Accueil site EdC          

Joly, Zemmour, un binome gagnant-gagnant saison 2022

( janvier 2022)
L'auteur, contact


En 2007, j'ai publié sur ce site une première page où je relevais un certain nombre de faiblesses dans l'oeuvre de Robert Paxton en constatant que ces faiblesses n'avaient pas empêcher l'émergence d'un dogme paxtonien qui s'énonçait ainsi:
"Venons-en au dogme: Vichy est une entité condamnable et qui doit être reconnue pleinement coupable. Quelles sont les conditions pour que la culpabilité soit totale:

1. Que Vichy soit pleinement responsable

2. Que Vichy soit constamment coupable

3. Que Vichy ne soit jamais bénéfique.

4. Que tous ses chefs soient solidaires, responsables et également coupables."

Cette approche était restée confidentielle jusqu'en 2014 avec la sortie d'un best-seller d'Eric Zemmour, "Le suicide français". Le petit chroniqueur de droite étant devenu un idéologue qui parlait et faisait de plus en plus parler de lui, il s'est formé, pour combattre ses présumées thèses sur Vichy, une sorte de croisade anti-zemmour qui fut l'occasion pour l'historien Laurent Joly de revendiquer, avec une certaine réussite, la place de chef de file des paxtoniens, plébiscité par tous les media. D'un autre côté, Zemmour ne peut que se féliciter de tout ce buzz fait autour de lui où tant d'historiens patentés font de la mauvaise histoire. Laurent Joly devenu grand inquisiteur du dogme paxtonien mérite qu'une page portail  lui soit consacrée.

En ce mois de janvier 2022, Joly a sorti chez Grasset une sorte de pamphlet La falsification de l'Histoire, Eric Zemmour, l'extrême-droite et les Juifs. J'y reviendrai. Pour inaugurer cette page, je mets en ligne un texte critique de René Fiévet sur le précédent livre de Joly, L'État contre les juifs, publié en 2018, où il commence à ferrailler avec Zemmour, et à travers Zemmour à Alain Michel qu'il s'agit de marginaliser. 

Je n'ai pas la moindre sympathie vis-à-vis de Zemmour et de sa vision de la France de 2022. Il est pour moi un adversaire naturel et je ne l'ai pas attendu pour mener un certain nombre de combats plus importants que la lutte contre Zemmour, laquelle ne saurait en aucun cas autoriser à pervertir l'Histoire.



Portail spécial Laurent Joly

Décembre 2021  Par René Fiévet, critique de L'Etat contre les Juifs

Janvier 2022  Falsification et perversion


C'était en 2007 L'Affaire Paxton

C'était en 2014 Alain Michel et l'affaire Zemmour

C'était en 2020   Laurent Joly, une certaine idée de la science

Décembre 2021  Vichy, Zemmour,Joly, saison 2021

 document pdf: Le rapport Knochen du 12 février 1943


Laurent Joly ou une certaine tendance de l'historiographie française de la Deuxième guerre mondiale

René Fiévet

René Fiévet, né en 1952, est actuellement retraité. Economiste de formation, il a exercé son activité professionnelle comme cadre supérieur dans une grande entreprise du secteur public puis, pendant de longues années, comme fonctionnaire international à Washington DC (USA). Ce n’est pas un historien, et il ne peut guère se prévaloir dans ce domaine que d’une Master 1 obtenu en 2017 à l’Université Paris Ouest-Nanterre. 
Sans être un spécialiste de la question, il suit avec attention tous les débats concernant à la France de la Deuxième guerre mondiale, et il constate que même les historiens professionnels ont beaucoup de difficultés à s’abstraire du débat idéologique entourant cette période de notre histoire. Pire encore, il leur arrive de convoquer la science historique à l’appui de leur combat idéologique. Le livre de Laurent Joly, L’État contre les juifs, est très représentatif de cette dérive. Mais au-delà de sa personne et de son livre, ce texte met en cause plus généralement « une certaine tendance » de l’historiographie française de la Deuxième guerre mondiale (pour paraphraser le titre d’un article célèbre de François Truffaut sur un tout autre sujet).

Télécharger le pdf  pdf

Pour mémoire, en 2018, Alain Michel s'était livré à une critique du livre de Joly sur le site Hérodote.


Falsification et perversion

En ce début d'année 2022, Laurent Joly a sorti chez Grasset  un petit opuscule, La Falsification de l'Histoire, Eric Zemmour, l'extrême-droite, Vichy et les juifs où il prétend montrer que c'est dans sa vision de la Seconde Guerre mondiale de Vichy et du règlement de la solution finale que Zemmour se positionne dans la tradition de l'extrême droite française. Je n'ai pas lu l'ensemble de l'oeuvre de Zemmour, je n'ai pas l'intention de le faire et de ce fait, les réflexions théoriques de Joly sur l'extrême droite française de Drummont à Zemmour ne me passionnent pas particulièrement, comme ne me passionnent pas les visions historiques du candidat-président qui se conduit souvent comme un mauvais cancre qui copie avec opportunisme les idées des autres glanées ici ou là.

Je trouve inadmissible de pervertir la lutte contre le négationnisme en déployant contre Zemmour l'arsenal anti-négationniste (Loi Gayssot), et le dernier chapitre de l'opuscule de Joly est à cet égard très inquiétant. Je considère également comme une perversion inadmissible de tordre l'Histoire sous prétexte de combattre Zemmour.

haut de page



Laurent Joly, La Falsification de l'Histoire

Remarque EdC :
La traque des Juifs fut jusqu'au bout, l'affaire de la police française
p.109
" Dans Destin français, reprenant une légende pétainiste, Eric Zemmour écrit qu'en août 1943, le maréchal refusa de ratifier le décret de naturalisation collective des Juifs devenus français depuis 1927 signé par Laval et que, dans la foulée, il interdit désormais que la police française parcicipe aux arrestations
En vérité, c'est Pierre Laval lui-même, qui, tenant compte de l'évolution de la guerre (la chute de Musssolini en Italie, l'impasse militaire du troisième Reich, etc..., renonça à cette vaste dénaturalisation. Pour autant, la traque des Juifs fut, jusqu'au bout, l'affaire de la police française (et non des SS et de la Milice, comme le croit Zemmour), et Vichy continua ponctuellement à se soumettre aux ordres nazis, comme en janvier 1944 à Bordeaux où plusieurs centaines de Juifs français furent raflés par la police aux ordres de Papon."

En vérité, il y a les faits, Laval renonce à la dénaturalisation et il y a l'interprétation de l'historien Laurent Joly tenant compte de l'évolution de la guerre... qui devrait être présentée comme telle. Il est fort vraisemblable en effet que Laval ait en permanence à l'esprit l'évolution de la situation militaire, mais ... il y a tellement d'autres facteurs qui jouent, en permanence, dans les décisions de Laval, et notamment les pressions allemandes et les pressions de l'opinion publique qu'il est tout à fait présomptueux de postuler, sans précaution, cette relation de causalité précise en août 1943.

Je ne sais pas ce que Zemmour a réellement écrit, mais ce que Joly lui répond laisse accroire une continuité dans la collaboration de la police française aux arrestations des Juifs. Il est exact que la Milice ne fut que marginalement impliquée dans la traque des Juifs, mais celle des SS et de leurs supplétifs français fut bien réelle à partir de l'automne 1943. Si l'on estime à 80% la part des arrestations de juifs effectuée par les polices françaises, sur l'ensemble de la période 1941-1944, cette part est inférieure à 50% entre septembre 1943 et août 1944.

Encore faut-il préciser que la participation de la police française s'inscrit dans des cadres bien distincts selon la présentation qu'en fait Klarsfeld (Vichy-Auschwitz) : il y a une histoire de la collaboration de la police française à l'arrestation des Juifs qui s'articule en  des moments bien précis:
- Avant juin 1942, notamment lors de la rafle du 20 août 1941, la police française était requise par les autorités d'occupation à l'échelon préfectoral (Vichy-Auschwitz,T1, pp.11-37)
- A partir de juillet 1942, la volonté de déporter les Juifs est affichée du côté allemand,  participation de la police française est négociée avec le gouvernement (négociations préalables à la rafle du Vel d'Hiv de Juin-juillet 1942 et accords Bousquet-Oberg d'août 1942), la police française effectue les rafles sous le régime du monopole, les juifs français n'étant pas déportables. (T1, pp.39-162)
- A partir de septembre 1942, Laval met un frein aux arrestations massives et les négociations entre Allemands et Laval portent sur des dénaturalisations massives. (T1, pp.163-192, T2, pp.10-109)
- Août 1943, Laval annonce qu'il ne procèdera pas aux dénaturalisations. La police française n'effectue plus d'arrestations. Les Allemands mettent sur pied des commandos pour arrêter directemet les Juifs (T2, pp.111-142)
- Janvier 1944, après'accession de Darnand au Secrétariat général au Maintien de l'Ordre, les pressions allemandes auprès de la police française pour arrêter des Juifs, y compris français se multiplient. C'est au cours de cette dernière phase que ce situe l'épisode de Bordeaux évoquée par Joly (T2, pp.143-178)

Une illustration graphique de ces différentes phases se trouve sur une autre page de ce site.

A titre anecdotique, Joly place cette opération sous les ordres du secrétaire général de la préfecture Papon, là où Klarsfeld donne le premier rôle au préfet Sabatier.
Robert Aron,
Laurent Joly p.51-58
Publié en 1954 chez Fayard, l'Histoire de Vichy de Robert Aron vient donc à son heure offrir une vision de la France des années noires soucieuse d'«apaiser» les esprits, de «rassembler» les Français selon les mots de présentation de l'ouvrage et de son auteur.
Alors âgé de 56 ans, intellectuel et journaliste, Robert Aron n'est pas lui-même un chercheur. Son ouvrage, il l'a rédigé dans l'urgence, entre deux commandes (l'homme vit, difficilement, de sa plume). Mais il a travaillé avec Georgette Elgey, à l'aube d'une brillante carrière d'historienne qui l'a aidé à rassembler sa documentation [...]

La question de la politique anti-juive est encore considérée comme marginale et les rafles de l'été 1942 ne font l'objet que de deux pages (sur 750) remplies d'erreurs (les dates et chiffres cités sont presque tous faux); Pétain est crédité d'avoir voulu  «arrêter ce déshonneur» dont s'est rendu coupable Pierre Laval en livrant en masse les juifs étrangers aux nazis même si «arithmétiquement parlant», le chef du gouvernement «a peut-être sauvé des vies humaines»
Ce type d'analyse, faussement équilibrée, est carastéristique du discours aronien, qui balance entre portraits psychologiques [...] et généralités lénifiantes. D'où l'adhésion , inévitable au mythe du «bouclier» (Pétain) et de l'«épée» (de Gaulle) «tous deux étaient également nécessaires à la France»

[... Joly retrace alors le parcours de Robert Aron sous forme de bétisier]

Victime du statut des Juifs et brièvement interné par l'occupant en 1940, pétainiste, rallié à la Résistance après novembre 1942, Robert Aron est resté, comme historien des années noires, le même chantre de la conciliation à faux.

Dés ses souvenirs de guerre parus chez Albin Michel en 1950 (Le Piège où nous a pris l'histoire, Albin Michel), le futur auteur de l'Histoire de Vichy mettait sur le même plan les victimes de la politique raciale et celle de l'épuration, frappées d'indignité nationale («êtres excommuniés non en raison du mal qu'ils quraient commis eux-mêmes, mais en raison du jugement totalitaire frappant la catégorie où le sort les avait inscrits») ou renvoyait dos à dos la volonté de Pétain d'effacer l'héritage de 1789 et le rejet absolu de Vichy par de  Gaulle: « le gouvernement de Gaulle rejoignit au moins en cela le gouvernement Pétain qu’un des buts de son action fut d’éliminer l’influence de ses adversaires et d’effacer de l’histoire les périodes qu’il désapprouvait»

Ainsi nourri de ce genre de raisonnement viciés, tout le propos aronien se résume à l'idée, aimable et creuse de « fraternité française» : «à part quelques quarterons de profiteurs et de traitres, que tous abominent et évitent, il est dans tous les camps une immense majorité de Français qui sentent de la même façon, et qui, passées les circonstances, causes de leur division, pourraient se retrouver et s’unir pour reconstruire notre pays.»

Telle est la thèse au coeur de l'Histoire de Vichy. Et c'est ce qui explique la rapidité avec laquelle le livre d'Aron, malgré les nuances qu'il contient a été récupéré par la littérature pétainiste dont s'inspire Zemmour.




Remarques liminaires sur Robert Aron, La France de Vichy
Zemmour se comporte souvent comme un mauvais cancre  qui copie sur les autres, mais mal. Ainsi a-t-il pris quelques remarques bienveillantes d'Alain Michel au sujet de  l'Histoire de Vichy de Robert Aron pour un éloge inconditionnel de celui qui n'a sans doute jamais été un grand historien mais qui a fait un travail estimable sur l'histoire immédiate si l'on en croit les critiques de l'époque, par exemple la recension d'André  Latreille dans le Monde du 31/12/1954

«Entreprise malaisée, réussite heureuse, telle m'apparaît l'Histoire de Vichy», commence courtoisement André Latreille qui regrette quelques lacunes concernant la Résistance, l'opinion publique et le cléricalisme de Vichy. Latreille pointe également la faiblesse de l'appareil documentaire et regrette que l'Histoire d'Aron s'intéresse davantage aux hommes qu'à la politique qu'ils font.

Révélateur de l'époque où ont été écrites le livre et la critique, Latreille, catholique et gaulliste qui s'était profondément impliqué dans le sauvetage des Juifs ne s'étonne pas du faible nombre de pages consacréées à la persécution des Juifs.

Voir aussi la sévère mais souvent juste critique  d'Henri Michel qui a l'avantage d'être complètement accessible en ligne, publiée deux ans plus tard dans la revue Annales. Economies, sociétés et civilisations.

Aucun de ces deux critiques n'a l'air de considérer Robert Aron comme le dernier des crétins, pas plus que la brillante historienne Georgette Elgey qui en 2012 évoque dans l'Express avec respect et nostalgie les années de travail qu'elle partagera avec Aron.

Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi faut-il que Laurent Joly ferraille celui qui pourrait être son arrière grand-père et dont l'ouvrage est unanimement considéré comme obsolète d'un point de vue scientifique ? Selon la construction théorisante de Joly, le livre d'Aron serait devenu un outil dans la panoplie des «pétainistes», c'est-à-dire de l'extrême droite française. La référence à Robert Aron devenant ainsi un marqueur de l'extrême droite, Joly accomplit ainsi une démonstration qu'il espère brillante:  Zemmour est d'extrême droite. Les migrants seront sans doute contents de l'apprendre.

« Pétainiste, rallié à la Résistance après novembre 1942» ?
Tout est faux dans cette courte phrase de présentation du parcours de Robert Aron, qui n'a jamais exercé aucune responsabilité dans le Vichy de Pétain, ne se revendique pas pétainiste dans ses souvenirs de guerre mais s'étend par contre sur la profonde meurtrissure ressentie à la promulgation du statut des Juifs en octobre 1940. Aron est en contact étroit avec ce qu'il appelle la "dissidence" (à savoir le groupe des cinq d'Alger) bien avant novembre 1942, et l'expression "Rejoindre la Résistance" est, hélas très utilisée, mais le plus souvent impropre. Tout à fait inapropriée dans le cas de Robert Aron.

«Inévitable adhésion de Robert Aron au mythe du bouclier et de l'épée» ?
Là encore, Laurent Joly réussit à fabriquer une phrase où tous les mots sont faux: inévitable, adhésion, mythe... J'ai déjà montré en 2007, sur une autre page de ce site, que le Robert-Aron-bashing était un exercice obligé de l'école paxtonienne.
Plus récemment, en 2020, sur une autre page de ce site, j'ai montré que l'autre Aron (Raymond) avait à peu près fait le tour de la question dès octobre 1945 en matière de bouclier et de moindre mal et démontré l'inanité de la question.
On pourra vérifier en consultant ces morceaux choisis de Robert Aron (pdf), et notamment les trois pages où il dresse un parallèle entre les attitudes respectives de Pétain et de Gaulle en juillet 1940, que ces trois pages sont peut-être du domaine de la considération lénifiante, mais en aucun cas la proposition d'une thèse nouvelle ou le ralliement à une thèse existante. Le seul mythe avéré est celui selon lequel Robert Aron aurait été à l'origine d'une thèse du glaive et du bouclier, et ce mythe se porte encore très bien en 2022.

Souvenirs de guerre de Robert Aron
Il est un peu surprenant  de voir descendre en flammes un ouvrage , l'Histoire de Vichy en vertu de théses qui se dégageraient d'un autre ouvrage, autobiographique (Le Piège où nous a pris l'histoire),  publié quatre ans plus tôt.
Laurent Joly qui s'intéresse en principe à la seconde guerre mondiale, aux Juifs et à l'histoire des idées aurait dû être passioné par ce témoignage et en faire une critique d'historien. Dans ces morceaux choisis de Robert Aron (pdf), j'ai reproduit, dans leur contexte, les passages incriminés par Joly.

Il est très intéressant de constater que Robert Aron revendique sa judéité, que le traumatisme consécutif au statut des Juifs d'octobre 1940 imprègne ce livre de souvenirs, mais que ce que nous appelons maintenant la Shoah ne le concerne pas.

Zemmour Négationniste ?
Laurent Joly, pp.118
[Joly rappelle que le 21 octobre 2019, face à Bernard-Henri Levy qui, en plein débat sur la Syrie l'avait interpellé  «... Vous avez dit une chose terrible, que Pétain avait sauvé les Juifs français» et que Zemmour avait répondu «français, précisez, français». Plusieurs associations avaient alors saisi la justice arguant de la loi Gayssot qui institue le délit de contestation de crimes conre l'humanité. En 2018 Henry de Lesquen avait été condamné pour avoir qualifié la rafle du Vel d'Hiv d'«épisode mineur de la déportation qui est elle-même un épisode mineur de la Seconde Guerre mondiale.» Zemmour a été relaxé en première instance, mais le jugement précise que affirmer que «les Juifs français ont été sauvés par le maréchal Pétain contient à la fois la négation de la participation de ce dernier à la politique d'extermination des juifs menée par le régime nazi ... et de la mortdes personnes qui ont succombé à ces exactions (ceux-ci ayant été "sauvés")»]

En résumé: prétendre que Pétain a sauvé les juifs français relève du négationnisme. A ce stade, on pourrait penser que Zemmour est donc un délinquant aux yeux de la justice française . Mais la suite du jugement, relative «au contexte dans lequel les propos ont été tenus»

[Joly explique que Zemmour a réussi à convaincre le tribunal  que le sens général de ces propos s'assimilait bien à «Pétain a sauvé des juifs français»]

D'où la relaxe (le procés en appel devrait avoir lieu en janvier 1922)

On peut néanmoins s'étonner que pour examiner «le contexte dans lequel les propos ont été tenus», il n'ait pas été pris en compte ce que Zemmour a pu dire ou écrire depuis 2014. Une surenchère impliquant une «minoration outrancière» du drame de la Shoah et des crimes de Vichy aurait du être relevée et permettre d'éclairer le bref échange du 21 octobre 2019.

Dans son livre Destin Français (2018) puis sur l'antenne de France Culture, le polémiste s'est livré à une banalisation flagrante de la rafle du Vel d'Hiv, comparée, on l'a vu, à l'internement des ressortissants ennemis par la République en guerre en mai 1940 [...] Au cours d'un autre débat avec Bernard-Henri Lévy sur CNews, toujours sur le même sujet, il s'est écrié: «Mais on n'a pas commis de crime !»

Il est clair, pour Eric Zemmour, que Vichy n'a pas commis de crime en contribuant à la Shoah mais «a sauvé des Juifs français» (Est-il besoin de rappeler que plus de 24000 juifs français, dont des milliers d'enfants, ont été déportés ?) et accompli , veut-il croire, la besogne de tout État digne de ce nom : se débarasser de ses étrangers indésirables.

Joly,  terrifiant gayssotin

Sans  même imaginer que la loi Gayssot pourrait être dévoyée par certains, je me suis clairement prononcé sur ce site contre la loi Gayssot. C'était en 2003 peu après la création du site .

Pour autant, la loi Gayssot, pour liberticide qu'elle soit, ne m'a pas empêché de dormir depuis sa promulgation en  1990. Bien que la majorité des historiens fussent contre la loi, cette dernière avait des partisans sincères , militants contre le négationnisme.

Que cette loi puisse être utilisée contre un Zemmour à qui on peut reprocher bien des choses, mais qui n'est pas négationniste est pour le moins inquiétant. Si l'on relit les lignes de Joly sur le négationnisme de Zemmour, que j'ai reproduit ci-contre, on y voit la prétention de faire condamner au titre de la loi Gayssot, bien au-delà de la contestation du crime contre l'humanité. Parler de la rafle du Vel d'Hiv en des termes qui ne sont pas jugés corrects par Laurent Joly, jusqu'à nouvel ordre, n'est pas un délit.

Il est vrai que Laurent Joly est prompt à saisir la justice bien au-delà du raisonnable. Il n'avait pas hésité à attaquer pour contrefaçon le romancier Slocombe en demandant rien moins que 40000 € de dommages et intérêts en plus de la mise au Pilon de tous les exemplaires de  l'Affaire Léon Sadorski. Laurent Joly et CNRS Editions furent déboutés, condamnés aux dépens avec paiement supplémentaire de 14000 €au titre de l'article 700 du code civil.

Honte aux organisations qui se sont portées parties civiles dans ce procès : UEJF, LICRA, SOS-Racisme, MRAP ! Honte à Laurent Joly qui dans les lignes écrites ci-contre regrette la relaxe en première instance et souhaite la condamnation en appel; (A ce jour, les résultats du jugement ne sont pas encore connus)