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LE HAMEAU DU VILLIERS (Villebon/Yvette)
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Duclos avait emménagé dans un appartement de l'avenue de la porte de la Plaine à la fin de l'année 40. Il y vivait dans
le secret, le locataire officiel étant Victor (Gustave Guéhenneux), Gilberte
Duclos, teinte en rousse, était la petite amie de Victor, et Mounette
,
toujours très présente, la cousine de Victor. Le départ de l'appartement dut
s'effectuer selon une manoeuvre quelque peu précipitée, avant que son point de
chute final ne fut réellement prêt. En effet, Arthur
avait
demandé à Georges Beaufils
de
rechercher un appartement du coté de la Porte d'Orléans répondant aux normes
de sécurité classiques. Il était prévu que les Beaufils partagent
l'appartement avec les Duclos. L'épouse de Georges avait trouvé quelque chose
dans le 14ème qui semblait convenir. Gilberte, accompagnée de Mounette, était
venue visiter les lieux, mais l'arrestation de Mounette et de Gabriel Péri
annula le projet, d'autant que l'homme par qui le malheur était arrivé, un
certain Armand, connaissait la nouvelle adresse des Beaufils. Un jour du mois de
juin, le quartier de la porte de la Plaine avait été investi une journée entière
par les agents de la Gestapo. Dès que la police se fut retirée, Arthur procéda
au transfert immédiat de Duclos vers Bourg-la-Reine chez les camarades Aimé et
Blanche Voisenet
, un
couple de militants ayant largement dépassé la cinquantaine. Le séjour à
Bourg-la-Reine dura près de six mois, aux termes desquels les Voisenet achetèrent
en leur nom propre, ou plus exactement, sous celui de Blot, une demeure assez
spacieuse, "L'Oasis" avec un vaste parc, sise au Hameau de Villiers,
sur la commune de Villebon.
"Il y avait attenant au pavillon un jardin et un bout de terrain planté
de grands chênes et de quelques sapins, mais en plein jour, je ne pouvais
sortir que dans un coin du jardin sans courir le risque d'être vu de l'extérieur...
C'était en quelque sorte le retour à la terre préconisé par Pétain, mais
pour des objectifs bien particuliers."
En 1995, ceux qui cherchent le Hameau en venant du centre ville doivent
d'abord trouver un passage au-dessus de la bretelle de l'autoroute. Si par
contre, ils viennent de Saux-les-Chartreux ou de Longjumeau, il leur faudra se
glisser sous les multiples lignes Haute Tension qui convergent vers le centre de
distribution de Villejust. Ajoutons qu'à cinq kilomètres à vol de Boeing, l'aéroport
d'Orly dont la piste principale s'aligne sur le hameau, manifeste chaque minute
sa présence vrombissante. Il manque juste une ligne de TGV, pensez-vous ? Et
bien non, la ligne de TGV Atlantique est enterrée entre Massy et Janvry sauf précisément
sur un tronçon de 500 mètres où elle émerge à quelque 300 mètres au
Nord-Ouest de la villa Oasis.
En 1942, Villiers ne portant pas encore ces stigmates d'un environnement
dégradé, le séjour des Duclos ne fut pas pollué par ces scories de notre
civilisation. Le hameau regroupe une vingtaine d'habitations, arrangées sur
quatre rues, au milieu d'une zone maraîchère vallonnée. Une zone boisée,
coulant du plateau de Villejust, vient lécher l'arrière du parc, offrant une
sortie discrète en cas de nécessité. On ne saurait parler d'un château, mais
presque d'un petit manoir, pour cette maison, vieille de plusieurs siècles,
située tout au bout de la route du Plan, dont
le principal inconvénient est de donner directement sur la rue, ce qui ne va
pas précisément dans le sens de la discrétion. Le mur qui clôture la propriété
n'est pas assez élevé pour qu'on puisse se sentir tout à fait à l'abri des
regards extérieurs, ou autrement dit, pour qu'un Duclos puisse batifoler
librement. Il n'y a dans le jardin que quelques zones sures, protégées par la
maison, mais il est interdit à Duclos de profiter de la tonnelle où il doit
pourtant être bien agréable de travailler à la belle saison.
Le rez-de-chaussée est principalement occupé par la cuisine, une vaste
salle à manger, un office et une véranda; l'étage est assez grand pour loger
relativement confortablement toute la communauté. En plus d'une salle de bains,
une chambre et un bureau pour les Duclos, une chambre pour les Voisenet
, une
chambre pour Victor et enfin, une chambre d'ami souvent occupée par Raph ou
Frachon. Autour de la maison, le parc est arrangé en jardin d'agrément, la
tonnelle au Sud, l'allée qui conduit sur la route, au Nord, un vague potager à
l'Ouest, le reste, au moins aussi vaste que le parc de Frachon est boisé de chênes
et de sapins, nous raconte Duclos dans ses mémoires. De nos jours, les deux
essences coexistent encore dans les quatre lots entre lesquels la propriété
fut ultérieurement divisée.