Vue d'ensemble Communistes 39-45 

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La direction du PCF pendant la guerre

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Le couple Duclos-Frachon ?

Tillon, Lecoeur et les autres

Un appareil clandestin centralisé et morcelé

Et Thorez ?

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Le couple Frachon-Duclos

           Sur ce thème de la direction du Parti dans la clandestinité, j'ai mis en ligne de nombreuses pages contenant des extraits de mon bouquin La Direction du PCF dans la Clandestinité (1941-44). De nombreuses pages consacrées aux dirigeants du Parti dans la clandestinité sont accessible à partir de cette page . Il faut insister sur le fait que le Parti fut dirigé pendant la guerre par deux hommes: Jacques Duclos et Benoit Frachon. Charles Tillon à partir de Mai 41 et Auguste Lecoeur à partir de Mai 42, participèrent également  aux réunions à peu près mensuelles du secrétariat, mais ils ne sont présents que le jour même de la Réunion, alors que Frachon est aux côtés de Duclos depuis au moins la veille au soir. En Août 40, Duclos a été désigné par Moscou comme le numéro un. Il s'agisssait alors de départager entre Duclos et Tréand, mais l'autorité naturelle de Frachon est telle qu'on peut se demander s'il n'a pas été l'authentique inspirateur de toutes les orientations de l'équipe dirigeante. Ceci n'exclut pas la discipline vis-à-vis de l'Internationale Communiste ou de l'URSS. On a parfois voulu opposer la ligne de Duclos, fidèle à l'URSS, et la ligne de Frachon, plus proche des réalités Françaises. Il est vrai que c'était davantage le rôle de Duclos de communiquer avec Moscou, alors que les responsabilités  syndicales de Frachon le poussent à se mettre davantage à l'écoute des "masses laborieuses". Il est vrai également que Frachon n'avait jamais exercé de responsabilité au sein de l'Internationale et qu'il n'est pas coutumier des séjours à Moscou. Cela n'empêche que l'on ne voit aucun élément qui incite à penser que Frachon ait un jour émis des réserves sur la nature des relations qui unissaient le PCF à Moscou.

            En Juin et Juillet 40, les pourparlers avec les autorités d'occupation en vue de la reparution légale de l'Humanité ont été pilotées par Duclos et Tréand, à Paris, alors que Frachon et une autre équipe de dirigeants étaient dans la région de Limoges. D'après le témoignage de Mounette Dutilleul, la majorité de l'équipe Frachon, et Frachon lui-même ont réprouvé la démarche quand ils en ont eu connaissance. Après que le groupe de Moscou ait donné les instructions pour rompre les contacts qu'il avait d'abord encouragé, Frachon revint à Paris et fut pleinement associé à la politique de semi-légalisation qui se conclut par l'arrestation en octobre 40 de milliers de militants et de cadres qui remplirent les différents camps d'internement de Chateaubriand, Compiègne, Eysses...

            Pour résumer, de Juin 40 à Août 44, le Parti fut dirigé par un couple pratiquement indissociable, Jacques Duclos et Benoit Frachon, qui faisaient déjà partie, avec Maurice Thorez et Eugen Fried du noyau dirigeant depuis le début des années 30. Duclos est le chef, nommément désigné par le secrétariat de l'Internationale Communiste le 5 Août 1940. Benoit Frachon a probablement dominé intellectuellement le couple tout au long des années d'occupation. Quant à Fried et Thorez, ils seront, de fait, mis sur la touche: Fried, muté à Bruxelles au début des hostilités pour jouer un rôle de coordinateur sur toute l'Europe de l'Ouest, ne servira, en fait que de boite aux lettres entre Moscou et Paris. Il fut tué le 17 Août 1943 au cours d'une perquisition de la Gestapo. Thorez, sans doute influent auprès de Dimitrov pour envoyer des directives au Parti Français verra son rôle pratiquement anéanti lorsque devant l'avance de la Wehrmacht sur Moscou, en automne 41, il dut se réfugier à Oufa, dans l'Oural [et non au fin fond du Caucase, comme je l'avais écrit en 2003, note EdC, avril 2011].

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Tillon, Lecoeur et les autres

            Il n'est pas possible ici de citer tous les hommes qui gravitèrent autour de la direction. Il en est cependant qu'on ne peut pas ignorer: Charles Tillon, coopté dés fin 40 pour étoffer le secrétatriat, et qui, après quelques mois d'attente sera chargé de mettre sur pied la lutte armée. Il sera le dirigeant des FTPF. Auguste Lecoeur qui deviendra à partir du printemps 42 le quatrième mousquetaire de la direction, assistera aux réunions mensuelles du secrétariat, et s'imposa comme le grand chef d'orchestre de tout l'appareil du Parti. Arthur Dallidet, "responsable des cadres" jusqu'à son arrestation, en Février 42, qui construisit sur le terrain le Parti clandestin. Pierre Villon, d'abord chargé de superviser le Front National, puis de représenter celui-ci au sein du CNR et qui s'imposa, après la disparition de Jean Moulin, comme l'homme fort du bureau permanent du CNR et de son émanation militaire, le COMAC. Jean Jérome, enfin, toujours proche de Duclos jusqu'à son arrestation en Avril 43, qui fut non seulement le grand argentier du Parti, mais qui s'impliqua aussi bien dans la création du Front National que dans les premiers contacts avec la France Libre. En zone Sud, Georges Marrane et Raymond Guyot à partir de Janvier 42 ont joué un rôle de première importance.

            Cinq ans de fonctionnement dans la clandestinité, sans aucune perte en ce qui concerne le premier cercle du secrétariat, en maintenant du début à la fin une communication à la fois avec Moscou et avec les différentes instances régionales et catégorielles du Parti, voilà qui représente un cas unique dans l'histoire de la Résistance.

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Un appareil clandestin centralisé et morcelé

            Il convient cependant de se poser le question sur le pouvoir effectif exercé par cette direction. La réponse est nuancée: D'un coté, le Parti reste centralisé, les militants acceptent la discipline encore plus facilement dans la tempête. D'un autre côté, la clandestinité pousse vers un cloisonnement qui induit naturellement des tendances locales autonomistes. Par exemple, Duclos ne connait pas grand-chose de la vie des FTP, mais Tillon ne connait pas grand-chose de la vie des FTP en zone Sud qui sont rattachés directement à Duclos. Mais la direction des FTP en zone Sud ne sait pratiquement rien de ce qui passe dans le plus grand maquis sous contrôle communiste, celui du Limousin dirigé par Guingouin. Les FTP étrangers, de la MOI (Main-d'oeuvre internationale) dépendent également directement de Duclos.

            La diffusion de la Presse reste très centralisée, malgré la multiplication de bulletins spécialisés. Une fois par trimestre, les cadres du Parti reçoivent "La vie du Parti", une trentaine de pages dans lesquelles il est très facile pour les cadres locaux de puiser de la matière pour en faire plusieurs tracts locaux. L'Humanité Clandestine est tirée, dans l'imprimerie de Gometz-la-ville à un nombre restreint d'exemplaires pour y être diffusée sur les régions, où ils seront reproduits en grand nombre avec les moyens spécifiques des régions. La plupart des groupes FTP ne reçoivent du Centre guère plus que leur organe de presse, France D'abord, et des fascicules techniques, portant par exemple sur les différents types d'armes utilisées par les armées allemande et française. Il est hors de question qu'un maquis installé dans le Jura ou le Massif Central puisse être piloté directement par la Commission Militaire Nationale (CMN) qui se réunit régulièrement près de Palaiseau.

            A partir de Juin 41 où il ne fut plus possibles de communiquer à travers les ambassades soviétiques de l'Europe allemande, Duclos fut en contact radio à peu près permanent avec les soviétiques. Dans un premier temps (mais jusqu'à quand Juin 41? Mai 43?), toutes les messages transitaient par Bruxelles, c'est-à-dire par Fried, c'étaient des camarades cheminots qui assuraient le transport. Par la suite, les liaisons radios ne furent jamais directes avec Moscou, mais transitaient pas l'ambassade soviétique de Londres. Les opérateurs radio étaient souvent des anciens de France Navigation, cette flotte créée par l'IC et le PCF au moment de la guerre d'Espagne. Il arriva qu'ils communiquèrent entre eux, mais d'une façon générale, les radios étaient strictement réservées aux liaisons avec les Soviétiques ou les Anglais. les liaisons intérieures se faisaient d'homme à homme par le train, ce qui implique des délais d'au moins une semaine entre une question et une réponse, avec de très fréquentes pertes de contacts avec tel ou tel, qui pouvait durer plusieurs semaines. A partir de la chute de Trepper, début 43, le même réseau de radios, celui du PCF, fut partagé par le Parti et par les services soviétiques.

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Et Thorez ?

            Pas possible de ne pas parler de la dissolution de l'Internationale Communiste (IC et Kommintern, c'est la même chose), en Mai 43, décidée par Staline pour rassurer ses alliés anglais et américain. Les répercussions pratiques furent insignifiantes, mais la nouvelle provoqua un certain choc sur tous les militants et dirigeants: Le PCF s'appelait officiellement la SFIC, Section Française de l'Internationale Communiste, et c'était une source de fierté, pour les communistes d'être affiliés à une internationale. Lorsque le Parti se construisit une histoire de cette période, l'occasion fut saisie d'utiliser cette dissolution pour refaire la biographie de Maurice Thorez qui était à Moscou depuis la fin 39: Selon la version officielle, Thorez aurait quitté le territoire national à ce moment là pour aller à la réunion de dissolution de l'Internationale.

EdC Oct 2003

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