Histoire (officielle) du PCF 1964  

Sous le Parti, l'Eglise

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Note préliminaire EdC

Quelques remarques sur l'ouvrage, concernant l'ensemble de la période 39-45

Résumé Septembre 39-Fin 42

Résumé Novembre 42-Mai 45

L'Appel du 10 Juillet 1940
7 numéros de la  "Vie du Parti" (1941-1942)
Histoires de falsifications de l'Histoire de 1947 à nos jours

1. Note préliminaire (EdC, 2004)  

En 1964 fut publié par les éditions sociales un ouvrage intitulé "histoire du Parti communiste français, manuel". C'était depuis la fin de la guerre, le premier ouvrage publié par le PCF sur sa propre histoire. L'ouvrage a un aspect très didactique, puisqu'il se présente explicitement comme un "manuel" et que chaque chapître est suivi d'un Résumé, comme s'il s'adressait à des élèves qui devaient au moins apprendre par coeur le résumé. 

Ce manuel a été élaboré par la Commission d'Histoire auprès du Comité Central du Parti communiste français. Ont participé à la rédaction sous la direction de Jacques DUCLOS** et François BILLOUX**: Victor JOANNES*, Jacques CHAMBAZ*, Paulette CHARBONNEL, Henri CLAUDE, Basile DARIVAS, Charles FOURNIAU, Jean FREVILLE, Jean GACON, René MAZELIN, Victor MICHAUT*, Léon MOUSSINAC, Gabriel  PIORO, Henri DELORME, Michel SCHUHWER, Emile TERSEN, Claude WILLARD, Germaine WILLARD.

(**) Membres du Bureau Politique.

(*) Membres du Comité Central

 

Ce sont les résumés des 2 chapitres consacrés à la période de la guerre qui sont reproduits sur cette page. Vu l'encadrement pour le moins vigoureux de membres du bureau politique et du comité central, le caractère officiel et autorisé de cette "histoire" ne fait pas de doute. Quant aux "historiens" présents dans l'équipe, ce sont naturellement de "bons camarades" pour qui la discipline et la fidèlité est une valeur nécessairement supérieure à la soi-disant rigueur historique des historiens bourgeois. Une mention particulière doit être faite à Jean Fréville, de son vrai nom Eugen Schkaff. Selon Robrieux, c'était le nègre "officiel" de Thorez pour la rédaction des différentes éditions de "Fils du Peuple". Il sous-traitait alors en secret le travail à un autre nègre connu de lui seul. Quand Thorez était ministre, il en était le chef de cabinet - adjoint.

Car il s'agit bien de faire une histoire marxiste, pour un parti officiellement marxiste. Chaque chapitre est structuré de façon à bien présenter le contexte historique dans lequel évoluent des classes antagonistes, les liens entre le capitalisme et l'impérialisme, et puis accessoirement, on parle des hommes et des femmes qui ont fait le PCF.

L'objet de cette page n'est pas de polémiquer de façon déloyale avec un texte qui a quarante ans d'age, mais de montrer les rouages de la fabrication, en 1964, d'une histoire mythique à partir d'une histoire réelle.
 

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Quelques remarques (EdC) sur l'ouvrage concernant l'ensemble de la période 39-45

Les noms cités Thorez de Gaulle

Les noms cités

17 communistes sont cités sur la période  Septembre 39- Juin 40. Ce sont pour l'essentiel des députés qui ont été inculpés après la dissolution du Parti et les intellectuels qui ont témoigné à leurs procés.

Sur la période d'occupation proprement dite, Juin 40-Fin 44, 36 communistes sont cités, dont 21 décédés dont la liste forme ainsi une litanie des martyrs officielle.Il n'est en effet pas question, dans ce manuel marxiste, d'entrer dans le détail des rouages du Parti, où dans la psychologie de ses héros: Arthur Dallidet, qui joua, un rôle de première importance dans le fonctionnement de l'appareil, n'est cité qu'en tant que fusillé. Une absente de marque, dans cette liste des martyrs: Danielle Casanova qui donna le nom à tant de rues communistes. Son mari, Laurent, avait été évincé du Comité Central en 1961 avec Marcel Servin. On peut imaginer que les petites mains de la Commission ont anticipé une censure et qu'à la relecture, Duclos n'a pas relevé la lacune.

Les fusillés de Châteaubriant ont évidemment une place de choix dans le martyrologue (p.400), juste après que soit mentionné l'attentat du métro Barbés et ceux qui ont suivi (et qui sont les premières actions de résistance armée des communistes). Aucune mention pourtant n'est faite de l'attentat de Nantes, le premier attentat réussi contre un officier supérieur et qui déclencha l'exécution des otages des otages de Châteaubriant. Pourquoi ? Parce que les otages, arrêtés en automne 40, doivent devenir des résistants de 1940 au lieu de ce qu'ils sont, les victimes collatérales des actions de résistance de l'automne 41. Marcel Bourdarias, 17 ans, auteur de l'attentat avec Gilbert Brustlein et Spartaco Guisco, n'est même pas mentionné dans la liste des martyrs. La place du jeune lycéen est déjà prise par un autre lycéen, Guy Môcquet, sympathique, mais emprisonné avant que le Parti ne fasse de la Résistance. (Voir la page sur Gilbert Brustlein)

Reste donc, pour ceux qui s'en sont sortis vivants,  15 noms cités: Charles Tillon, Jacques Duclos, Fernand Grenier, François Billoux, Waldeck-Rochet, Maurice Thorez, Henri Wallon, Marcel Willard, Henri Rol-Tanguy, Benoit Frachon, Malleret-Joinville et Pierre Villon.

Il y a des absences qui s'expliquent facilement: Par exemple Auguste Lecoeur, grand organisateur du Parti à partir de 42, mais  exclu en 1954 et passé définitivement dans les rangs anticommunistes ou celle de Georges Guingouin, chef communiste du plus grand maquis de la Résistance, mais déjà à demi dissident dés cette époque. Quantité d'autres absences concernant des dirigeants éminents restés pourtant orthodoxes en 1964, je pense, par exemple à Georges Marrane ou Raymond Guyot, suggèrent que chaque mention d'un militant correspond à une intention précise. On peut en dresser le tableau.

Les noms cités dans le "Manuel" 

(Juin 40-Fin 44)

Les commentaires EdC
   
Maurice Thorez Reste officiellement le dirigeant du Parti pendant la période de la Résistance
Jacques Duclos et Benoit Frachon Sont effectivement les 2 dirigeants du Parti pendant la période, même si ce n'est pas dit officiellement dans le manuel.
Charles Tillon Chef des FTP. Il a été disgrâcié en 1952, mais finalement, cette disgrâce était précisémment trop délicate à gérer pour la réécriture de l'Histoire. A partir de 1960, il redevient le chef des FTP et obtient l'imprimatur pour sortir le livre officiel de l'histoire des FTP.
Fernand Grenier Est l'homme qui représenta le parti à Londres 
François Billoux, Waldeck-Rochet Membres du bureau politique en 1964. Internés par le gouvernement Daladier dés le début 40, séportés en Algérie, et représentant ensuite ce dernier au sein de l'assemblée consultative d'Alger, ils sont dans le manuel pour signifier que la période du pacte Germano-Soviétique est pleinement revendiquée en 1964.
Henri Wallon, Marcel Willard, Malleret-Joinville et Pierre Villon Sont des communistes qui ont occupé des places dans les organigrammes de la Résistance unifiée de 1944: Wallon et Willard, "Secrétaires généraux" des  ministères de l'Education Nationale et de la Justice", censés diriger ces ministères en attendant l'arrivée à Paris du Gouvenement provisoire. Malleret-Joinville, chef d'Etat-Major National des FFI, et Pierre Villon, président du COMAC 
Henri Rol-Tanguy Celui qui était aux cotés de Leclerc lorsque ce dernier a reçu la reddition de Von Choltitz.

Le message qui doit s'imposer apparait donc en filigramme de cette liste: Le Parti est entré en résistance dés le moment où il fut dissous pour avoir soutenu un pacte germano-soviétique tout à fait légitime. Premier à rentrer dans la clandestinité, premier à mener une lutte armée, on dut le reconnaitre comme le premier parti de la Résistance donner à ses représentants de grandes responsabilités.

Maurice Thorez

En 1964, le fait que Maurice Thorez ait passé les années 39-43 à Moscou n'est pas reconnu officiellement. Quelques années plus tard, les mémoires de Duclos subit la même contrainte: Parler le moins possible de Thorez tout en le glorifiant. Ci dessous, les 4 passages où le nom de Thorez est cité entre Octobre 39 et Novembre 44.

Le texte du "Manuel" Les commentaires EdC
p. 374

Au début d'octobre 39, alors que le gouvernement met hors la loi ses militants et que les fascistes et les traîtres exigent l'exécution  des dirigeants, la direction du Parti décide que Maurice Thorez, mobilisé et menacé d'arrestation, doit reprendre sa place à la tête des communistes traqués et persécutés parce qu'ils demeurent fidèles à leur lutte pour une France forte, libre et généreuse.  

Voir l'histoire du PCF en 1939.

Dés sa désertion, Thorez fut convoyé en Belgique d'abord, puis à Moscou où il se retrouva complètement isolé avec quelques rares autres dirigeants (Marty, Guyot, Ramette). 

C'est donc Frachon jusqu'en Juin 40, puis Duclos et Frachon qui seront réellement, pendant toute la duréee de l'occupation, à la tête des communistes traqués et persécutés. 

p. 388-90

Diffusé au prix de grandes difficultés et de grands sacrifices, l'Appel du 10 Juillet 1940, signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos, démontre l'existence de la direction illégale du Parti. Pendant toute l'occupation, cette dernière parvient à jouer pleinement son rôle.  Malgré les difficultés, la direction  du Parti discute de tous les problèmes politiques et définit les positions du Parti par rapport à l'évolution de la situation. Elle assure , grâce au dévouement de nombreux camarades et, notamment, des femmes et des Jeunes Filles communistes, les liaisons avec les membres du Parti. Elle désigne le responsables des régions et donnent des délégations aux camarades du Comité Central qui la représentent en zone sud ou hors de France. Elle dirige effectivement tous les aspects de la lutte, y compris la lutte armée.. L'unité idéologique du Parti forgée au cours des années antérieures, assure sa cohésion. . Alors même que les liaisons  sont difficiles, les responsables du Parti, aux postes pour lesquels ils ont été désignés appliquent sa politique avec initiative...

Voir

 l'histoire du PCF en 1940.

Le texte intégral  de l'appel du 10 Juillet

 

Le fait que l'Appel du 10 Juillet soit signé de Thorez et Duclos permet de suggérer au lecteur que Thorez était avec Duclos, d'autant que le texte enchaine sur l'activité de la direction du Parti. 

A défaut de pouvoir mettreen avant le rôle qui a vraiment été le sien, Duclos doit se consoler avec ces développements sur l'activité de la "direction du Parti" qui doit impérativement resté anonyme.

 

Concernant l'Appel du 10 juillet, la raison pour laquelle il fut signé nominativement par Thorez et Duclos reste une interrogation de l'Histoire, car une telle pratique est tout à fait exceptionnelle.

- Tentative, en ce moment de vide politique, de faire apparaitre Thorez comme l'homme providentiel ?

- Faire croire que Thorez était en France ?

 

Je ne crois guère dans la seconde explication, ni vraiment dans la première. 

 

p.423

...Désormais le maintien de l'Internationale peut devenir un obstacle à l'activité créatrice et au renforcement des Partis communistes, compte tenu de leur maturité et de la complexité des tâches qu'ils doivent résoudre. La dissolution de l'Internationale en tant que centre dirigeant du mouvement ouvrier international, est décidé à Moscou en mai 1943. Maurice Thorez représente le Parti communiste français...

 

Petite remarque amusante, en passant: Non seulement  " le Parti" prend une majuscule, mais "les Partis communistes" aussi. Cette majuscule donnée à la pluralité des "Partis" est-elle censée dimininuer la portée de la dissolution en conservant une seule majuscule pour plusieurs Partis ?

De même que dans les principaux ouvrages officiels du Parti sur sa propre histoire, notamment les différentes éditions de "Fils du Peuple", aucune précision n'est donnée  sur les activités de Thorez entre Octobre 39 et Mai 43. Conséquence, pour que ce trou noir historique ne soit pas trop voyant: Aucune précision n'est donnée non plus sur les activités des autres dirigeants. Aucune précision non plus sur leur localisation. (Voir Histoires de falsifications de l'Histoire de 1947 à nos jours

A partir notamment de la publication du livre de Cerreti, à l'ombre des 2 T., dans les années 70, plus personne n'a pu contester la réalité du séjour de Thorez en URSS, de 39 à 44. Mais en 1964, pour écrire l'histoire d'un Parti qui serait le premier chronologiquement, et le meilleur, à faire de la Résistance intérieure, il est impératif que son dirigeant soit quelque part France. ou du moins, près de la France. Dans ses mémoires, qui seront publiées quelques années plus tard, Duclos se fait l'écho des informations de la police Française selon lesquelles Thorez pourrait résider en Suisse.

p. 428

Face au déchaînement de la terreur nazie, le Parti fait appel à l'esprit de sacrifice et de responsabilité de ses militants:

"Dans de telles conditions, nos dirigeants régionaux et de section ont pour devoir de prendre conscience des responsabilités qui les attendent. En plus du travail de masse à poursuivre pour déclencher des mouvements revendicatifs dans les usines, parmi les femmes, à la campagne, nos dirigeants doivent considérer comme une tche d'honneur de renforcer les FTP. Ils doivent développer l'idée de la possibilité de la lutte armée parmi les masses. 2 "

Bas de page: 2 Maurice Thorez, Cahiers du Communisme, 1er trimestre 44

Par le jeu d'une citation dans une publication dont on ne dit pas qu'elle n'était pas diffusée en France, Thorez apparait comme celui qui envoie des directives aux différents responsables du Parti. Celui, également, qui impulse la lutte armée.

Voir

La direction du Parti pendant la guerre.

 

De Gaulle

Il est de bon ton aujourd'hui (2004) de se revendiquer héritier de de Gaulle. Les communistes de 1964 n'étaient pas sur cette longueur d'onde, c'est le moins que l'on puisse dire. de De Gaulle, ils n'en parlent qu'en mal.

Références à De Gaulle dans le manuel Les commentaires EdC

  p.387-388 (Juin 40)

A Londres, les appels que lance le Général De Gaulle dans l'été 1940 n'appellent pas à la lutte en France même. L'Appel du 18 Juin s'adresse exclusivement aux spécialistes de l'industrie de l'armement et aux soldats et officiers français "qui se trouvent en territoire britannique"... C'est de l'extérieur, sans y participer de lui-même que le peuple français doit attendre sa libération.

Une telle oriention eût été lourde de conséquences  pour l'avenir national si le développement de la Résistance intérieure n'avait imprimé à la lutte un caractère antifasciste et démocratique.

Le Parti Communiste est la seule force à se prononcer pour la lutte en France même....

[Suit le passage sur l'appel du 10 Juillet, Voir plus haut, Maurice Thorez

Que De Gaulle n'ait pas appellé à la Résistance intérieure est une évidence. Que le PCF soit resté hors-la-loi sous Pétain comme il l'était sous Daladier en est une autre. Ces deux évidences n'impliquent évidemment pas l'énorme mensonge qui suit, à savoir que le Parti aurait été en Juin 40 antifasciste et Résistant:

Dans l'histoire mythique du PCF, les purs mensonges  sont finalement peu nombreux. Celui-là en est un. 

 

p.401, (Octobre 41)

Mais le terreur n'est pas le seul obstacle que doivent surmonter les combattants sans uniforme Certains en prennent prétexte pour prêcher l'attentisme. De Londres, préoccupé du rôle croissant de la Rèsistance et de la place qu'y tiennent les communistes, le Général de Gaulle appelle à cesser le lutte armée et à attendre le jour J...

Les faits rapportés sont exacts: De Gaulle désapprouva les attentats armés. C'est également à cette époque que De Gaulle se préoccupe prend des contacts avec la Résistance intérieure naissante. 

En fait, les communistes vont bientôt suspendre les attentats individuels, trop impopumaires à cause des exécutions d'otages qu'ils provoquent.

p.419 (fin 42)

... Le général Giraud devient alors commandant civil et militaire en Afrique du Nord. Sa volonté de lutter contre l'ennemi est évidente...

...Le conflit De Gaulle-Giraud, entretenu par l'impérialisme américain esy envenimé par l'ambition personnelle...

... Le 25 novembre 42, un représentant du comité central et un représentant du Général de Gaulle se rencontrent. Ils se mettent d'accord sur un programme d'action commun qui prévoit une entente étroite entre le Parti communiste français et les Forces Françaises Combattantes...

...En Janvier 1943, Fernand Grenier, délégué du Comité Central arrive à Londres. Malgré les obstacles sans cesse renouvelés qu'il y rencontre, il contribue à faire connaître le vrai visage de la Résistance française...

p.420

...Le 3 juin 1943 après de longues négociations, un accord intervient entre le général de Gaulle et le général Giraud...

...Le général De Gaulle ne renonce pas pour autant à évincer le général Giraud et à tenir en tutelle la Résistance française...

... Le général de Gaulle est contraint de reconnaître le caractère national du programme du Parti... Cependant, il prétend choisir lui-même les représentants du Parti au sein du CFLN

Pour les relations entre le PCF et De Gaulle, Voir Les relations des communistes avec De Gaulle et la Résistance intérieure  

Contrastant avec les propos systématiquement désobligeants à l'encontre de De Gaulle, Giraud est cité toujours en bien, comme pour montrer la bonne volonté des communistes dans la coopération avec les Résistants qui ne sont pas de leur camp. 

p.425 (Juin 44)

A propos du Vercors:

Fernand Grenier, commissaire de l'Air, prend les mesures nécessaires aussitôt qu'il est informé. l'application dépend d'une signature que le Général De Gaulle ne donne pas...

Face au Parti, à l'avant-garde de la Résistance, De Gaulle et les Gaullistes doivent être néceéssirement "attentistes"
p.443 (Août 44)

Dans Paris à peine libéré, le souci du général De Gaulle est d'en finir avec les forces organisées de la Résistance...

ce qui est loin d'être inexact.
p.444 (Octobre 44)

Le général De Gaulle tente en particulier de retarder le retour en France de Maurice Thorez, secrétaire général du Parti, condamné à la même peine que lui pour son action patriotique.

Où l'on sent bien que cet épisode, l'exil militant de 39 qui ressemble tant à une fuite, reste comme une écharde durablement plantée dans l'épiderme des croyants communistes.

 

 

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Résumé Septembre 39- Fin 42, texte intégral, p.406

  

Dans les derniers jours d'août 1939,  les gouvernements français et anglais rejettent les conditions d'une véritable securité collective, associant pleinement l'Union soviétique. Menacé d'une guerre qui serait déclenchée dans les conditions les défavorables, le gouvernement de l'U.R.S.S. signe, le 23 août avec l'Allemagne un pacte de non-agression.

 

La deuxième guerre mondiale, préparée depuis longtemps par tous les pays impérialistes contre l'Union soviétique, éclate par suite de l'approfondissement de la crise générale ducapitalisme.  Elle commence, en fait, en Europe pal une guerre les Etats fascistes les plus agressifs et d'autres Etats impérialistes.

 

I

Dans leur majorité, les classes dirigeantes redoutent davantage une guerre antifasciste menée avec résolution qu'une victoire hitlérienne.  Le gouvernement entend transformer la guerre contre Hitler en lutte contre le Parti communiste français et contre la classe ouvrière.

 Tandis que le gouvernement soviétique fait d'ultimes propositions pour arrëter la guerre sans concression à l'agresseur, les gouvernements d'Angleterre et de France espèrent toujours détourner l'Allemagne nazie contre l'U.R.S.S.

       C'est la "drôle de guerre". Imposée par les Trusts et les complices de Hitler, elle conduit la France au désastre.

            Devant le péril hitlérien, le Parti communiste utilise chaque occasion de préserver  la paix et, en cas d'échec, detransforemr la guerre en une guerre de libération des peuples contre le fascisme agresseur.

          Le 29 septembre 1939, le Parti est interdit par le gouvernement Daladier qui traduit devant le tribunal militaire les députés communistes, dont le procès se déroule du 20 mars au 30 avril 1940.

          Le 10 mai 1940, la Wehrmacht passe à l'offensive sur l'ensemble du front.

          Le Parti préconise des mesures capables d'assurer une vériable défense nationale.  Le gouvernement, par peur du peuple, préfère capituler devant Hitler (Rethondes, 22 juin 1940).

 

II

         Le 10 juillet 1940, à Vichy, le Parlement proclame sa propre déchéance et   vote les pleins pouvoirs à Pétain qui, comme "chef de l'Etat français" , met aussitôt l'ensemble des ressources de la France à la disposition de l'occupant.  L'armistice démantèle le territoire national.  Les trusts utilisent la défaite, qu' ils ont provoquée, pour instaurer dans tous les domaines une réaction sociale et politique sans précédent.

         La grande bourgeoisie joue sur les deux tableaux:  sa fraction la plus large se vautre ouvertement dans la collaboration, tandis qu'une autre fraction, avec le général De Gaulle, misant sur la victoire des Anglo-Saxons, organise le Comité français de Londres, auquel se rallieront d'authentiques patriotes de toutes -conditions sociales. Le Parti communiste français, seule force politique organisée, affirme, sans tarder, sa position de principe : le salut de la France, trahie par ses classes dirigeantes, ne peut venir ni d'un homme providentiel ni d'un seul parti, mais de la classe ouvrière et du peuple tout entier.  Il se prononce pour la lutte, en France-même.

            Au cceur de la défaite et du désarroi, l'Appel du Parti de Juillet 1940 invite les patriotes à conserver leur confiance dans l'avenir.  Les publications illégales du Parti jouent un rôle décisif pour assurer la cohésion de ses rangs et mettre en mouvement les masses populaires.  Les Comités populaires d'entreprises et de  quartiers sont les premières formes d'organisation illégales.

       Les batailles revendicatives prennent toujours plus d'ampleur et un caractère patriotique élevé, comme là grande grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais (avril-mai 1941);

 

       Dès l'automne 1940, le Parti communiste prépare les conditions du passage à la lutte armée et crée des groupes spécialisés, désignés sous les initiales d'O.S. (Organisation Spéciale).  En mai 1941, l'O.S. fait place à une organisation plus large: les Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.).

 

       Le Parti lance, le 15 mai 1941, un appel à tous les Français. à l'exception des capitulards et des traîtres, pour la formation d'un "Front national de lutte pour l'indépendance de la France" C'est l'acte de naissance du Front national.

 

III

       Le 22 juin 1941, HitIer lance la Wehrmacht contre l'Union soviétique.  Une phase nouvelle s'ouvre dans l'évolution de la guerre et modifie les conditions de la lutte dans tous les pays.

       En décembre 1941, les Etats-Unis entrent à leur tour dans la guerre.

       Le Front commun des forces démocratiques proposé par le mouvement communiste international se constitue.

       Les peuples comprennent qu'un nouveau rapport des forces se crée en faveur du camp de la liberté et de l'indépendance nationale.

       Le Parti communiste français s'appuie sur ces changements pour élargir le combat contre l'occupant.  Il s'oriente vers le développement de la lutte armée et s'efforce d'unir les forces encore éparses de la Résistance.

            Le 23 août 1941, Fabien abat un officier hitlérien au métro « Barbès ». Dans les mois qui suivent, les F.T.P. s'organisent et agissent.

       L'occupant, avec le concours actif de Vichy, réagit brutalement.  Le 22 octobre 1941, vingt-sept otages sont fusillés à Châteaubriant, vingt-deux à Nantes, cinquante dans la Gironde.

       Cependant, de Londres, préoccupé du rôle croissant de la Résistance et de la place qu'y tiennent les communistes, le Général De Gaulle appelle à cesser la lutte armée contre les Allemands et à attendre ses directives.

       La défaite allemande devant Moscou et la résistance héroïque de Léningrad (hiver 1941-1942) portent un coup sévère à l'idée de l'« invincibilité »- de la Wehrmacht.

       Tout au long de l'année 1942, la Résistance élargit son audience dans le pays.  Le Parti appelle à des actions de caractère plus élevé.

 

 

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Résumé Novembre 42- Mai 45, texte intégral, p.452

  L'épopée glorieuse de Stalingrad renforce le prestige international de l'Union soviétique, consolide la coalition antihitlérienne et donne un nouvel essor au combat de tous les peuples pour leur libération.

  I

En France, à partir de l'automne 1942, une fraction de la grande bourgeoisie compromise dans la collaboration renforce les liens qu'elle avait conservés avec l'impérialisme anglais et américain.  Elle crée diverses organisations dirigées par ses représentants et s'efforce de pénétrer à la direction de certains réseaux de résistance.

Le Parti affirme - contrairement à la consigne donnée par le général De Gaulle « de ne pas tuer d'Allemands »  que la libération et la renaissance de la France doivent être le prix de l'union, des efforts et des sacrifices de son peuple.

  En mai 1943, se constitue, en France, le Conseil National de la Résistance (C.N.R.).

Le Parti tient compte de ces changements, auxquels il a contribué.  L'intérét immédiat et d'avenir de la France exige que le peuple lui-méme participe, les armes à la main, à sa libération.  Le mot d'ordre du Parti: « S'unir, s'armer, col » battre», exprime cette politique, dirigée contre l'attentisme.

  II

       Dans l'été 1943, l'Armée soviétique conquiert définitivement l'initiative des opérations, militaires.  A ]'Ouest, les alliés débarquent en Sicile.  Dans tous les pays, les patriotes renforcent leur action et leur union

Le Comité de Londres n'ignore pas les forces que le Parti communiste a contribué à mettre en mouvement et à organiser. Les déclarations du général De Gaulle soulignent cette évolution, tout en exprimant sa prétention de se réserver le monopole de la direction et de l'orientation de la Résistance.

En avril 1944, François Billoux et Femand Grenier entrent au Comité Français de Libération Nationale (C.F.L.N.). L'union et l'action du peuple français aboutissent ainsi à créer les premiers éléments d'un pouvoir vraiment national.

 

L'Intemationale communiste, fondée en 1919 à l'initiative 4e Lénine, ayant accompli sa mission historique: permettre à la classe ouvrière et au peuple dans chaque pays d'avoir un parti de type nouveau, est dissoute en mai 1943.

  *

  En France, l'application du programme du C.N.R., élaboré mars 1944, se heurte aux manoeuvres des partis et des hommes qui pensent beaucoup plus à assurer leurs positions au lendemain la Libération qu'à développer la lutte contre l'occupant et instaurer une démocratie réelle.

  Partout où ils se trouvent, les communistes combattent l'attentisme sous toutes ses formes.  La libération de la Corse, à l'appel du Front national, est le premier épisode glorieux de l'insurrection nationale.

 

III

       Le moment est venu de préparer concrètement l'insurrection nationale, en appliquant les directives que le C.N.R. adoptées.

       Les milieux gaullistes d'Alger s'attachent à doubler les organismes responsables de la Résistance par des organismes parallèles, dépendant directement d'eux, car la politique du général De Gaulle et de la grande bourgeoisie française, comme celle des Anglo-Américains, demeure toujours dominée par la crainte du peuple français et de l'autorité acquise par le Parti communiste.

L'insurrection nationale libère la plus grande partie du territoire français et ouvre la voie aux armées alliées débarquées en Normandie, le 6 juin 1944.  En août 1944, l'insurrection parisienne, à l'appel du Parti, de ses élus, et du Comité parisien de libération (C.P.L.), libère la capitale.

 

IV

Dans les derniers mois de 1944, la coalition antihitlérienne remporte des succès importants.

Le Comité central du Parti communiste, réuni le 31 août 44, adopte le nouveau mot d'ordre: « S'unir, combattre, travailler ». Le Parti est plus fort qu'il ne l'a jamais été et son autorité a grandi dans la classe ouvrière, parmi la paysannerie, chez les intellectuels.

Les forces réactionnaires se regroupent derrière De Gaulle qui, conformément à son ambition personnelle et au voeu de la grande bourgeoisie, s'efforce d'écarter et de démoraliser la Résistance, tente de retarder le retour en France de Maurice Thorez, secrétaire général du Parti, condamné à mort, comme lui, pour son action patriotique.  Il refuse de lever une armèe nationale, en amalgamant les F.F.L. et les formations armées, issues du combat clandestin, en France même.

En s'en tenant fermement à la politique définie par son Comité central, le Parti communiste français crée les conditicns d'une intervention de plus en plus large de masses populaires dont l'action impose les premières mesures conformes à l'esprit du programme du C.N.R. Le mot d'ordre du parti: «S'unir, combattre, travailler », devient la règle d'activité de millions de Françaises et de Français.

 

*

        L'Allemagne capitule le 8 Mai 1945; le Japon capitule à son tour le 2 Septembre 1945.

       Le seconde guerre mondiale est terminée, le fascisme est écrasé.

       Après cinq années de souffrances, la France, grâce à l'action de son peuple, est au rendez-vous de la victoire.

       Aucun parti, aucun groupement de la Résistance ne consacra autant d'efforts, autant de militants, que le Parti communiste français, à la cause de la libération de la patrie. On l'appelle le Parti des fusillés. C'est un titre de gloire et de fierté que personne désormais ne pourra faire oublier.

 

 

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