Vue d'ensemble Communistes 39-45 

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Les relations des communistes avec De Gaulle et la Résistance intérieure

39-41 Le Parti profondément isolé

Après Juin 41, contacts avec De Gaulle

Le Front National et le CNR

Noyautage ?

Réunification de la CGT

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39-41 Le Parti profondément isolé

            Profondément isolés depuis l'affaire du pacte et la dissolution du Parti par Daladier en Septembre 39, les communistes eurent des vélléités de sortir de leur isolement en Mai 41. Leurs publications clandestines évoquaient à ce moment-là l'idée d'un Front National. Dans la pratique, il n' eut que quelques contacts: Frachon missionna des syndicalistes communistes pour rencontrer chez Christian Pineau, le 17 Mai,  des représentants de la CGT de Jouhaux. Duclos chargea le komminternien Jean Jérôme de prendre des contacts avec des intellectuels antifascistes. De fil en aiguille, on remonta jusqu'à Brossolette, ancien compagnon de Blum, actif dans le réseau du Musée de l'Homme, mais pas encore semble-t-il en contact avec Londres.  Il faut dire que jusque-là, les publications clandestines du Parti n'avaient pas été plus tendres vis-à-vis des socio-démocrates Jouhaux et Blum que vis-à-vis de Pétain ou des capitalistes anglais. Le Parti ne se connaissait qu'un seul allié, l'URSS. De Gaulle était normalement ignoré, et lorsqu'il était cité, ce n'était que pour y apparaître dans les rangs des valets du capital. Les fossés qui s'étaient creusés depuis Munich et surtout depuis Septembre 39 auraient été longs à combler, mais de toute façon cette démarche d'union fut brutalement interrompue par la situation internationale, à savoir l'invasion de l'URSS par les Allemands le 22 Juin. Ce n'est pas que le Parti soit redevenu hostile aux autres forces politiques françaises, mais  pendant au moins un an, il dut se replier sur lui-même pour mobiliser toute son énergie dans la lutte contre l'occupant allemand.

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Après Juin 41, premiers contacts avec De Gaulle

            Le raisonnement "Les ennemis de nos ennemis sont nos amis", qui poussaient d'autres résistants à rendre des services aux Anglais et à De Gaulle poussaient les communistes à tout faire pour soulager l'URSS: Frapper l'armée allemande pour retenir le maximum de troupes à l'Ouest. Le Parti déclencha à partir d'Août 41 une vague d'attentats individuels initiée par la célèbre exécution de l'aspirant Moser par Fabien au métro Barbès. Les premiers commandos de choc furent constitués à partir des jeunesses communistes (JC) sous le nom de bataillon de la jeunesse. Lentement, à partir de fin 41, mais surtout début 42, les FTPF (Francs Tireurs Partisans Français) furent mis sur pied comme un mouvement de résistance armée structurellement indépendant du Parti. Sur toute l'année 42 s'étalèrent la longue histoire de l'approche des communistes et des représentants de de Gaulle. Il n'est sans doute pas indifférent que l'URSS ait dégagé la voie en engageants avec De Gaulle des pourparlers qui devaient aboutir en Septembre 42 à la reconnaissance du Comité National français comme représentant légitime de la France. Il y avait dans l'entourage de De Gaulle des agents de l'URSS, comme Labarthe, mais ce n'est pas par cette filière que la jonction put se faire entre la France Libre et le Parti clandestin. Une fois encore, le Juif galicien Michel Feintuch, alias Jean Jérôme, à l'accent à couper au couteau, joua un rôle de première importance pour que des français rencontrent d'autres Français: Jean Jérome apprit que François Faure, fils de l'historien d'art Elie Faure avait partie liée avec la Résistance gaulliste. Il le rencontra en Avril 42 et lui demanda de faire savoir au Général que la direction du PCF était désireuse de débattre de sa forme de collaboration à l'organisation de la France Libre. Finalement, les deux négociateurs, qui se rencontrèrent à plusieurs reprises furent Gilbert Renault, alias Rémy pour la France Libre et, pour le PCF, Georges Beaufils, alias Joseph, adjoint, en quelque sorte, de Jean Jérôme. Ces contacts aboutirent d'abord à quelques échanges entre le BCRA, service de renseignements de la France Libre et les FTP: Armes contre renseignements. A partir du mois d'Août, les contacts devinrent plus politiques: Joseph rencontra Brossolette, qui, cette fois-ci représentait De Gaulle et qui insista vivement pour que le Parti soit représenté à Londres. Ce fut Fernand Grenier, ancien député de Saint-Denis et évadé du camp de Châteaubriand un an plus tôt qui fut désigné par Duclos pour aller représenter le Parti à Londres auprès de De Gaulle. C'est en compagnie de Rémy que Fernand Grenier embarqua à Saint-Aven sur un bateau de pêche au début du mois de Janvier 43.

            Lorsque les Américains débarquèrent en Afrique du Nord, en Novembre 42, 500 militants communistes étaient internés en Algérie. Parmi eux, vingt-sept anciens députés, transférés en 1941 de la maison d'arrêt du Puy à Maison Carrée en 1941. Ils seront libérés par le Général Giraud plus de 2 mois après le débarquement américain, et certains d'entre eux feront partie de l'assemblée consultative que de Gaulle réunira pour la première fois en Novembre 43. Entre temps, les communistes auront joué un savant jeu de bascule entre Giraud et De Gaulle, car si Staline aura soutenu inconditionnellement De Gaulle alors que Roosevelt tentait de pouser Giraud en avant, les communistes français se garderont bien de donner trop de pouvoir à celui dont ils savent bien qu'il deviendra tôt ou tard un adversaire politique, et qui entend bien en 43 rester le patron de la France Combattante. Après de longues négociations, en Avril 44 André Billoux, ancien membre du bureau politique et Fernand Grenier seront commissaires au CFLN puis ministres lorsque le CFLN deviendra le gouvernement provisoire. Entre temps, en octobre 43 De Gaulle avait laissé venir Marty de  Moscou, mais refusait l'entrée de Thorez considéré comme déserteur.

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Le Front National et le CNR

            Quand Jean Moulin fut parachuté en France le 1er Janvier 1942, il avait la mission d'unifier la Résistance intérieure sous l'autorité de De Gaulle. Pendant plus d'un an, son action concerna presque uniquement les mouvements non communistes, Il était suffisamment politique pour savoir qu'il ne pouvait aborder les communistes qu'en position de force. Il concentra son action tout au long de l'année 42 sur l'union des 3 principaux mouvements de résistance de la zone Sud: Combat, Libération et Franc-Tireur.

            De leur coté, les communistes ne restèrent pas inactifs. A partir de Novembre 42, ils réactivèrent le Front National créé au printemps 41. Pierre Villon, de son vrai nom Roger Ginsburger, un architecte alsacien qui avait eu des responsabilités au Kommintern en fut le principal dirigeant, mais dans la zone Sud, Georges Marrane et Madeleine Braun ont couvert beaucoup de terrain pour rallier autour du Front National des populations ciblées dans les groupes de population qui n'étaient pas précisémment réputées pour faire partie de la clientèle naturelle du Parti: Mèdecins, musiciens, ecclésiastiques. Dans un contexte de clandestinité, il n'est pas très difficile pour le Parti de garder le plein contrôle du Front National, mais le recrutement dépasse largement le cadre des sympathisants du Parti. Les FTP, mouvement de résistance armée créé par les communistes fut ensuite présenté comme l'émanation du Front National. A la même époque, sous l'impulsion de Jean Moulin, les 3 mouvements de la zone Sud se fusionnèrent pour former les MUR (Mouvements Unis de la Résistance) alors que les organisations militaires de ces mouvements formaient l'AS (Armée Secrète). Il fut ainsi possible de défendre pendant quelques mois la position selon laquelle le Front National avait autant de légitimité que les MUR à fédérer la Résistance intérieure. Finalement, le Front National, ainsi que le PCF et la CGT participèrent à la fondation du CNR le 27 Mai 43, mais les FTP restèrent indépendants de l'Armée Secrète jusqu'au 29 décembre 1943, date de la création des FFI. En fait, les FTP conserveront leur propre structure jusqu'à la Libération.

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Noyautage ?

            A partir du moment où les communistes se sont intégrés aux différentes instances de la Résistance intérieure, ils ont essayé, bien sûr, de tirer la couverture à eux. Leur cohésion profonde, les années d'expérience de la clandestinité leur donnait un avantage certain sur toutes les autres composantes de la Résistance. Cependant, il ne faut jamais perdre de vue que quelque soit les orientations prises par le Parti, qu'elles soient décidées à Moscou ou dans le Hurepoix où résidaient les membres du secrétariat, la Résistance communiste, tout comme la Résistance non communiste n'ont pu existé que parce que des Français s'y sont ralliés sous forme relativement massive à partir de 1943. Que l'on considère les fusillés, les déportés, les titulaires de cartes de combattants de la Résistance, on considère généralement que la part des communistes est importante.

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Réunification de la CGT

            Tout au long de cette longue convergence entre un parti communiste complètement marginalisé au début de la guerre et les autres forces qui sortiront, au moment de la Libération, victorieuses de la période d'occupation, il y a les pourparlers entre les anciens frères ennemis de la CGT. J'ai évoqué les premières rencontres en Mai 41. Elles se poursuivront jusqu'en Avril 43 où furent signés ce qu'il est convenu d'appeler les accords du Perreux, c'est-à-dire la réunification de la CGT. Frachon avait délégué Henri Raynaud et André Tollet pour représenter les communistes et Louis Saillant et Robert Bothereau représentaient la tendance majoritaire qui avait suivi Jouhaux en 39. A la Libération, les anciens minoritaires se retrouveront majoritaires, Frachon sera le baron incontesté de la CGT jusqu'aux années 60, mais la guerre froide et les pratiques hégémonistes des communistes auront vite fait voler en éclat cette union. Les amis de Jouhaux qui quittèrent la CGT pour fonder FO étaient, cette fois, minoritaires. 

EdC Oct 2003

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