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LES PALAFITTES DU LAC D'AIGUEBELETTE (Création 20 mai 2015 Modif 16 juillet 2015) Histoire locale, voir aussi Les Chambost à Lépin |
Palafittes du site de Boffard au lac d'Aiguebelette © Rémi Masson |
Palafittes Aiguebelette 1 Cette page |
Palafittes Aiguebelette 2 | Les Palafittes d'Aiguebelette 3 Musée virtuel du lac d'Aiguebelette |
5000 ans d'agriculture
autour du lac Un lac qui n'a pas toujours existé L'arrivée des hommes néolithiques 1908 Les Palafittes d'Aiguebelette entrent dans la science Le classement par l'UNESCO Lac d'Aiguebelette : Les sites de Boffard et du Gojat Les cousins de Charavines Vivre au Néolithique dans la région du lac d'Aiguebelette |
Vers l'Age du Bronze Vestiges Romains et mystère de la tour engloutie Annexe 1 : Autres lacs alpins Annexe 2 : Les techniques au service de la préhistoire Annexe 3 A propos de la voie romaine Pour en savoir plus | Téléchargez le texte au format PDF |
En 2011, avec le classement des sites palafittiques alpins au patrimoine mondial de l'UNESCO, on vit renaitre l'intérêt pour les palafittes du lac d'Aiguebelette. J'avais fait avec la FAPLA le projet d'une vulgarisation qui débordait le strict cadre des palafittes pour englober toutes les connaissances que l'on peut avoir sur l'occupation des rives du lac jusqu'à la période gallo-romaine. Ces deux pages internet sont la version html de cette brochure que l'on peut télécharger au format pdf mais qui n'a pas été éditée en version papier sous cette forme là.
Il s'agit d'un pur travail de vulgarisation, je n'ai aucune compétence en matière d'archéologie. Si j'ai fait des erreurs ou des omissions, il faut me le signaler (voir comment me contacter à la page auteur). Comme on n'a jamais fini d'apprendre, je ne doute pas que ces pages vont évoluer, ne serait-ce que parce que au moment même où je mets ces pages en lignes, en mai 2015, de nouvelles publications sont prévues pour les prochains mois.
Beaucoup de gens m'ont aidé pour ce petit travail. Les remerciements sont là.
Pendant au moins 4700 ans et très certainement bien davantage, notre lac d'Aiguebelette a vécu en symbiose avec des hommes pratiquant l'agriculture et l'élevage. Cette époque est en passe d'être révolue.
Carte postale d'après huile Clovis Terraire (1858-1931) |
L'histoire du compagnonnage du lac avec l'agriculture a un début et une fin. L'objet de ce petit livre est d'aller à la recherche des premiers paysans dont on a trouvé la trace au pied de ce que l'on appelle du nom barbare de palafittes, mais nous allons commencer par la fin. Pourquoi la fin ? Il ne s'agit pas d'une nostalgie de principe. Nous vivons une époque mouvementée où des équilibres séculaires font place à une situation nouvelle. Il ne s'agit pas d'une impression, ce sont des choses qui se mesurent. Prenons l'évolution de la population de quatre des cinq communes riveraines du lac, Aiguebelette, Lépin, Saint-Alban et Nances :
Que lit-on sur ce graphique1 : Depuis le recensement de 1793, la population riveraine reste à peut près stable jusque vers le milieu du 19e siècle. Ensuite, pendant environ un siècle, elle se réduit de moitié. C'est la période de l'exode rural où une partie de la population paysanne quitte la campagne pour exercer à la ville des activités industrielles. L'agriculture devient plus performante. Une partie de plus en plus faible de la population parvient à nourrir l'ensemble. Les rives du lac se dépeuplent, mais les villages autour du lac restent paysans. Pendant cette même période, Chambéry se remplit et double sa population alors que les communes rurales se vident.
En remontant le temps de deux cents cinquante années. La Savoie n'est pas encore française, Victor-Amédée II, descendant des ducs de Savoie, qui porte alors le titre de « Roi de Sardaigne, duc de Savoie et prince de Piémont », se distingue en dotant le Duché de Savoie d'un cadastre connu sous le nom de mappe sarde. Les autres pays européens suivront l'exemple de Victor-Amédée II. On peut voir ci-dessous un extrait de la mappe sarde concernant les communes de Lépin et d'Aiguebelette, daté de 1728.
Chaque parcelle y est
repérée, et sa nature est renseignée et illustrée par une
couleur. En vert clair, les prés représentent bien moins que la
moitié des terres cultivées et ce sont les champs, en jaune, qui
dominent. Sur la surface dont il dispose, le paysan a intérêt à
cultiver des céréales, des fruits et des légumes plutôt que d'y
faire pâturer des bêtes. Attention, on ne trouve pas alors dans
les potagers ce que l'on y trouve au 21e siècle. La
tomate qui s'imposera par la suite dans les meilleurs jardins de
curés, ou la pomme de terre qui se substituera partiellement aux
céréales comme aliment de base dans les contrées européennes peu
favorisées par le soleil, n'ont pas encore terminé le long périple
qui les acheminera du nouveau monde jusqu'aux champs et aux marmites
de l'avant-pays savoyard.
Les géomètres
du 18e
siècle ne se débrouillaient pas trop mal, mais, pour l'anecdote, si
on trouvait quelque chose à redire à ces cadastres de 1728, on ne
pourrait pas dire « c'est la faute à Rousseau ! »,
car si l'illustre Jean-Jacques fut bien employé aux services du
cadastre de Chambéry lorsqu'il séjournait aux Charmette chez Madame
de Warens, ce ne fut qu'à partir de 1734, après que les cadastres
de Lépin et d'Aiguebelette aient été établis.
Certes, la prédominance de l'agriculture n'empêche pas une certaine activité artisanale ou de petite industrie, comme ce fut le cas pour les tuileries, entre le 17e et le 19e siècle2. A la fin du 19e siècle et au-début du 20e, l'arrivée du chemin de fer n'avait pas remis en cause la ruralité du territoire et la polyculture qui était la règle : le paysan produisait tout ce dont il avait besoin pour nourrir sa famille, et jusqu'à la fin des années 1950, la batteuse était attendue dans chacune des fermes à la fin de l'été. Si les jardins potagers sont encore nombreux, les cultures de céréales ont presque complètement disparu pour laisser la place aux seuls pâturages, plus particulièrement dédiés à l'élevage laitier.
Le recensement de la population riveraine du lac (Figure 1) indique ensuite un changement de tendance à partir de 1975, les effectifs remontent en flèche vers des niveaux jamais atteints, pour le plus grand bien des écoles qui voient s'éloigner le spectre des fermetures de classe, mais c'en est fini de la ruralité. Avec le tunnel de l'autoroute, le lac d'Aiguebelette devient la banlieue de Chambéry dont le centre ville cesse de se peupler mais qui s'étend inexorablement. On ne peut évidemment pas postuler que les nouveaux arrivants chassent les anciens paysans, mais le fait est que la ruralité continue de s'effondrer et ne représente plus qu'une activité marginale. Sur les quatre communes citées, en 1988, 31 personnes tiraient encore leurs revenus du travail dans 28 exploitations agricoles. Il n' en a plus que 12 en 2010, qui travaillent dans 9 exploitations agricoles. La tendance est la même à Novalaise qui n'est pas à proprement parler un village. La concentration et la mécanisation n'explique pas tout. Le recul des surfaces cultivées est également tangible. Leur superficie a baissé d'un quart en 22 ans3.
Après avoir commencé très délicatement cette remontée dans le temps, nous allons sauter carrément des milliers d 'années et même davantage pour assister à la naissance du lac. Notre lac d'Aiguebelette n'était pas là de toute éternité. Nous n'allons pas refaire la marche du monde depuis le Big Bang, Il y a environ 18500 ans, des hommes vivaient dans des grottes dans le Périgord et ont immortalisé leur culture de chasseurs-cueilleurs sur les parois des grottes de Lascaux. Si nous étions remontés de 10000 ans de plus, nous aurions trouvé, encore plus près d'Aiguebelette, dans l'Ardèche, à la grotte Chauvet, d'autres hommes, eux aussi merveilleux dessinateurs.
Au temps de Chauvet, inutile d'imaginer quel type d'homme pouvait bien pêcher le brochet ou la perche dans les eaux du lac d'Aiguebelette : si le relief avec la chaîne de Lépine et le Mont Tournier était bien celui que nous connaissons aujourd'hui, dans la vallée formée entre les deux montagnes, des centaines de mètres de glace occupaient tout le long de la vallée ou plutôt, pour parler le langage des géologues, du synclinal qui était sans doute en V avant la glaciation Würmienne, mais qui a pris cette forme en U après que cette énorme masse de glace lui ait raboté les flancs pendant quelque 60000 ans. Würm est le nom que l'on donne à cette période glaciaire pendant laquelle les hommes de Lascaux chassaient le Renne dans le Périgord. De l'autre côté de la chaîne de Lépine, le synclinal de Chambéry et du lac du Bourget était également rempli par un glacier, si énorme lui aussi, qu'il dégoulinait de notre côté par ce que nous appelons maintenant les cols du crucifix et de Saint-Michel4.
Formation de la vallée glaciaire d'Aiguebelette (Michel Tissut) |
Il en était de la calotte glaciaire alpine, comme il en est de la banquise arctique, ou des glaciers du Groenland ou de l'Antarctique : une fois qu'il sont en place, le soleil a du mal à les faire fondre. On appelle cet effet l'Albedo : le soleil darde bien ses rayons sur l'avant-pays savoyard comme il le fait en Périgord, mais le glacier n'absorbe pas l'énergie. Toutefois, sous l'action de la chaleur, les bords du glacier commencent à fondre, la surface gelée se rétrécit, et plus elle se rétrécit, plus le sol se réchauffe et la fonte des glaces s'accélère. C'est ce que nous sommes en train de vivre avec la fonte de la banquise, c'est ce qui s'est passé à Aiguebelette il y a 17000 ans, tout est allé très vite, en quelques milliers, voire quelques centaines d'années seulement, les mille mètres de glace ont fondu.
Entre la chaîne de l'Épine
et le Mont Tournier, là où se trouve maintenant le lac, l'espace
entre les deux anticlinaux, toujours pour parler le langage des
géologues se resserre, et le glacier a joué le rôle d'un puissant
rabot creusant une cuvette dans la molasse tendre déposée au
tertiaire La délimitation de la
cuvette au nord et au sud du lac est le résultat de dépôts
morainiques 4.
Coupe géologique du lac d'Aiguebelette (Michel Tissut, CC BY-SA) |
En fait, le réchauffement global fit plus que se confirmer : En 7000 ans seulement, la température moyenne de la terre grimpa de huit degrés. Notre glacier n'a rien à regretter, il n'avait aucune chance. Pendant les 10000 années qui suivirent, c'est-à-dire jusqu'à notre époque, la température moyenne du globe resta exceptionnellement stable. On appelle cette période l'Holocène, et le réchauffement global qui s'amorce mettra fin à cette période qui permit à l'homme de développer l'agriculture. A proximité du lac d'Aiguebelette, à Virignin, dans l'Ain (Grotte des Roamisn) ou à Saint-Thibaut de Couz (Abris Jean-Pierre), on trouve des traces d'un repeuplement correspondant à la fonte des glaciers, et dont les populations ressortent de la culture magdalénienne ou de celle qui lui a succédé, azilienne, vers -12500.5
Evolution de la température terrestre (Glen Fergus, CC BY-SA) |
Le graphe ci-dessus6 donne une indication sur la température de la terre, mais les courbes sont construites d'après des mesures indirectes effectuées sur des carottes glaciaires prélevées en antarctique ou au Groenland. On voit qu'autour de 10000 BP (Before Present, c'est-à-dire il y a 10000 ans),au cours de la période que l'on appelle le Dryas récent, la remontée en température a marqué le pas. Le recul glaciaire s'est alors inversé, mais pas assez pour que la calotte alpine se reforme sur les sites des lacs savoyards.
Pour qu'il y ait Palafittes, il fallait une rencontre entre un lac et des hommes. Le lac est rentré en scène, mais les hommes sont encore dans les coulisses.
Après son apparition en Afrique il y a un peu plus de deux millions d'années, l'homme finira par peupler tous les continents. La sous-espèce de Néandertal a vécu en Europe à partir de 250000 BP, mais elle disparaîtra vers 28000 BP et seule subsistera la sous-espèce Sapiens à laquelle se rattache l'homme de Cro-Magnon, qui vivait au Périgord au temps des grottes de Lascaux, tout comme celui qui arrivera beaucoup plus tard sur les rives du lac d'Aiguebelette
Lorsque les glaciers des Alpes fondent (période mésolithique), les territoires ainsi libérés se recouvrent de végétation. Sur l'ensemble des vallées et plaines des Alpes du nord, il faut imaginer une forêt riche en chênes, charmes et tilleuls comme l'a montré l'analyse des pollens, l'un des outils dont l'archéologue dispose dans son arsenal7. On trouve également des traces humaines, laissées par des populations de chasseurs cueilleurs, datant de la période du Mésolithique récent, dans le Vercors (Pas de la Charmatte et Couffin 2), en Chartreuse et près de Sassenage (Sources de la Grande Rivoire) datées entre -7000 et -65008, ainsi que dans le Jura9.
En
même temps que la déroute des glaciers alpins,
il
va se propager depuis l'Asie mineure une révolution technologique
aux conséquences inouïes. L'humanité ne va plus se contenter de
consommer la nature, elle va l'apprivoiser et la consommer. On
associe le nom de néolithique à cette vague culturelle irrésistible
caractérisée par l'agriculture et l'élevage. L’agriculture et
l'élevage sont en effet apparus il y a environ 12 000 ans dans la
zone qui englobe la Mésopotamie et la Phénicie encore appelée
«Croissant fertile», avec la culture du blé, de l’orge, ainsi
que l'élevage des moutons et des chèvres. Les
premiers agriculteurs néolithiques prennent possession du massif
alpin et de ses piedmonts au début du Ve millénaire avant notre ère
(période Néolithique moyen). Ils s'installent d'abord dans les
grandes dépressions, en occupant d'abord les coteaux bien exposés,
au nord du Dauphiné, dans la région de La
Côte-Saint-André/Saint-Geoirs, dans le Grésivaudan, la Cluse de
l'Isère où s'est plus tard installé Grenoble, dans la cuvette de
Chambéry et la vallée du Rhône moyen, sur les bords du lac Léman
etc...
10
Diffusion de l'agriculture en Europe (H.Schlichtherle) |
Les archéologues ont établi de façon relativement précise la carte de l'expansion du néolithique11 sans pouvoir toujours trancher du vecteur de cette progression : Y-a-t-il eu une sorte d'invasion de peuplades venues de l'Anatolie ou bien les techniques ont-elles été copiées de proche en proche ?
Deux courants civilisateurs ont pénétré les Alpes au Néolithique moyen, vers le Ve millénaire. La région Rhône-Alpes se situe dans ce que les archéologues appellent la tenaille cardialo-rubanée. Une des routes de la progression du néolithique, celle qui est proche du pourtour méditerranéen est signée par une production de céramique « cardiale », un style décoratif qui tire son nom des empreintes réalisées sur l'argile fraîche des poteries à l'aide d'un coquillage dont le nom savant Cardium edule désigne tout simplement une sorte de coque.
Céramique cardiale, La Sarsa, Espagne (José-Manuel Benito Álvarez, Dom. Publ.)
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L'autre route de progression du néolithique, la vallée du Danube, la Bohème et l'Allemagne, est jalonnée de vestiges relevant de la culture rubanée qui doit son nom aux rubans décorant fréquemment les poteries.
Poterie de la culture rubanée retrouvée dans la région de Ludwigsburg, en Allemagne et datant de -5200 .
(Photo Anagoria, CC BY-CA)
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Près du lac d'Aiguebelette, deux sites du Néolithique montrent des affinités avec le Cardial final du Midi : les Corréardes au sud de la Drôme et le Gardon près d'Ambérieu-en-Bugey.
Le courant néolithique atteint la région Rhône-Alpes par la branche cardiale. A partir du 5e siècle, les archéologues ont affiné la typologie des civilisations néolithiques. Ainsi, le Chasséen désigne une culture préhistorique du Néolithique moyen développée entre -4200 et -3500 sur le site de Chassez-le-Champ, en Saône et Cortaillod, une civilisation néolithique établie sur les rives du lac de Neuchâtel entre -4500 et -3500. Au tournant de -4000, on constate des contacts entre les populations relevant du Chasséen et celles relevant du Cortaillod. Vers -3500, les vestiges de la région du Bugey, englobant le lac du Bourget s'apparentent à ceux du Néolithique Moyen Bourguignon (NMB). dés lors vont se développer de nouveaux groupes locaux dont les composantes culturelles et les limites géographiques sont floues, en dépit du grand nombre de sites recensés dans l'espace rhodanien14. Après -3500, les archéologues parlent d'une civilisation Saône-Rhône qui caractérise au IIIe millénaire une aire géographique englobant la Suisse occidentale, le Jura, la plaine de la Saône, la Savoie et le nord du Dauphiné. C'est à cette civilisation Saône-Rhône que l'on nomme aussi "Néolithique final rhodanien" qu'appartiennent les sites néolithiques du lac d'Aiguebelette. On notera que près du lac d'Aiguebelette, les fouilles de la grotte des Sarradins, sur la commune de Traize, a mis en évidence une occupation néolithique dont certains ossements ont été datés entre -3350 et -290014b
L'hiver de 1853-54, particulièrement rigoureux, entraîna un retard de la fonte des neiges et des glaces qui alimente les rivières et les lacs de la Suisse. Le niveau du lac de Zürich s'abaissa alors à un point qui n'avait jamais été atteint, faisant apparaître de longues rangées de pieux dans le voisinage duquel on trouva des objets fabriqués par l'homme: haches en pierre polie, silex taillés en forme de couteau. Il s'avéra que presque tous les lacs alpins abritaient également des vestiges de « cités lacustres » que l'on pouvait rattacher au Néolithique ou à l'Âge du bronze.
Les Français, il faut bien le dire, furent plutôt à la traîne, dans ces découvertes de Palafittes, autre nom donné aux cités lacustres. Ce n'est qu'en 1884, semble-t-il, qu'on en découvrit à Annecy. Sur les rives de notre lac , les instituteurs Bovagnet et Chevron furent sollicités par la Société savoisienne d'histoire et d 'archéologie pour dresser un inventaire archéologique de leurs secteurs, mais leurs rapports de 1866 ne mentionnèrent que des objets de l'Antiquité gallo-romaine et, par contre, en 1867, André Perrin effectue les premiers ramassages d'objets sur le site de Boffard. L'existence de pieux analogues à ceux que l'on avait trouvés dans les lacs alpins étaient donc déjà connus, sinon identifiés avant 1904 si l'on en croit la première publication scientifique sur les palafittes d'Aiguebelette, que l'archéologue préhistorien Louis Schaudel présentera en août 1908 au 4e Congrès préhistorique de France qui se tint à Chambéry.
Extrait de la communication de Louis Schaudel en 1908 « … au cours d'une excursion effectuée en 1904 sur le Lac d'Aiguebelette en compagnie-de mon ami J. Révil, le garde Duport ... nous fit voir un groupe de pilotis, qu'à première vue je reconnus pour les restes d'un établissement lacustre. L'emplacement désigné est situé non loin de la rive méridionale … Les pilotis, encore visibles à environ 200 mètres du rivage, consistent en troncs d'arbres non refendus de 0m15 à 0m20 de diamètre, ne s'élevant plus au-dessus du fond du lac que de hauteurs variant entre 0m10 et 0m40. Ils sont le plus souvent disposés aux quatre coins d'un carré ou d'un rectangle; mais fréquemment il existe plusieurs pilotis enfoncés les uns à côté des autres par groupes. Le rond de l'emplacement est assez inégal par suite de l'accumulation de vase formant une série de petits, tertres sous-lacustres. La profondeur de l'eau varie entre 1m50 et 2 mètres... Ce n'est qu'en 1906 qu'il nous fut possible, au baron Albert Blanc et à moi, de réaliser le projet depuis longtemps formé de pratiquer des fouilles sur cette station... Malgré un travail pénible, nous n'avons pu, pour ainsi dire, qu'égratigner le terrain et ramener que les objets disséminés au fond de l'eau. Il nous est resté cette conviction que, pour être à la fois utiles et fructueuses, ces fouilles devraient pouvoir s'effectuer hors de l'eau, par exemple au moyen de grands caissons sans fond, dans lesquels on ferait le vide. Mais cela demande un matériel qui nous faisait absolument défaut. Nous avons donc dû nous résoudre à opérer de la façon suivante. Une barque nous attendait chaque fois au Port, pour nous conduire sur l'emplacement des pilotis. Muni d'un filet monté sur un cerceau de fer assujetti à un manche en bois d'environ deux mètres de longueur, mon jeune et vaillant collaborateur, bravant l'insolation dont nous menaçait le soleil ardent de juillet et d'août, se mettait résolument à l'eau, et, manœuvrant cet engin à la façon d'une pelle, il recueillait dans la vase, entre les pilotis, les débris qu'il pouvait atteindre et qu'il versait ensuite dans la barque. Je procédais immédiatement à un premier examen pour mettre de côté les objets les plus caractéristiques; le reste était jeté au fond de la barque et lorsque celle-ci était suffisamment chargée, nous allions terminer le triage sur le bord à l'ombre des arbres où tous les débris non susceptibles d'être recueillis furent abandonnés... Il existe quelques belles pièces, finement retouchées des deux côtés, notamment des pointes de javelot à crans latéraux vers la base, des pointes de flèches triangulaires et lozangiques, des fragments de couteaux, des grattoirs, des perçoirs. »15 |
Il faudra attendre les années 1960 pour que les investigations scientifiques reprennent, en bénéficiant, cette fois-ci des progrès de l'archéologie sous-marine et des méthodes de datation, et finalement, on saura à la fin du XXe siècle que les pieux du site de Boffard qui avaient intéressé Schaudel provenaient d'arbres abattus en -2693 et -2683 .
Lors du Congrès archéologique de Chambéry, les communications étaient présentées en soirée et pendant la journée, des excursions étaient proposées aux congressistes, à l'époque forcément masculins, auxquelles pouvaient se joindre les épouses.
Août 1908: Sortie du congrès préhistorique à Aiguebelette « Ce matin, les congressistes se sont transportés sur les bords du délicieux petit lac d'Aiguebelette, où les spécialistes ont pu étudier les restes d'une importante station lacustre dont les pilotis sont parfaitement visibles à quelque centimètres de la surface du lac aux eaux limpides. Quelques ardents préhistoriens ne se sont même pas contentés de regarder de loin le vestiges des palafittes d'Aiguebelette : il en est deux, dont un vénérable sexagénaire, qui ont mis bas les vêtements du congressiste moderne et qui, masquant la nudité de l'homme primitif à l'aide de deux mouchoirs retenus par une ficelle, ont plongé dans l'onde lacustre, pour aller voir si nos lointains ancêtres n'avaient pas laissé quelques vestiges au pied des pilotis de leurs habitations. ».16 |
Emplacements des sites néolithiques sur le lac d'Aiguebelette Dans
le courant des années 1990, André Marguet a inventorié dix-dept
sites ou lieux de trouvailles, proches du rivage 17.
En plus des deux sites néolithiques, deux autres ont été datés à
la limite entre le néolithique et l'Age de Bronze, un autre relève
du Bronze, et les autres, de l'Antiquité, ou d'une époque plus
récente. Tous ces sites sont évidemment situés en eau peu
profonde. Leur localisation exacte n'est pas un secret, on peut les
trouver dans les publications d'André Marguet, mais il ne serait pas
opportun d'inciter des amateurs à se livrer à des fouilles qui ne
feraient que compliquer le travail de futurs archéologues. Il est
par ailleurs vain d'espérer trouver dans ces gisements des pièces
de valeur vénale. Les dix-sept sites archéologiques sont donc situés en-deçà de la première courbe de niveau18 que l'on voit sur la carte, mais les zones peu profondes apparaissent aussi sur les photos que l'on peut prendre à partir du Mont Grelle. |
En 2012, un ensemble de 111 sites archéologiques des lacs alpins relevant du Néolithique ou du Bronze fut classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Sans trancher la question des avantages et inconvénients de cette distinction, faisons remarquer que s'il est possible à un(e) citoyen(ne) français de refuser la légion d'honneur, il n'est pas possible pour un site de refuser son classement par l'UNESCO. le site de Boffard figure parmi les onze sites français, à côté de sites des lacs savoyards du Bourget et d'Annecy et des lacs jurassiens de Clairvaux et de Chalain. Le site des Baigneurs, sur le lac de Paladru, n'est pas dans la liste, il a été complètement exploité, et comme les fouilles sub-aquatiques sont destructrices, seules subsistent de ce site les connaissances archéologiques mises en valeur dans un remarquable musée20. Plus de site, pas de classement au patrimoine mondial, l'UNESCO est sans pitié.
La carte ci-dessus21 montre la localisation des 111 sites, depuis la Slovénie (SLO), à l'est jusqu'à la France (F) à l'ouest en passant par l'Autriche (A), l'Allemagne (D) et la Suisse (CH, au Nord et l'Italie (I) au sud. Ils ne représente qu'une partie des 1000 sites répertoriés dans l'ensemble de la région périalpine. Ces sites occupent les rives des lacs, des marais asséchés et, plus rarement, les zones alluviales de cours d’eau. Grâce a une humidité constante, les éléments architecturaux en bois, certains restes alimentaires, outils en bois et même vêtements ont été conservés. Les vestiges de ces habitats représentent la principale source d'information sur les sociétés agraires de la Préhistoire en Europe22.
Depuis la mise en évidence des palafittes, en 1854, la représentation que l'on peut se faire de ces groupements d'habitations que l'on a appelés « cités lacustres, a une longue histoire jalonnée de controverses. En gros, on a d'abord cru que les villages étaient construits sur l'eau, tout comme les habitations des peuples de la mer que les explorateurs du 19e siècle avaient découvertes dans la zone indonésienne23. Puis, des indices tendant à montrer que beaucoup d'habitats palafittiques avaient été construits sur la berge, à la faveur d'un abaissement du niveau des lacs, et enfin, il est apparu que ce modèle ne pouvait pas être généralisé à tous les sites connus.
Pour les archéologues du XIXe siècle, il ne faisait aucun doute que les pieux, parfois densément répartis, servaient de supports à une plateforme élevée au-dessus de l’eau pour soutenir les maisons. Au début du XXe siècle, la découverte des variations du niveau des lacs et la mise au jour de planchers et de foyers en milieu littoral ou palustre ont incité les archéologues a reconstituer des villages plutôt édifies à même le sol. On admet aujourd’hui que les conditions propres à chaque site littoral – la nécessité de rebâtir après une inondation mise a part – pouvaient donner naissance à des modes de construction variables.
Même dans le cas de villages palafittiques pour lesquels il a été démontré qu'ils avaient été construits à même le sol, à des périodes d'abaissement du niveau du lac, une question demeure : pourquoi construire des maisons dans des endroits plutôt insalubres, à une époque où la pression immobilière n'était pas celle qui prévaudra, par exemple, en Vendée au 21e siècle. Les bords de lac ne sont pas particulièrement favorables aux cultivateurs, à leurs récoltes et à leurs troupeaux, les brefs moments idylliques de l'été sont suivi de longues périodes avec des sols gorgés d'eau, boueux, nécessitant souvent des chemins de planches pour accéder aux maisons. La pratique de la pêche ne saurait constituer une bonne explication.
En revanche, si l'on veut bien imaginer que les populations néolithiques n'étaient pas forcément animées de bonnes intentions vis-à-vis des groupes voisins, on ne peut exclure l'hypothèse selon laquelle les espaces marécageux disposés entre une palissade et les habitations aurait constitué une zone protectrice, une sorte de glacis qui aurait maintenu d 'éventuels agresseurs à plus d'une portée de flèches du village.24
Boffard
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Prospection de l'équipe de Raymond Laurent en 1960 sur le site du Gojat (Photo R.Laurent) |
Photo sub-lacustre de Boffard 1-bis (1960, B.Combes) |
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André Marguet, jeune chercheur à Paladru. (Photo Bocquet) |
André
Marguet, spécialiste des Palafittes d'Aiguebelette. (Laurent Guillaume, Chroniques d'en
haut, 2014) |
Ils purent alors dater les sites de Boffard et du Gojat par la dendrochronologie27, une technique qui ne nécessite pas comme l'analyse du radiocarbone un appareillage très onéreux et qui se prête très bien à l'analyse des pilotis. Il s'agit de la simple observation des cernes des arbres, mais pour chaque espèce considérée, il faut disposer, dans la même région de toute une séquence de mesures pour obtenir finalement une date de l'abattage des arbres, précise à l'année près.
Le site se présente sous la forme d'un secteur en forme de losange d'environ 118 m par 63 m sur lequel les pilotis sont dispersés sans organisation directement perceptible, à l'exception de quelques plans rectangulaires interprétés comme des habitations et un alignement formant palissade du côté du rivage. Sur les 30 m2 qui ont été décapés, on a retrouvé 50 petits pieux, ce qui est considéré comme une densité relativement faible, mais bien supérieure à celle des pieux visibles depuis la surface. Leur répartition montre quelques groupements et des rangées qui pourraient correspondre à une organisation architecturale mais les faibles surfaces étudiées jusqu'ici ne permettent pas de l'affirmer.
Le site de
Boffard dans son environnement actuel.
(à gauche, Photo géoportail)
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Une description tout à fait précise des sites de Boffard 1 et 1-bis avait été faite en 1960 à la suite des fouilles de Raymond Laurent26 . Je reviens un peu plus bas sur le site I-bis (Vestiges romains et mystère de la tour engloutie).
En fait, ces 30 m2 qui ont été décapés correspondent à l'implantation de trois triangles de 5 mètres de coté et distants entre eux de 35 mètres. Lors des fouilles, la profondeur des eaux du lac étaient d'environ 1,5 mètre. A l'intérieur des deux triangles les plus éloignés de la rive, des décapages réalisés avec un appareil qui ressemble à un aspirateur et que l'on nomme « suceuse » ont permis de découvrir quelques « mobiliers lithiques » , c'est-à-dire des objets en pierre, et plus précisément en roche verte (petites haches polies à facettes et fragment simplement bouchardé), en silex variés (racloirs à encoches, grattoirs sur éclat, fragments de lames et de poignard, nombreux éclats de débitage, éclats denticulés, etc.) et en pierre calcaire (fragment d'une fusaïole décorée d'incisions). Une trentaine de tessons de poteries grossières très érodés ont également été mis au jour. Selon André Marguet, ces objets semblent bien appartenir à un gisement d'habitat daté de la fin du Néolithique, ce qui est cohérent avec la datation.
Les plongeurs ont également effectués vingt-six carottages mais ces derniers n'ont pas rencontré de niveaux organiques conservés. Ils indiqueraient que ce gisement est fortement dégradé et que seuls les pilotis solidement implantés et les mobiliers les plus lourds aient été préservés de l'érosion.
Le Gojat
Tout comme pour le site de Boffard, on reconnaît aisément sur une photo satellite celui du Gojat, sur la rive opposée du lac, entre Saint-Alban plage et la base d'aviron. La faible profondeur donne aux eaux une teinte tirant sur le vert, qui tranche avec le bleu environnant. Il s'agit d'une zone qu'une baisse de niveau des eaux du lac avaient temporairement rendue à la terre ferme aux alentours de l'an -2700.
Photo GeoportailConnue de Schaudel, mais non explorée par lui, ce site avait été largement prospecté par les plongeurs de Raymond Laurent dans les années 1960. À l'occasion d'une baisse exceptionnelle du niveau des eaux provoquée pour permettre la construction de la base d'aviron sur le territoire communal de Novalaise, une prospection du rivage avait été entreprise par le CNRAS durant l'hiver 1983-84, ce qui avait été l'occasion de repérer et de dater de nouveaux pilotis sur ce littoral occidental. L'ensemble du site archéologique est contenu dans un polygone de 71 m par 63 m, à moins de 100 m du rivage actuel. La profondeur moyenne des eaux est de 2,5 mètres.
Des investigations de même nature que celles menées à Boffard ont conduit à dater l'abattage des arbres utilisés pour faire les pieux de l'automne/ hiver -2702/-2701 pour une partie d'entre eux et de l'automne/hiver -2699/-2698 pour une autre partie, quelques années plus tôt que les pieux de Boffard. Disons tout de suite qu'à ce jour, personne ne peut dire quelles furent les relations entre les deux communautés qui cohabitèrent sur des rives opposées du même lac. Les pieux étaient en majorité du frêne ou du sapin.
Le mobilier retrouvé lors des fouilles réalisées à l'intérieur de trois triangles de cinq mètres de coté correspond bien à la période du néolithique issue de la datation par dendrochronologie : petites haches polies en roche verte entièrement polies à facettes, nombreux éclats en silex dont plusieurs micro-denticulés et des fragments de débitage, etc... La céramique semble avoir complètement disparu sous l'action de l'érosion.
On signalera enfin, la découverte dans la région la moins proche du rivage d'une bonne douzaine de poids de filet en terre cuite à deux encoches aménagés dans des 'fragments de tuiles et de briques gallo-romaines. Ils expliqueraient logiquement une pratique locale de la pêche, à un endroit facilement identifiable comme peut l'être cette extrémité du haut-fond28.
Agnès Jaoui entre dans l'appartement de sa sœur, Sabine Azéma : Sabine Azéma : La surdouée de la famille … Je plaisante, mais c'est un peu vrai, tu es la surdouée de la famille … Je t'ai dit qu'elle soutenait sa thèse le 28 ? Jean-Pierre Bacri (marie de Sabine Azéma) : hu...um … et … une thèse sur quoi ? Agnès Jaoui : Sur le … euh … sur rien ! Bacri : Ah c'est bien, ça prend pas beaucoup de temps Azéma : C'est les chevaliers de l'an mil du lac des paysans … Jaoui : C'est pas du tout ça Azéma : Eh bien vas-y toi ! Jaoui : Les chevaliers-paysans de l'an mil du lac de Paladru Azéma : C'est pas ce que j'ai dit ? Bacri : Au lac de … ? Jaoui, énervée, d'une voix forte : PALADRU ! Bacri : Mais euh … excuse-moi, y'a des gens que ça intéresse ? Jaoui : Personne … Bacri : Mais alors, pourquoi t'as choisi le sujet ? Jaoui : Pour faire parler les cons ! |
A Charavines, le même musée honore maintenant la mémoire du village néolitique et de celui de l'an mil. En 1971, un projet de plage municipale, « Les Baigneurs » menaçait le site néolithique. Ce fut le départ d'une opération de sauvetage. Sous la direction d'Aimé Bocquet, de 1972 à 1986, 300 volontaires bénévoles et un grand nombre de chercheurs ont extirpé plus de 100 m3 de sédiments riches en utilisant des méthodes et des techniques pionnières de l'archéologie sub-aquatique. Contrairement au site de Boffard, à peu près contemporain, mais où l'érosion a détruit les empilements de couches organiques, le site des Baigneurs s'est avéré exceptionnellement bien conservé, permettant une reconstitution d'une merveilleuse précision des 25 ans de vie d'un premier village, de -2668 à -2643 et des 21 années de vie d'un second village, de -2611 à 2690.
Vers -2668, quelques paysans venus probablement d'un village voisin, mettent en culture un espace récemment asséché par une baisse persistante du niveau du lac. Ils abattent des arbres dont une partie servira à construire un petit abri. L'année suivante, ils reviennent et construisent deux maisons. Au cours des années suivantes trois autres maisons sont construites, formant ainsi un groupe de 5 maisons et quelques abris, bien regroupées tout au bord de la rive du lac. Moins d'une cinquantaine de personnes ont habité ce village qui sera déserté pour une raison inconnue un peu plus de vingt ans après sa création.
30 à 40 ans plus tard, un deuxième village sera construit au même emplacement, il durera une vingtaine d'années et sera brutalement abandonné, vraisemblablement à la suite d'une brutale remontée des eaux.29
La visite au cousin A vol d'oiseau, les villages du lac d'Aiguebelette et celui du lac de Paladru sont distants de 25 km. Vers -2700, la densité de population était peut-être cent fois plus faible qu'à notre époque (*). Cela signifie que le territoire d'un village de 50 habitants était, en moyenne un carré de 5 km de côté. Pour aller rendre visite à son cousin de Charavines, un habitant de Boffard pouvait être amené à traverser 5 territoires différents. (*) c'est une simple supposition, J.N. Biraben (2004) estime la population européenne de l'an -4000 à 2 Millions d'unités 29b. |
D'une façon générale, les lacs périalpins permettent de suivre l’évolution de la civilisation, des techniques, de l’économie et de l’environnement comme aucune autre région d'Europe. Les villages, établis en terrain humide sur les rivages pendant plus de 4000 ans, depuis le Néolithique jusqu’au début de l’Age du Fer en passant par l’Age du Bronze, constituent aujourd’hui des documents archéologiques dont l'état de conservation est parfois exceptionnel. Ils permettent de retracer l’apparition de ces habitats, les progrès des techniques agricoles, l’augmentation des variétés de plantes cultivées, l’histoire de la domestication des animaux.30
Les vestiges néolithiques des sites de Boffard et du
Gojat ont été trop endommagés par l'érosion pour pouvoir rendre
compte à eux seuls du mode de vie des anciens habitants, même si
des fouilles plus extensives étaient entreprises. Pour autant, nous
disposons de suffisamment d'éléments pour croire qu'en ce 27e
siècle av J.-C., il n'y avait pas de différences majeures entre les
modes de vie autour des deux lacs. Les
contextes environnementaux sont assez semblables : avec une
altitude de 492 m pour Paladru et 374 m pour Aiguebelette, les
pratiques agricoles, tant pour l'élevage que pour les cultures
devaient être assez similaires. D’un
point de vue culturel, et compte tenu de la situation géographique
des sites, il n'est pas exclu que
Charavines ait pu être davantage influencé par des courants
méridionaux et qu'Aiguebelette fut plus proches des sites
du Jura ou
du Plateau suisse.31 .
Des pieux très solides servant à la fois de fondation et d'armature, supportant les poutres, les toitures ainsi que les murs, tel était le principe de construction des maisons édifiées sur les plages de nos lacs. Nous verrons plus loin de quels outils les bûcherons disposaient pour abattre des arbres, les ébrancher. Coupé en forêt à la longueur nécessaire, les troncs étaient ensuite portés à bras d'hommes jusqu'au village, mais la forêt pouvait être dans le voisinage immédiat du village. Imaginons un poteau de 8 m de long et de 12 cm de diamètre. Sa section était d'abord aplanie à la hache. De façon surprenante, l'enfoncement s'en trouvait facilité, car les néolithiques mettaient à profit la « thixotropie », cette particularité des sols qui ressemblent à des sables mouvants de se ramollir sous un effet de cisaillement. A condition qu'on le fasse tourner, le poteau pénétrait facilement dans un sol qui se liquéfiait littéralement sous l'effet de la pression. Lorsque le pieu est enfoncé de trois ou quatre mètres, on arrête le mouvement tournant et le pieu devient complètement bloqué et il est même impossible d'extraire le pieu
Abattage d'un
l'arbre avec une hache à Silex.
(Houot) |
Extrémité
inférieure de pieu aplatie
(Bocquet) |
Mise en place
et enfoncement des pieux par Rotation. |
(Papet) |
Construction de la maison et reste de corde trouvé dans les fouilles (Houot) |
Une fois les pieux enfoncés, poutres d'un diamètre inférieur (8-10 cm) et chevrons encore plus petits (5-6 cm) complétaient la structure et soutenaient une toiture végétale faite d'écorces, de branches et de roseaux. On trouve quelques assemblages selon la technique tenon-mortaise, mais la ligature, c'est-à-dire l'assemblage avec des cordes était prédominante.
Les murs étaient formés de végétaux, sans aucune adjonction d 'argile des baguettes verticales d'espèces flexibles, comme le viorne, le houx ou le noisetier formaient des entrecroisements pour maintenir des herbes et des mousses qui rendaient les parois étanches au vent et à la pluie.
Typiquement, les maisons étaient de forme rectangulaire, de 5 à 10 m de long, pour quatre mètres de large, comportant une pièce unique, mais avec éventuellement l'adjonction d'un auvent, à l'est. Le foyer placé dans la pièce d'habitation est constitué d'une masse d'argile déposée à même le sol et dont le but est d'isoler le feu de tous les éléments végétaux voisins.32
Pratique de l'écobuage (Papet) |
Bien qu'on ait la preuve que dans certaines régions, l'araire, ancêtre de la charrue tirée par des bœufs avait déjà été inventée vers -3000, elle n'était pas très pratique pour travailler le sol dans les conditions de l'écobuage, c'est-à-dire avec un grand nombre de racines qui avaient été laissées dans le sol si bien que dans la pratique, nos agriculteurs du 26e siècle ne disposaient que de la pioche en bois pour travailler le sol. Autant dire qu'il ne s'agit pas de labour, mais de sarclage, les sillons creusés ne sont pas très profonds et dans ces conditions les sols perdent leur fertilité au bout de quelques années. Les hommes laissent alors la forêt reconquérir le bout de terre qui avait été mis en culture et abattent les arbres d'une forêt voisine. Lorsque toutes les terres cultivables d'un même secteur ont ainsi été exploitées, les habitants migrent vers un autre terroir. C'est ainsi que les villages sont abandonnés vingt cinq ans environ après leur construction, mais un retour est possible, plusieurs dizaines d'années plus tard, lorsque la forêt ayant repris sa place a pu régénérer le territoire.
Bois de cerf |
Outil pour pioche réalisé avec le bois du cerf |
Une branche de frêne en emmanchant dans du bois de cerf. |
Utilisation de la pioche pour travailler le terre (Dessins Houot) |
Si le bois de cerf et le frêne sont utilisés pour la fabrication de la pioche, c'est le silex qui reste le matériau de base pour fabriquer l'outil de coupe nécessaire à la moisson des céréales.
Couteau à
moissonner. La corde permet une meilleure prise en main. (Houot)
|
Moissonneur à
l'ouvrage
(Houot)
|
Que cultivaient-ils, dans leurs champs encore parsemés de souches ? Ces cultures ont laissé des traces sous forme de graine dans les sédiments du village et sous forme de pollen dans les tourbières voisines : blé, orge, pavot, lin. Trois espèces de blé ont été relevées, dont la plus abondante est l'amidonnier, mais aussi l'engrain, autre espèce ancienne, et le blé tendre qui est l'espèce la plus répandue à l'époque contemporaine. Le lin n'était pas cultivé pour son huile, non comestible, mais pour ses fibres textiles. Curieusement les graines de coqueret, aussi connues sous le nom de physalis ou « amour en cage » sont tellement abondantes qu'il y a lieu de croire que cette plante a aussi été cultivée.
Travaux agricoles vers 2700 av. JC (Houot)
En plus de l'agriculture, la cueillette fournissait une bonne part de la nourriture végétale des habitants des villages : pommes, noisettes, petits pois, bogues de hêtre, prunelle, et dans une moindre mesure, noix, pigne de pin arole, fraise, carottes. Les pommes étaient probablement conservées coupées et séchées. Les pins aroles ne se développant qu'en altitude, on peut penser que ces friandises étaient rapportées d'excursions en Chartreuse.
La viande constituait une bonne partie des repas des habitants des lacs savoyards. En se basant que les déchets osseux qui avaient été récupérés à l'emplacement de villages dont on connait la durée d''occupation, les archéologues de Charavines se sont risqués à donner un chiffre approximatif d'une ration de viande de 80 g par jour et par habitant. Si l'on peut donner la liste des espèces consommées : cerf, mouton, chèvre bœuf, porc et sangliers, il n'est pas toujours possible de déterminer s'il s'agit d'un produit de l'élevage ou de la chasse, car il n'est pas possible de distinguer le porc du sanglier, et l'abondance de cerf laisse la question ouverte de savoir s'il s'agissait d'une véritable chasse industrielle ou d'un élevage. Toujours est-il que l'élevage était bien une activité et une ressource substantielle, avec une prédominance du porc dont la survie pendant l'hiver pose moins de problèmes que le bœuf, présent, mais rare, et dont l'analyse des excréments montre qu'ils se nourrissaient l'hiver non pas de foin, mais plutôt des branchettes et des feuilles. Les troupeaux sont maintenus dans des enclos, et ne circulent pas entre les maisons. 33
Les bœufs, les porcs, les moutons et les chèvres fournissaient de la viande, mais on utilisait aussi leurs os et d’autres matériaux comme les cornes, les peaux et les tendons. Contrepartie de cette domestication animale, les bêtes sont fortement parasitées, notamment par le Tichburis, un ver qui infeste surtout le porc, mais aussi les bœufs, les chèvres, les moutons et les chiens.
Il n'est pas possible de dire si les riverains du lac d'Aiguebelette se nourrissaient de fromage : la fabrication de fromages est démontrée à Clairvaux, dans le Jura, mais elle ne l'est pas à Charavines, encore qu'elle ne soit pas exclue.
La densité de population humaine étant encore faible, on imagine bien que le gibier prolifère dans les forêts avoisinantes, que ce soit les jachères où les forêts qui s'étendent sur des terrains trop pentus pour être cultivés. En plus des ossements d'animaux, on a retrouvé du matériel de chasse, arcs et flèches. L'if constitue le bois idéal pour fabriquer un arc. Sous les falaises du Mont Grelle, on trouve encore une forêt primaire d'ifs, et on peut imaginer que les chasseurs qui connaissaient bien la montagne allaient s'y approvisionner. Quant aux flèches, elles étaient fabriquées avec une tige en bois et un embout en silex à la fois emboîtée dans la tige avec un système d'encoche et collée avec du brai, une colle obtenue en distillant des écorces de bouleau.
Fabrication
d'un arc en if
(dessus, dessin Houot, droite, Photo Bocquet) |
Fabrication d'une flèche (dessin Houot et photo Bocquet) |
La présence sur le même site d'arcs et de flèches d'une part et d'ossements de cerfs d'autre part n'implique pas forcément que le gros gibier ait été chassé avec des flèches. On peut imaginer que toutes sortes de piégeage aient aussi été mises en œuvre.
Les eaux poissonneuses du lac d'Aiguebelette fournissaient probablement un bon complément d'alimentation. On n'a pas encore retrouvé de restes de pirogue à Aiguebelette, mais on en a retrouvé à Paladru. Difficile de savoir si la pêche était pratiquée à la nasse ou au filet.
Dans chaque maison, il y avait une grosse meule pesant jusqu'à cent kilos. Cette meule permettait de moudre les grains de céréales et de confectionner des sortes de galettes, moulées dans une vannerie, puis cuites sur des plaques de schiste ou de molasse posées sur des braises.
fabrication
de la meule
(Houot) |
La meule et son broyeur (Bocquet) |
Moudre
les grains
(Houot) |
Cuisson
des galettes
(Houot) |
(Houot) |
Si les galettes étaient cuites sur des plaques ou sous la cendre, les légumes et peut-être la viande nécessitaient une cuisson à l'eau. Les poteries en argile n'étaient pas assez bien cuites pour supporter directement la flamme ou même les braises. On utilisait par conséquent des pierres de chauffe, plus précisément des galets de quartzite chauffés à blanc sur les braises et plongés ensuite dans le récipient rempli d'eau34 (Houot) |
Le dessinateur André Houot a reconstitué quelques scènes d'intérieur où l'on voit des femmes s'affairer à diverses tâches ménagères. Étaient-ce bien les femmes qui faisaient la cuisine ? L'archéologue n'a pas d'élément pour le prouver, c'est à l'anthropologue qu'il faut poser la question.
On sera peut-être surpris d'apprendre que l'archéologue peut nous renseigner sur certaines aspects anthropologiques : il a été prouvé que dans une seule maison vivaient plusieurs générations. Un village de quatre habitations était vraisemblablement la réunion de quatre clans. La couleur des cheveux représentés sur les dessins ne sort pas de l'imagination du dessinateur : sur 11 cheveux retrouvés à Charavines, dix étaient châtains et un blond, caractères attribués à ce que nous appelons le type « caucasien ». Ceux qui portaient ces cheveux descendaient donc de la vague de peuplement partie de la Mer noire dés la IVe millénaire et qui ont migré vers l'Ouest en passant par l'Europe Centrale.35
Nos ancêtres du néolithique ne savaient certainement pas comment télécharger le dernier tube à la mode pour en faire la sonnerie de leur portable, mais l'étendue de leur savoir faire, sans aucun recours à la métallurgie, est impressionnant. Il existe des livres de vulgarisation qui y consacrent plusieurs centaines de pages. Nous ne pouvons ici qu'en donner un aperçu très parcellaire.
Pour construire les maisons, la hache était l'outil de base. La plupart des haches étaient simplement constituées d'une lame coupante en pierre polie et d'un manche de frêne ou d'érable, longs de 60 à 80 cm, et taillés en laissant une tête assez grosse pour qu'une mortaise carrée ou rectangulaire puisse y être creusée, mortaise qui recevra à son tour la lame polie confectionnée en silex, roche verte, diorite ou aphanite. Certaines haches haut de gamme comprennent en plus une gaine en bois de cervidé placée pour amortir les chocs entre le manche et la lame en pierre.
Hache
à emmanchement indirect, à gaine en bois de cerf La
lame polie est enfoncée en force dans la cavité de la gaine et
le tenon de la gaine inséré dans la mortaise du manche
(Houot) |
Tissage Si
les peaux de bêtes étaient utilisées pour l'habillement et
notamment pour les chaussures, les hommes et femmes vivant autour
du lac vers l'an -2700 étaient portés des vêtements tissés, et
l'artisanat textile avait atteint un bon niveau, intégrant le
filage et le tissage. S'il est avéré que le lin était cultivé,
toutes sortes d'autres fibres pouvaient également être
utilisées:orties, teille des écorces de chêne et de tilleul,
feuilles de roseaux.(Dessins Houot) |
D'un intérêt particulier pour la lac d'Aiguebelette, la pirogue monoxyle a été le premier moyen de transport des habitants des palafittes. longues d'une dizaine de mètres, les embarcations de ce type n'étaient pas forcément réservées à la pêche. (Houot)
|
(Les
roues qui équipaient des
charrettes à deux roues tirées par des bœufs sont
apparues à partir de -3400, mais le moyen de transport de
marchandises le plus usuel reste le travois (dessin ci-contre),
probablement fallait-il pour que les charrettes à roues se
répandent, que les voies de communication soient à la hauteur. (Houot) |
Que les hommes du Néolithique aient disposé d'un savoir-faire multiforme avec une large panoplie de techniques leur permettant de fabriquer les outils nécessaires pour se nourrir, se vêtir et construire des habitations n'implique pas que les villages vivaient en complète autarcie.
Avant l'avènement de la métallurgie, le silex était, nous l'avons vu, un des matériaux de base de la panoplie du bricoleur néolithique. On trouvait du silex un peu partout, mais il y a silex et silex. Les silex de Touraine étaient d'une qualité qui permettaient de tailler des lames de poignard, ce qui a généré au Grand-Pressigny, dans la région d'extraction des silex, un artisanat de luxe qui a exporté des poignards à des centaines de kilomètres. Les poignards que l'on a pu retrouver sur les sites palafittiques français, des Alpes ou du Jura proviennent de cette origine. Pour les outils plus bas de gamme, nos néolithiques pratiquaient massivement le recyclage : les silex gris, de piètre qualité, mais que l'on trouvait un peu partout, étaient retaillés après usure pour une nouvelle utilisation. La préférence régionale n'était pas nécessairement de mise, on n'a pas retrouvé à Charavines de silex provenant des ateliers du Vercors pourtant assez voisins. Les différentes variétés de jade proviennent de divers lieux d'extraction, de l'autre côté des Alpes36. A Chalain et à Claivaux, dans le Jura, on a également retrouvé des haches polies en jade datant du IVe millénaire et provenant des carrières du mont Viso, au nord-ouest de Turin, à 2000 m d'altitude37.
Pour pouvoir échanger, il faut pouvoir importer, mais aussi exporter. A Charavines, on a retrouvé une telle quantité de cuillères en bois qu'il y a lieu de croire que cette production dépassait de loin les besoins du village et qu'elle était donc destinée à l'export. Le colportage lointain coexistait avec une diffusion plus informelle, de village à village. Les objets de luxe, perles en cuivre ou en ambre de la Baltique, pendeloques en serpentine, ont été retrouvé en exemplaires uniques et semblent donc découler d'un effet d'aubaine. Il n'empêche que l'ensemble de ces échanges implique l'existence de nombreux réseaux de communication qui traversaient l'Europe de l'Ouest sur de longues distances, dans toutes les directions38.
A l'intérieur d'un même village, on peut se demander quelles activités étaient menées à l'échelon individuel ou familial et quelles étaient celles qui relevaient d'une pratique communautaire. La chasse au cerf, comme la cuisson des poteries, ou le défrichage, relevaient nécessairement de la communauté. Par contre l'élaboration de chaque poterie était une affaire plus familiale, selon une tradition transmise de génération en génération. Bien des questions demeurent ouvertes, les cueilleurs, par exemple, travaillaient-ils pour eux seuls ou pour tous ? les lopins de terre étaient-ils cultivés à l'échelon individuel ou collectif ? Quel était le niveau de spécialisation pour toutes les productions, silex, bois, filage, tissage, effectuées au niveau local ?39
Inévitablement, après les questions touchant les techniques et les échanges, se posent celles touchant à l'organisation sociale et politique : Y avait-il un chef de village, un potentat local ? comment était assurée la sécurité des villages ? cela fait beaucoup de questions auxquelles il ne sera pas apportée de réponses précises, mais simplement une observation générale. Les installations sur les sites de Boffard et du Gojat précèdent de deux siècles seulement les célèbres pyramides de Gizeh. Pour être plus précis, elles sont contemporaines de la IIIe dynastie égyptienne qui avait établi sa capitale à Memphis et dont les vestiges dont nous présentons quelques exemples ci-dessous sont révélateurs de l'existence d'un état avec un pouvoir fort.
Pyramide de Djéser, -2600 (Dom. Pub.) | Gouverneur Metjen, -2600 (Dom. Pub.) |
Indubitablement, nos ancêtres de l'Avant-pays savoyard n'avaient pas la même forme d'organisation politique qu'en Égypte. Aimé Bocquet note que dans les régions de la Méditerranée orientale, favorisées par le climat et les ressources naturelles, les contraintes naturelles de l'environnement s'avèrent très différentes de ce qu'elles peuvent être en Europe de l'Ouest. Avec le Nil qui, chaque année, apporte gratuitement son limon, sans qu'il soit besoin de renouveler les sols. Dans ce contexte se met en place un système social fortement hiérarchisé ou le surplus de ressources agricoles permet le développement de villes et ou une administration peut gérer les stocks nécessaires pour nourrir les populations urbaines. Cette accumulation de richesses aurait généré des convoitises à l'origine de conflits développés à l'échelle des puissants états qui s'étaient constitués41.
Par opposition, dans l'Europe tempérée, dans les régions considérées comme barbare par les civilisés d'alors, les petites communautés rurales adaptées au défrichement des territoires auraient développé une société plus égalitaire. Toujours selon Bocquet, dans un tel contexte, une hiérarchie contraignante n'avaient pas sa place, et si on ne peut exclure qu'à Boffard certains étaient plus égaux que d'autres comme tendraient à le suggérer certains objets de prestige, s'il y avait un chef, ou, pourquoi pas une chef, celui-ci (celle-ci) n'était pas à la charge de la communauté.
Cette vision bucolique doit-elle être tempérée par l'évocation des Mégalithes qui ont éclos dans cette même Europe occidentale ? Les 4000 menhirs de Carnac, pesant chacun plusieurs tonnes, ont-ils été transportés et alignés démocratiquement au IVe millénaire ? Les savoyards ne peuvent pas balayer cette objection sur le mode « ils sont fous ces Bretons ! ». A Lutry, sur la rive nord du lac Léman, on peut visiter un alignement certes plus modeste que celui de Carnac, mais quand même riche de 23 menhirs vraisemblablement dressés entre -4500 et -4000.
André Houot, (extrait du "couteau de pierre)
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1Voir les recensements sur les sites de l'EHESS et de l'INSEE ou tout simplement wikipédia.
2Jean Maret et Michel Tissut, L'aventure des tuiliers en Avant-pays savoyard, FAPLA, 2008
3Recensement agricole 2010 (http://agreste.agriculture.gouv.fr/enquetes/structure-des-exploitations-964/recensement-agricole-2010/resultats-donnees-chiffrees/)
4Michel Tissut, Pour l'amour d'un lac, FAPLA, 1987
5 Pierre Bintz et al, La fin des Temps glaciaires : paléoenvironnement de l'Homme dans les Alpes du Nord. Edition A.
Carrier et F. Dibon, CRDP de Grenoble, 2007
6Graphique de Glen Fergus, CC BY-SA, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:All_palaeotemps.svg
7Voir en fin de brochure, une annexe sur les outils de l'Archéologie.
8Céline Bressy, Caractérisation et gestion du silex des sites mésolithiques et néolithiques du nord-ouest de l’Arc alpin. Une approche pétrographique et géochimique, Thèse de Céline Bressy,. Université Aix-Marseille I, juin 2002, p.155-1612.
9Pierre Crotti, Christophe Cupillard, Le Mésolithique du Jura, 2013
10Aimé Bocquet, les Alpes du Nord à la fin du Néolithique, dans le numéro 199 des dossiers de l'archéologie « Charavines, il y a 5000 ans », décembre 1994..
11Brochure de l'UNESCO, Candidature au Patrimoine mondial de l'UNESCO, « Sites palafitiques préhistoriques autour des Alpes ». La carte est de H.Schlichtherle. On peut télécharger la brochure sur le site www.palafittes.org/
12Photo José-Manuel Benito Álvarez, Domaine public
13Photo Anagoria, CC BY-CA
14MARGUET (A.), avec la collaboration de BILLAUD (Y.) et MAGNY (M.), Le Néolithique des lacs alpins français. Bilan documentaire, dans : Chronologies néolithiques. De 6000 à 2000 avant notre ère dans le Bassin rhodanien. Actes du Colloque d'Ambérieu-en -Bugey 19-20 septembre 1992. Documents du Département d'Anthropologie de l'Université de Genève, n°20. Ambérieu-en-Bugey, Société Préhistorique Rhodanienne, 1995, p.167-196.
14b Jean-Pierre Blazin, La Grotte des Sarradins, dans Préhistoire et environnement autour du lac d'Aiguebelette,
JJ.Millet dir., FAPLA, 2015
15Louis SCHAUDEL, la station néolithique du lac d'Aiguebelette, dans Quatrième congrès préhistorique de France, Chambéry, 1908, pp.537-546. (article en lifne sur le site de la FAPLA)
16Jean-Pierre Blazin, un site palafittique du lac d'Aiguebelette classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, Mnemosyne n°15, 2013
17MARGUET (A.), 2003. Savoie. Lac d'Aiguebelette. Élaboration de la carte archéologique des gisements du lac d'Aiguebelette, Dans : Bilan scientifique 1998 du DRASSM, n°26, p.96-110
18La carte bathymétrique du lac d'Aiguebelette est une adaptation de Delebecque (1898), pare Michel Tissut et EdC ( CC BY-SA).
19D'après Alp-Photo, Pont-de-Beauvoisin
20http://www.isere-tourisme.com/patrimoine-culturel/musee-archeologique-du-lac-de-paladru
21Carte tirée de la brochure de l'UNESCO
22Brochure de l'UNESCO
23André Marguet et Jean-François Pinningre, Historique de l'archéologie et la question palafittique, Dossiers d'archéologie n° 355, 2013
24Pierre et Anne-Marie Pètrequin, Pourquo les palafittes ? Des villages dans un milieu répulsif Dossiers d'archéologie n° 355, 2013
25Voir l'annexe sur les outils de l'Archéologie.
25b Jean Combier, Circonscription de Grenoble, Savoie, dans Gallia préhistoire Tome 4, 1964, pp.339-314.
26A.Marguet, 2003, Elaboration de la carte archéologique..., déjà cité.Voir aussi A. Marguet , avec la collaboration de Y.Billaud et M.Magny, 1995.Le Néolithique des lacs alpins français. Bilan documentaire. Voir aussi A.Marguet et P-J. Rey, 2007, Le Néolithique dans les lacs alpins français : un catalogue réactualisé.
28A.Marguet, 2003, Elaboration de la carte archéologique..., déjà cité.
29Aimé Bocquet, Les dossiers d'Archéologie n°199, 1994, p.24-29
29b J.-N. Biraben - "L'histoire du peuplement humain des origines à nos jours" chapitre 66 de L'Histoire du peuplement et prévision, 5e volume du Traité Démographie : Analyse et synthèse, sous la direction de G.Caselli, J Vallin et G.Wunsch, Paris, Edition de l'INED, 2004. p.9-31
30Brochure de l'UNESCO
31Communication privée avec André Marguet, juillet 1014.
32Dossiers d'archéologie n°199, p.10-35
33Dossiers d'archéologie n°199
34Dossiers d'archéologie n°199
35Dossiers d'archéologie n°199, p.35
36Dossiers de l'Archéologie n°199, p.37 et p.41, Aimé Bocquet, Les oubliés du lac de Paladru, La Fontaine de Siloé, 2012, p. 132-134
37Pierre Pétrequin, Les échanges à distance, Les Dossiers d'Archéologie n°355, 2013
38Bocquet, 2012
39Bocquet, 2012
40DP=Domaine publique
41Bocquet, Les dossiers d'archéologie n°199, p.90
42André Houot, Le couteau de pierre, Fleurus, 1987