8000 enfants de parents juifs étrangers ont été déportés, et la plupart d’entre eux avaient la nationalité française (le chiffre de 40000 avancé par Michèle Riot-Sarcey) est complètement fantaisiste). Nous n’avons jamais contesté le fait que ces enfants juifs avaient été donnés aux Allemands tout comme leurs parents juifs étrangers. Il est donc plus exact de préciser que ce sont les familles juives de parents français qui ont échappé à l’arrestation et à la déportation entre juillet 1942 et août 1943, mais cette prudence de langage n’avait été jusqu’à présent exigée d’aucun historien, par exemple, Hilberg, Ferro, Azéma, Cointet, qui n’ont pour autant jamais été taxés d’antisémitisme ou de xénophobie.

Le plus piquant de l’article vient ensuite

« Doute qui s’écroule devant l’analyse des faits historiques, démontre Laurent Joly. L’historien, habitué des menaces de procès sur ses propres recherches, dénonce auprès de Libé «une inversion du réel» et regrette la publicité faite au courant révisionniste à travers cette nouvelle affaire. »

Face à cette inversion du réel qui ferait de l’ultra-conformiste Joly un « habitué des menaces de procès sur ses propres recherches », on ne peut qu’évoquer l’affaire Slocombe qui en 2018 fit des historiens Berlière et Joly deux adversaires irréconciliables.



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2018, L’affaire Slocombe où l’on voit Laurent Joly demander 50000 Euros de dommages et intérêts à une maison d’édition.


Selon sa notice wikipédia, Romain Slocombe est un écrivain réalisateur traducteur illustrateur bédéiste et photographe français. En 2011, il publia un roman historique, Monsieur le Commandant, histoire d’un écrivain pétainiste sous l‘Occupation, fiction qui lui valut le prix Nice Baie des Anges, et en 2016, il réitéra avec le roman historique de la même période avec l’affaire Léon Sadorsky qui relatait les aventures d’un inspecteur de police pétainiste et antisémite, arrêté par la Gestapo pour d’obscures raisons, envoyé à Berlin, et qui, de retour à Paris servit d’informateur à la Gestapo.

En juillet 2018, la société CNRS éditions et Laurent Joly assignait l’éditeur de Slocombe, Robert Laffont pour contrefaçon d’un ouvrage Berlin, 1942, publié en 2009 et présenté par Laurent Joly, et reproduisant, avec les annotations de Joly, le rapport écrit par l’inspecteur Louis Sadosky à son retour de Berlin.

Il était demandé aux éditions Robert Laffont et à Slocombe de verser 40000 € à Laurent Joly pour violation de son droit moral. Plus 15000 € au titre de l’article 700 du code civil … et un certain nombre d’autres demandes financières.

CNRS éditions et Joly arguaient que Joly historien avait consacré une large partie de son activité de chercheur au rôle de la Préfecture de Police de Paris dans la persécution des juifs français pendant l’occupation , qu’il avait pu avoir accès au dossier de l’inspecteur Louis Sadosky aux Archives Nationales etc...

Slocombe et Robert Laffont n’eurent aucun mal à montrer qu’il avait découvert le personnage de Sadosky dans l’ouvrage de Jean-Marc Berlière Policiers français sous l’Occupation. D’après les archives inédites de l’épuration, paru chez Perrin en 2001, qu’il était entré directement en contact avec Jean-Marc Berlière qui lui avait donné un certain nombre de renseignements et l’avait guidé dans un certain nombre de centres d’archives notamment celles de a préfecture de police où Slocombe avait dépouillé, un grand nombre de dossiers d’épurations de policiers.

Fort logiquement, Laurent Joly et son éditeur furent déboutés et condamnés aux dépens avec une majoration de 14000 € à payer ad solidum à Slocombe et son éditeur.

Depuis ce procès, les rapports entre Berlière et Joly ne se sont guère arrangés






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