Histoire d'une falsification Vichy et la Shoah dans l'histoire officielle et le discours commémoratif ( janvier 2023) mise à jour 09/10/2023 |
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C'était en 2007 L'Affaire Paxton C'était en 2014 Alain Michel et l'affaire Zemmour C'était en 2020 Laurent Joly, une certaine idée de la science
Décembre 2021 Par René Fiévet, critique de L'Etat contre les Juifs
Janvier 2022 Falsification et perversion
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Histoire d'une falsification, le livre, janvier 2023 Critiques de presse La critique de Laurent Joly mars 2023 Réponse sur les médias qui nous donnent la parole Réponse sur les professionnels et les amateurs Réponse sur le moindre mal. La critique de Laurent Joly septembre 2023 |
Bonus
Une falsification ordinaire dans le cinéma: Simone, le voyage du siècle
à propos de Simone Veil Entretien avec ChatGPT sur la Doxa, Vichy, etc... |
Résumé
La commémoration du 80ème anniversaire de la « rafle du vel d’hiv » le 17 juillet 2022, a donné lieu à un exemple édifiant d’instrumentalisation politique de l’histoire. Devant le flot
d’approximations hasardeuses, d’affirmations erronées, d’élisions
proférés jusqu’au plus haut niveau de l’État, cet usage de l’histoire à
des fins idéologiques, cet oubli des règles élémentaires de la recherche
historique, ce naufrage de l’histoire scientifique et critique, les
auteurs rendent sa complexité à une
question qu’on ne saurait réduire à une initiative purement vichyste, au
point d’effacer les circonstances - la défaite, l’armistice,
l’occupation- et le rôle essentiel de l’occupant nazi quasirs de cet ouvrage, venus d’horizons différents, mais épris d’un
même souci de rigueur, ont souhaité redonner sa cment absent
des discours officiels.
Cette culpabilisation, ces dérapages des discours commémoratifs s’inscrivent dans une dérive idéologique suscitée par quelques historiens et largement relayée dans les media grand public, dérive qu’il convient également de mettre en lumière et d’analyser. Jean-Marc Berlière, Emmanuel de Chambost, René Fiévet, Histoire d'une falsification, Vichy et la Shoah dans l'histoire officielle et le discours commémoratif, L'Artilleur, janvier 2023 Commandez le livre à votre libraire préféré. | ||
Genèse du livre Sur des pages de ce site créées en 2020, 2021 et 2022,
j'avais eu l'occasion d'épingler les accomodements d'un certain nombre
d'historiens avec la science historique en même temps qu'était lancée,
sous prétexte de combattre l'extrême-droite et la menace Zemmour, une
chasse aux sorcières vis-à-à-vis de tous les historiens qui se
risquaient à écrire qu'à partir de juin 1942, lors de la mise en oeuvre
de la solution finale nazie, le gouvernement Laval avait bel et bien
tenté de protéger les Juifs français de la déportation. Jean-Marc
Berlière, spécialiste reconnu de la police et auteur de La police des Temps noirs avait carrément été étiqueté "révisionniste" par Laurent Joly pour avoir soutenu les thèses d'Alain Michel que les habitués de ce site connaissent bien. Jean-Marc
Berlière et moi étions depuis longtemps sur la même longueur d'onde. Le
discours que le président Macron prononça à Pithiviers le 16 juillet
2022, à l'occasion de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, nous
décida à réagir et à nous lancer dans l'aventure de ce livre.
Une fois de plus, "Vichy" apparaissait comme le principal acteur de la
persécution des Juifs. Le discours présidentiel présentait en effet les
déportations de Juifs vers l'Est comme une conséquence de la politique
antisémite de Vichy ménée depuis octobre 1940. René Fiévet (Voir sur ce site l'article où il décortique les contradictions de Laurent Joly) a renforcé notre équipe pour donner à notre travail un éclairage original. Je reprends la présentation qu'en a faite René Fiévet pour l'association HSCO dont nous sommes tous les trois membres: "La structure du livre a été très facile à déterminer, en s’appuyant sur les points forts de chacun : l’histoire pour Jean Marc Berlière, l’historiographie pour moi-même (j'ai repris certaines observations publiées sur ce site), et l’analyse des politiques mémorielles en ce qui concerne René Fiévet. L’idée de base est la suivante : on assiste depuis une trentaine d’années à une surenchère mémorielle qui se traduit par un récit faux historiquement, sous l’impulsion d’historiens devenus idéologues, avec des conséquences directes sur le discours public mémoriel. Le cœur du livre est bien sûr l’analyse historique, prise en charge par Jean Marc, qui s’attache à rétablir la vérité historique. Surtout, il remet au premier rang l’écrasante responsabilité des Allemands dans le drame de la déportation, totalement absente du discours d’Emmanuel Macron. S’agissant de la responsabilité française, Le livre s’écarte de la version développée par Serge Klarsfeld, totalement axée sur le rôle exclusif de Bousquet dans les négociations avec les Allemands, présenté comme une sorte d’électron libre uniquement guidé par ses propres objectifs personnels (l’autonomie de la police française). Le livre développe l’idée que Bousquet, en réalité, n’a fait qu’obéir aux instructions de Laval et que, contrairement à la thèse de Klarsfeld, le marchandage protection des juifs français contre livraison des juifs étrangers est au cœur de la négociation entre Vichy et les Allemands. De ce point de vue, le livre se situe clairement dans la lignée des travaux de l’historien Alain Michel. Ensuite, Emmanuel analyse les dérives de l’historiographie. Sa thèse est que ce phénomène n’est pas le seul fait des historiens, mais semble aussi avoir répondu à une demande des milieux intellectuels français à partir des années 70, sans doute en réaction au discours gaulliste-résistant des années d’après-guerre. Cette conjonction entre historiens et milieux intellectuels a été par la suite largement relayée par les médias qui jouent dorénavant un rôle déterminant dans le récit historique actuel sur cette période. Emmanuel fait son miel de la source inépuisable d’erreurs et inexactitudes diffusées dans les médias avec, hélas, la complicité active des historiens idéologues. Il pointe aussi les contradictions de Serge Klarsfeld, et notamment les différences entre ses écrits d’hier (Vichy-Auschwitz en 1983) et d’aujourd’hui. Dans la troisième partie, consacrée aux politiques mémorielles, René développe l’idée selon laquelle ces historiens idéologues (Serge Klarsfeld, Annette Viewiorka, Pascal Ory, Laurent Joly …) sont devenus des historiens organiques de la mémoire nationale (au sens où l’entendait Antonio Gramsci), exerçant une influence directe sur le discours présidentiel. Ce qui caractérise ces historiens, ce n’est pas leur production intellectuelle, c’est leur place dans le champ politique et social. Il procède à une longue analyse de l’évolution de ce discours présidentiel au cours des trente dernières années, en abordant notamment un certain nombre d’aspects juridiques souvent méconnus (l’ordonnance du 9 août 1944, le décret du 3 février 1993, la loi du 10 juillet 2000, la jurisprudence du Conseil d’Etat, et notamment le fameux arrêt Papon de 2002). Sa thèse est que ce discours volontairement culpabilisateur (« la faute de l’Etat », « la faute de la France », « un crime commis en France par la France », dixit François Hollande) est un discours pétainiste au strict sens politique du terme, en ce sens qu’il postule que la souveraineté française au cours de cette période a bien été représentée par le régime du maréchal Pétain. En effet, sans cette re-légitimation du régime de Vichy, on ne peut pas établir de culpabilité nationale. Il appelle cela le « pétainisme légitimiste ». C’est le formidable paradoxe du discours mémoriel actuel qui relègue au rang des accessoires la France libre et la Résistance, dont le seul rôle dans notre histoire a été de « sauver l’honneur », mais rien de plus."
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Les critiques dans la Presse Alain Michel, Le Figaro-Histoire, février-mars 2023 Transformer une indignation en une démonstration rigoureuse et scientifique n’est pas monnaie courante. L’indignation fut celle de Jean-Marc Berlière, Emmanuel de Chambost et René Fiévet après le discours prononcé par le président de la République le 17 juillet 2022 […] qui accumulait les les poncifs et les idées reçues sur le déroulement de la Shoah en France […] une doxa qui peut se résumer ainsi : le gouvernement de Vichy a désiré, organisé et réalisé les arrestations et déportations de près de 80000 Juifs vivant en France, presque tous assassinés à Auschwitz […] Les trois auteurs ont décidé de proposer un ouvrage qui permet au public non seulement de comprendre les problèmes que pose la « doxa » mais également de découvrir de manière plus exacte, plus historique, de quelle façons les nazis ont appliqué la solution finale de la question juive dans l’hexagone, et quelle part y a pris le gouvernement de Vichy.
Jean-Louis Panné, L’Ours, avril 2023 En démontant les dérives et contradictions des tenants d’une histoire soumise à des intérêts idéologique, les trois auteurs nous ramènent vers l’Histoire tout court. Un travail sans concession, qui doit faire date et qui montre qu’on ne peut pas inféoder l’histoire à une quelconque idéologie au risque de distordre les faits et nourrir, par là, une vision faussée d’une époque suffisamment sombre.
Jean Lopez, Science et vie Guerres et Histoire n°74 Le ton est celui du pamphlet, mais l’argumentation est celle d’historiens. Où l’on s’aperçoit que décidément, Vichy « est un passé aui ne passe pas », selon la formule d’Eric Conan et Henry Rousso. Où l’on découvre également que si l’on crie « Vichy » les couloirs des universités se transforment en champs de tir … A lire pour comprendre le débat sur le fond, les manœuvres, les intimidations..
Limore Yagil, Cahiers Bernard Lazare, Septembre 2023 En lisant ce livre courageux, le lecteur apprendra beaucoup sur Vichy et les Juifs, les déportations, les manipulations de l’histoire par bon nombre d’historiens inscrits dans l’héritage de Paxton. Enfin un livre qui ne réduit pas le régime dit de « Vichy » au r^^ole de supplétif des nazis. Enfin un livre mettant en évidence le festival d’imprécisions d’approximations et d’erreurs relatives au rôle tenu par la France et son « gouvernement » dans la tragédie de l’Occupation. Pour mieux comprendre notre passé et notre présent et avenir, il est vivement recommandé de lire cet important ouvrage. |
La critique de Laurent Joly mars 2023 En mars 2023, deux mois après la publication de notre Histoire d'une falsification, les Editions Calmann Levy publièrent sous un nouveau formatage le numéro 212 de la revue RHSHO, publié en 2020 (La France et La Shoah: Vichy, l'occupant, les victimes, l'opinion). L'introduction de Laurent Joly a été complètement refondue. Notre livre y est attaqué dans une longue note de bas de page, la note 18. « [...] Caduque sur le plan scientifique et cantonnée à la littérature
pétainiste à partir des années 1950-1960,
la controverse sur le « moindre mal » a rebondi depuis
une dizaine d’années hors du cercle (toujours plus restreint) des
défenseurs du régime pétainiste. S’élevant contre une supposée
doxa incarnée par Paxton et Klarsfeld, l’historien israélien
Alain Michel en a renouvelé les termes dans un ouvrage, Vichy et la
Shoah, publié en 2012 [...]
S’il a suscité la consternation des spécialistes,
cet enrobage « scientifique » des vieilles justifications
pétainistes n’a pas échappé à l’attention des milieux
d’extrême droite. Dès 2014, dans son best-seller Le Suicide
français, Éric Zemmour s’appuie sur Vichy et la Shoah afin de
mettre en pièces la célèbre étude de l’historien américain
Robert Paxton, [...]
Cette offensive, à première vue déroutante,
interroge. Sur le plan international, elle s’assimile aux
« falsifications sur la Shoah » (Holocaust distortion) [...] Les polémiques sur Vichy lancées par Zemmour relèvent du même phénomène, désormais relayées, épisodiquement, par de grands médias conservateurs ou populistes [Note 18]. Note 18: Dans la revue Le Figaro Histoire, Alain Michel a ainsi pu promouvoir sa grande idée (« le bilan final de la Shoah, plus modéré qu’ailleurs, est d’abord et avant tout le résultat » de l’action de Vichy), avant d’achever de se décrédibiliser dans un entretien accordé au mensuel Causeur : « [La] seule erreur [de Zemmour] tient dans sa présentation du sujet. Quand il dit : “Pétain a sauvé les Juifs de France”, c’est inexact. Ce n’est pas Pétain, c’est Laval, aidé par Bousquet » ! Cité par Stéphane Amar, « Alain Michel : “Vichy désirait protéger tous les Français, dont les Juifs” », Causeur, novembre 2021, p. 59. Voir aussi la tribune publiée par Jean-Marc Berlière, historien proche de Michel, sur les sites internet de Causeur et de Front populaire en août 2022 : l’auteur, qui peine à comprendre ce qui s’est réellement joué en 1942 (il ne prend pas la mesure de la concession absolument exorbitante du chef de la police René Bousquet aux Allemands le 2 juillet 1942, qui, précisément, fait dès lors de Vichy un complice de la politique nazie, contrairement à 1941 et à 1943-1944, où l’État français était et redeviendra l’exécutant des rafles antijuives décidées par l’occupant), multiplie les explications confuses, les poncifs et les saillies grandioses : « Peut-on suggérer aux “autorités” et aux médias que les prochaines commémorations soient traitées avec un peu plus de rigueur par respect pour les victimes auxquelles on doit la vérité et pas des reconstitutions hasardeuses ? » En pleine dérive, Berlière a cosigné un pamphlet avec deux amateurs d’histoire, cadres supérieurs à la retraite invoquant une approche « scientifique et critique de l’Occupation » : Histoire d’une falsification (L’Artilleur, 2023). Pour ces grands détracteurs, qui n’écrit pas que les dirigeants de Vichy ont protégé les Juifs français en sacrifiant les étrangers est un « historien officiel » à la fois idéologue, sectaire, opportuniste et malhonnête ! L’inversion du titre de l’essai La Falsification de l’Histoire, publié par l’auteur de ces lignes, notamment pris pour cible, est significative. C’est bien la réalité historique, établie par des décennies de recherches et des milliers de travaux, que Berlière et ses amis sont amenés à inverser. Encore une fois, si les Juifs français ont davantage survécu que les Juifs étrangers, c’est précisément parce que Vichy souhaitait se débarrasser de ces derniers. Transformer cette complicité criminelle au génocide des Juifs par les nazis en politique de « moindre mal » (qui loin d’ailleurs de protéger les Juifs français les a, au contraire, exposés au pire, dès l’été 1942, avec la livraison de plusieurs milliers d’enfants nés en France) relève de l’erreur de raisonnement ainsi que d’une méconnaissance des marges de manœuvre des dirigeants pétainistes et de leurs justifications de l’époque. Quant aux approximations sur le sujet dans les médias ou le discours commémoratif, les spécialistes n’ont pas attendu un tel pamphlet, débordant d’aigreur et d’une présomption insensée, pour les pointer.» . Nous avions attaqué Joly, il répond, c'est de bonne guerre. Commentaire 1: Sur les grands medias conservateurs ou populistes Laurent Joly place les interventions d'Alain Michel ou la publication de notre livre comme une réplique de la pensée d'Eric Zemmour, réthorique cousue de fil blanc, mauvaise foi évidente et inversion de la réalité: Nos écrits, les miens, ceux d'Alain Michel et de Jean-Marc Berlière ont précédé l'entrée en lice de Zemmour. Je l'ai expliqué, il y a plus de 7 ans sur cette page. Parmi les médias qui parlent de nous, on trouve Causeur, Front populaire, le Figaro Histoire (et heureusement quelques autres) alors que d'autres, par exemple Le Monde ou Libération, ou l'audiovisuel du Service public, nous ignorent. C'est précisemment un des sujets centraux de notre livre, que des médias se revendiquant explicitement ou implicitement de la gauche, décident à la fois à qui il convient de laisser la parole et ce que doivent dire ceux à qui on donne la parole, le fameux "C'est cela qu'il faut dire" de Léa Salamé. Il fut un temps où Libération, tout gauchiste qu'il fut, militait pour la liberté d'expression. Ce temps est révolu. Ceux qui sont fidèles à la liberté d'expression - je me revendique comme tel - sont donc contraints à aller s'exprimer là où ils peuvent. Commentaire 2: des professionnels et des amateurs Dira-t-on que c'est de bonne guerre de la part de Laurent Joly de brocarder les amis de Berlière « amateurs d'histoire, cadres supérieurs à la retraite » ? L'amateur que je suis est assez senior pour avoir entendu de Gaulle évoquer le «quarteron de généraux à la retraite »... Jean-Marc Berlière a toujours assumé de travailler avec des "amateurs". Personne n'avait encore songé à lui reprocher. L'amateur que je suis (qui avait publié son premier ouvrage sur la Seconde guerre mondiale plusieurs années avant que Laurent Joly n'en publie un) a su montrer avec quelque succés, je crois, à propos des Juifs du Vaucluse, que le travail d'un Isaac Lewendel, amateur mais rigoureux, invalidait complètement la contribution d'un professionnel qualifiée de "scientifique" par d'autres professionnels. Commentaire 3 : sur la controverse du moindre mal Alain Michel et Jean-Marc Berlière, estampillés "révisionnistes" en 2020, échappent en 2023 à cette étiquette qui se voulait infamante. mais se voient taxés de ressuciter une controverse du « moindre mal » qui aurait été rendue caduque sur le plan scientifique. Notre ouvrage lui-même aurait « transformé cette complicité criminelle au génocide des Juifs par les nazis en politique de moindre mal ». Le « moindre mal » est une formulation pour justifier une politique, a priori ou a posteriori, ce n'est pas une thèse historique. En tous cas, ce n'est point la notre. Par contre nous sommes fermes sur un point: La complicité criminelle de Vichy n'autorise pas à écrire ou à dire n'importe quelle contre-vérité. Par exemple celle que nous citons à la page197: Interrogé sur BFMTV en septembre 2021 « Est-ce qu'à aucun moment on peut dire que l'État français du maréchal Pétain et de Pierre Laval a protégé les Juifs français ? ... Est-ce que c'est une fake news ? » « C'est une totale fake news ! » a répondu Laurent Joly tout en sentant son nez s'allonger de 10 cm. |
La critique de Laurent Joly septembre 2023 Laurent Joly, Anatomie d’une falsification historique. Lecture d’un récent pamphlet sur Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif, dans Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2023/3 (n°72), pp.151-171 Voir Le journal de guerre de Paul Morand et l'utilisation abusive qu'en fait Laurent Joly. |