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Histoires des Communistes sous l'occupation
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La période pertinente à considérer pour le PCF n'est pas l'occupation, mais une longue période de clandestinité qui commence en Septembre 39, après que le Parti ait été dissout par Daladier le 26 Septembre 1939 et qui s'achève, disons, après la libération de Paris lorsque les dirigeants de la clandestinité, Jacques Duclos, Benoît Frachon, Auguste Lecoeur et Charles Tillon sortent de l'ombre pour faire la fête avec les militants au siège du Parti, le "44" de la rue Le Pelletier, retrouvé après 5 ans de fermeture.
Les effectifs ont été profondément renouvelés par l'aventure de la Résistance, mais l'ensemble de l'appareil est caractérisé par une grande continuité qui marque également le noyau dirigeant Thorez-Frachon-Duclos qui restera à la tête du Parti jusqu'au moins à la fin des années 50.
Le Parti aurait pu disparaître dans le tourbillon de Septembre 39, au lendemain de la signature du pacte Germano-soviétique qui a semé le trouble chez nombre de militants, au point que 23 parlementaires sur 72 feront défection. Mais avec la dissolution du Parti par Daladier le 26 Septembre, c'est le sentiment de forteresse assiégée qui prend le dessus chez les militants les plus déterminés qui plongent dans la clandestinité, finalement, dans l'ordre, malgré la formidable désorganisation causée par la mobilisation qui prive l'appareil clandestin de tous les hommes jeunes, c'est-à-dire de la majorité de ses membres.
En Juin 1940, lorsque les Allemands arrivent à Paris, le Parti n'est plus grand-chose, mais il est sans doute moins anéanti que l'ensemble du pays. On assiste à la tentation d'occuper le terrain laissé vacant par les autres forces politiques. D'abord, en Juin et Juillet, les émissaires du Parti négocient avec les autorités d'occupation une sortie officielle de la clandestinité. Ensuite, en Septembre et Octobre, il s'agit d'une sortie de fait de la clandestinité qui se traduit par un désastre complet, c'est-à-dire par une hécatombe de militants que la police du nouveau régime de Vichy aura tôt fait d'interner dans cette nébuleuse de camps où l'on comencer à regrouper tous les éléments indésirables. C'est que les hommes du régime de Vichy sont encore plus anti-communistes que Daladier; et les nazis, malgré leur alliance passagère avec Staline n'ont aucun intérêt à protéger les communistes des offensives de la police française.
Comme on le sait, le 22 Juin 41, Hitler rompit le pacte et lança la Wehrmacht sur l'URSS. On a parfois dit que le PCF avait rejoint la Résistance en Juin 41, ou qu'il ne l'avait rejoint qu'en Juin 41. C'est une façon tout à fait incorrecte d'exprimer le tournant de 41: La Résistance intérieure n'existait pas en tant qu'entité en Juin 41, il n'y avait rien à rejoindre. Quant aux contacts avec la France Libre, ils seront plus tardifs, les liens avec les envoyés de De Gaulle se noueront lentement au cours de l'année 42; l'intégration des communistes au CNR de Moulin sera pour 1943, après les autres mouvements, et l'intégration des FTP sous un commandement commun devra attendre 1944. A partir de juin 41, le PCF réorganise ses forces contre les Allemands. Rien ne s'oppose à ce que les les fidèles amis de l'URSS deviennent de bons patriotes.
Tout au long de la période d'occupation, de Juin 40 à l'été 44, de plus en plus de Français se détacheront du Maréchal Pétain et s'engageront où sympathiseront avec la Résistance intérieure et ce que représente De Gaulle, à Londres ou à Alger. On peut discuter des diverses motivations: patriotisme, évitement du STO, opportunisme, peu importe, le PCF va profiter plus que tous les autres mouvements de résistance de ce vent de l'Histoire et au sortir de la guerre, sa force politique en sera considérablement accrue.
Ce bilan positif en termes de force politique ne saurait masquer que ces années furent pour le Parti, comme pour tout le pays, ce qu'il est convenu des années noires: On peut estimer que sur un total de 30000 fusillés et 60000 déportés français, qui sont les chiffres communément admis, les communistes doivent en représenter au moins la moitié. 20000 fusillés, cela peut sembler faible, rapportés aux centaines de milliers d'adhérents qui ont rejoint le Parti entre 44 et 46, mais c'est un énorme sacrifice consenti par le noyau des militants qui ont fait vivre le Parti et se sont engagés dans les FTP au cours des années 41-44
EdC Oct 2003
Puisque j'ai commencé à parler de chiffres, allons-y pour les chiffres
1934: Tirage de l'Humanité |
150 000 |
1934, Nombres d'adhérents |
30 000 à 40 000 |
Syndiqués CGTU |
300 000 |
1936, Nombres d'adhérents |
75 000 |
Gurerre d'Espagne: Volontaires brigadistes |
10 000 |
(D'après Robrieux, Histoire intérieure du PCF, 1980, Fayard, T1)
Entre Novembre 39 et Avril 40, internements au nom du Décret du 18 Novembre (2) |
499 |
Libérations par les Allemands en Juin 40 (2) |
»300 |
Arrestations entre Août 40 et Juin 41 (2) |
»4500 |
Total arrêtés ou internés entre Juin 40 et Septembre 42 (1) |
16000 |
Français ayant obtenu une carte de combattant de la Résistance (1) |
220000 |
Français fusillés (1) |
20000 |
Français déportés (1) |
60000 |
Effectifs du maquis du Limousin dirigé par Guingouin |
12000 à 13000 |
Département de la Seine: Internements administratifs de communistes entre Juillet 40 et Mai 44 (2) |
4005 |
Département de la Seine: arrestations de communistes entre Juillet 40 et Mai 44 (2) |
5764 |
(1) Robrieux, T1
(2) Peschanski, La France des camps, Gallimard, 2002