Illustrations | Le Hurepoix | Les communistes sous l'occupation | La direction du PCF dans la clandestinité | accueil Site EdC |
FORGES-LES-BAINS
A Voir Aussi | |
C'est Colette qui avait trouvé la maison de L'avenue du Valménil, mais
Arthur
Dallidet
avait dû suggérer à Colette d'aller écumer les agences immobilières du coté
de Limours, car on a du mal à croire que c'est par le seul hasard que les
Rocheteau alias Tillon élurent domicile à moins de trois kilomètres du
"tonton" Frachon. En vertu des règles de sécurité, Charles devait
ignorer l'adresse de son camarade Benoît, niché à Forges-les-Bains, sur la
route de Briis, mais il se pliait d'autant plus volontiers à ce règlement
draconien que lui-même avait été le premier, on s'en souvient, à l'instaurer
dans la région de Bordeaux quand il en était le responsable.
De Limours, on doit suivre la vallée de la Prèdecelle, modeste ruisseau
qui s'écoule à l'ombre du bois de Limours, et quelque deux kilomètres plus
loin, on bifurque sur la droite, à travers champs pour bientôt déboucher sur
l'église de Forges dissimulée derrière un mamelon. Forges-les-Bains porte
dans son nom la trace des établissements balnéaires créés à la fin du siècle
dernier pour soigner les scrofuleux, mais renforçant, à coup sûr l'aspect
longiligne de l'agglomération qui s'étire sur plus d'un kilomètres le long
d'une route Est-Ouest reliant Briis à Angervilliers. Comme pour les autres
communes du Hurepoix que nous avons traversées, on note encore le caractère à
la fois agricole et bourgeois d'un village à qui la proximité de Limours fait
ombrage, ne laissant s'épanouir que le commerce minimum, une boulangerie et un
café-épicerie qui centralise la vie sociale comme dans tant d'autres communes
de la campagne. Probable conséquence des établissements balnéaires, en tous
cas, avantage indéniable pour le voisinage, le docteur Bizot
, un bien
brave homme, tient son cabinet tout à coté du café.
Raph s'est occupé de tout pour mettre à la disposition de Frachon la
villa "Les Roses", au 56 route de Briis, maintenant rue du Docteur
Babin. C'est l'avant dernière maison du village. Pavillon en meulière à peine
plus grand que celui de Tillon à Limours, la villa est construite sur deux
niveaux. Par suite de la déclivité du terrain, le niveau du bas qui comprend
une cuisine, une salle et une petite cave coté rue, donne directement sur le
jardin, alors qu'une sorte de perron sur le coté de la maison donne accès
directement à l'étage supérieur où sont aménagées trois chambres. A l'arrière
de la maison, un long jardin bordé de peupliers. Une centaine de mètres de
profondeur sur quarante mètres de large, il aurait fait le bonheur d'un Victor
Covelet
, mais
Frachon n'a pas opté pour la vie en communauté avec un couple de "bons
camarades". Peut-être la cohabitation avec Eugène Le Moign
lui
a-t-elle pesé? En tous cas, Benoît est un solitaire. Sa femme aura juste
fait une apparition au moment de l'emménagement avant de s'éclipser dans la
Loire. Par la suite, toutefois, des militantes se relaieront pour décharger
Benoît des tracas du ménage.
Voisine immédiate de la villa "Les Roses", au 58 route de
Briis, Madame Pelletier vit avec sa petite fille adoptive Maria, qui avait
treize ans en 1941. De l'autre coté, vers le village, un certain monsieur
Delmas possède au 52 une demeure cossue dans une belle propriété. A Forges,
la distinction selon l'origine s'opère naturellement, on parle de la "Mère
Pelletier" mais de "Monsieur Delmas". Monsieur Delmas, originaire
du Sud-Ouest a un grand fils, Jacques, brillant inspecteur des finances, mystérieusement
disparu de la circulation en 1943, mais qui réapparaîtra à la fin de la
guerre sous le nom de Chaban
. La
Maman de Maria travaille comme gouvernante dans une maison bourgeoise du village
réquisitionnée par les allemands. Comme on sait, les militaires allemands
cherchent à se montrer très corrects, parfois ils rendent visite à la voisine
de Frachon, comme ce jour où ils vinrent célébrer l'anniversaire de Maria
avec un superbe gâteau aux pommes de terre de leur confection.